Electriser les routes et décarboner le fret : telle est l’ambition du premier « corridor décarboné » français pour camions, inauguré ce vendredi entre Avignon et Lille. Sur 900 kilomètres, ce projet pilote porté par la Sanef, Engie et Ceva Logistics, propose un modèle inédit : des camions électriques se relaient par tronçons, sur le principe des relais de poste d’autrefois.
Après 16 mois d’expérimentation, le corridor est désormais opérationnel, découpé en quatre segments de 200 à 300 km, avec cinq stations-relais stratégiquement installées à Avignon, Lyon, Dijon, Sommesous (Marne) et Lille. A Sommesous, sur l’A26, deux bornes dédiées à la recharge rapide des poids lourds ont été déployées.
Des gains environnementaux significatifs
Le fonctionnement est simple : un camion électrique arrive en station, détache sa remorque, et un second véhicule, prêt à repartir, prend aussitôt le relais. Pendant que le premier recharge ses batteries, il récupère une autre remorque pour un trajet retour. « L’utilisation de camions électriques sur des segments autoroutiers d’environ 300 km permet de contourner les contraintes opérationnelles d’autonomie », expliquent les trois partenaires.
Ce dispositif génère des gains environnementaux significatifs : « On réduit de 60 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à un transport diesel classique », se félicite Clémence Fischer, directrice générale d’Engie-Vianeo. En plus d’alléger l’empreinte carbone, le modèle réduit aussi les temps de transport de 25 %, en supprimant les longues pauses de recharge et de repos réglementaires.
Moins de bruit, plus de confort de conduite
Le projet séduit également les chauffeurs. « Avec l’électrique, un conducteur ne se salit plus les mains pour se ravitailler et profite d’un vrai temps de pause », explique Amine Berra, responsable d’exploitation chez FDE Transports. Moins de bruit, plus de confort de conduite, et la possibilité de « rentrer à son domicile en fin de service » renforcent encore l’attractivité du métier dans un secteur en tension.
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Les initiateurs du corridor espèrent étendre ce modèle à d’autres grands axes autoroutiers. « Le déploiement à grande échelle passera par l’électrification des flottes et la multiplication des infrastructures de recharge », soulignent-ils, appelant les pouvoirs publics à soutenir financièrement l’implantation des futures stations-relais.
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