
Après des heures de chaos, la situation s’améliore : ce mardi à 00h30, plus de 60 % de l’électricité était de nouveau disponible en Espagne continentale. Si la péninsule ibérique commence à sortir de l’ombre, l’origine de cette gigantesque panne, survenue lundi en Espagne et au Portugal (et même brièvement dans le sud-ouest de la France), qui a paralysé transports, communications et infrastructures reste un mystère.
« Nous ne pouvons pas spéculer pour l’instant sur les causes », a averti Eduardo Prieto, responsable du gestionnaire de réseau espagnol REE, rapporte La Dépêche. De son côté, le Premier ministre Pedro Sánchez a convoqué une « réunion extraordinaire du conseil de sécurité national » dès 15 heures et a appelé les habitants à « s’informer par les canaux officiels » pour éviter la propagation de fausses informations.
Des variations extrêmes de température ?
Les premiers éléments semblent pointer un dysfonctionnement du réseau de transport d’énergie, comme l’a indiqué Antonio Leitao Amaro, ministre porte-parole du gouvernement portugais, cité par l’AFP. Selon lui, « il s’agirait apparemment d’un problème dans le réseau de transport dont la cause est encore à identifier, apparemment en Espagne ».
Cette hypothèse climatique est également soutenue par le Premier ministre portugais, Luís Montenegro, relayé par La Dépêche, qui évoque des « variations extrêmes de température » susceptibles d’avoir provoqué une déstabilisation du réseau électrique. Le gestionnaire portugais REN parle même d’un « phénomène atmosphérique rare » responsable d’importantes oscillations sur les lignes à très haute tension.
La piste d’un incendie rapidement écartée
Une autre hypothèse a émergé dans les premières heures : un incendie survenu dans le sud-ouest de la France, sur la montagne d’Alaric, aurait pu endommager une ligne haute tension reliant Perpignan à Narbonne, causant des perturbations en chaîne, selon El Periódico.
Mais cette piste a été formellement démentie par RTE, gestionnaire du réseau français, dans des propos recueillis par La Dépêche. « L’origine de l’incident reste à déterminer et aucun incendie n’a été signalé entre Perpignan et Narbonne. Il s’agit d’une fausse information », a précisé l’entreprise française.
Une cyberattaque ? Prudence des autorités
Le spectre d’une cyberattaque a également été évoqué. Toutefois, « il n’y a pas d’indication d’une cyberattaque à ce stade », a affirmé Antonio Costa, président du Conseil européen, sur X. Par précaution, l’Institut national de cybersécurité espagnol (INCIBE) a ouvert une enquête, épaulé par le Centre national de cryptologie, lié aux services de renseignement espagnols.
Selon le quotidien La Razón, l’Espagne figure aujourd’hui parmi les cibles privilégiées des cyberattaques en Europe, en raison de ses positions diplomatiques sur les conflits en Ukraine et à Gaza. L’énergéticien portugais EDP a également indiqué suivre cette hypothèse, bien qu’aucune preuve tangible ne vienne pour l’instant l’étayer.
Un mystère toujours entier
Malgré les efforts pour rétablir la situation, l’origine exacte de la panne reste à déterminer. « Nous n’avons toujours pas d’informations concluantes sur les causes », a conclu Pedro Sánchez. « Aucune hypothèse » n’est « écartée », a-t-il martelé. « Jamais » il n’y avait eu un tel « effondrement » du réseau espagnol, précisant que « 15 gigawatts » d’électricité avaient été « soudainement perdus » sur le réseau espagnol, le tout « en à peine cinq secondes ».
Notre dossier sur l’électricité
Son homologue portugais Luis Montenegro, qui a dit dans la soirée espérer que la situation serait réglée dans son pays « au cours de prochaines heures », a de son côté évoqué une « situation grave et inédite » dont l’origine est à trouver « probablement en Espagne ». Les autorités espèrent que les prochaines heures permettront d’éclaircir ce qui a provoqué l’une des plus grandes coupures d’électricité de la péninsule ibérique de ces dernières années.