L’équipementier MMT-B reçoit 300 000 euros d’argent public malgré un plan social massif


C’est une annonce qui risque de tendre encore un peu plus les négociations sociales prévues le 7 mai prochain entre les syndicats et la direction de l’usine MMT-B (Manufacturing the Mobility of Tomorrow in Bordeaux), située à Blanquefort. Alors que le site girondin, spécialisé dans la fabrication de boîtes de vitesses, s’apprête à supprimer 193 postes sur 420 salariés, il vient de recevoir une aide publique de 300 000 euros. Une subvention qui tombe dans un climat social déjà très dégradé.

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France Nation Verte

Cette subvention est versée au titre du fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires, dans le cadre du programme France Nation Verte qui dépend du Premier ministre. En l’occurrence, il s’agit de contribuer à la diversification de l’usine vers les voitures électriques et à des investissements qui doivent « réduire la consommation d’électricité de 80 % par rapport à la ligne existante (jusqu’à 1,7 gigawattheure (GWh) économisés par an) ainsi que la consommation d’eau de 400 m3 par an », selon le communiqué de l’État.

« Comment est-ce possible de verser 300 000 euros d’argent public à une entreprise qui laisse près de 200 salariés sur le carreau ? », déplore pourtant Régis Labasse, le secrétaire Force ouvrière du comité d’entreprise. « C’est inacceptable ! Les aides publiques devraient déjà sauver les emplois avant de chercher à économiser de l’énergie.»

Le fabricant de boîtes de vitesses manuelles, repris par le fonds de retournement Mutares il y a deux ans, prévoit en effet de supprimer dès cette année près de 200 emplois via un plan de départs volontaires, des retraites anticipées et, in fine, des licenciements économiques.

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Une conséquence de la baisse continue des commandes de boîtes de vitesses manuelles par Ford, son client historique, qui devraient tomber de 135 000 unités en 2024 à 75 000 en 2025 puis décroître jusqu’à 30 000 unités par an à l’horizon 2030. L’usine qui employait encore 740 salariés début 2023 n’en comptera plus que 223 au 1er janvier 2026 malgré les tentatives de diversification infructueuses initiées depuis deux ans vers les robots tondeurs puis les bornes de recharge de véhicules électriques.

« Assurer la pérennité du site »

Interrogée par La Tribune, la direction de MMT-B tient à bien séparer l’octroi de l’aide et le plan social. « D’une part, cette subvention soutient un investissement visant à réduire fortement la consommation d’eau et d’électricité sur le site de Blanquefort, et à accélérer l’orientation de l’entreprise vers les motorisations électriques. […] D’autre part, l’entreprise est contrainte de mettre en œuvre une réorganisation de ses effectifs, afin de s’adapter à un niveau d’activité en forte baisse et de préserver ses chances de rebond industriel. »

Une position également soutenue par l’État qui « indique avoir instruit la demande d’aide en connaissance de cause par rapport à la situation du plan de sauvegarde de l’emploi, » puisque cette subvention ne vise pas l’activité concernée par la restructuration. Cette aide contribuera, au contraire, à « assurer la pérennité du site par la diversification de ses activités, ce qui devrait permettre de réduire le nombre d’emplois menacés par des PSE à terme », juge la préfecture.

Le versement de ces 300 000 euros ravive néanmoins les souvenirs des millions d’euros d’aides publiques versées pendant des années à l’usine voisine de Ford Aquitaine Industries avant qu’elle ne ferme en 2019. D’autant que le bilan économique de Mutares, qui a repris MMT-B en 2023, est de plus en plus contesté. Le fonds allemand spécialisé dans le rachat d’entreprises en difficulté a déjà repris Lapeyre, Walor, Peugeot Motocycles, GrosBill ou encore Stuart avec des résultats mitigés dont plusieurs liquidations.