Le pont du 8 mai est-il menacé par une grève d’ampleur à la SNCF ?


Y aura-t-il des trains pour le pont du 8 mai ? Les contrôleurs SNCF menacent de faire grève, soutenus par plusieurs syndicats et un collectif influent. Un mot d’ordre incompris par le ministre du Travail qui juge ces revendications « pas légitimes ».

Que veulent les contrôleurs ?

Les contrôleurs sont appelés à se mettre en grève par SUD-Rail ainsi qu’un influent collectif baptisé collectif national ASCT les 9, 10 et 11 mai. C’est ce même collectif qui avait décidé de faire grève entre le 23 et 25 décembre 2022, privant de solution des dizaines de milliers de personnes pour rejoindre leurs familles, lors des fêtes de Noël. Cette grève, particulièrement impopulaire, avait été fortement suivie. Plus d’un tiers des TGV avait ainsi été annulé.

Les revendications portent principalement sur les plannings, trop imprévisibles et modifiés à la dernière minute, selon les syndicats, mais aussi sur les primes de travail. « Des raisons très internes » estime le ministre des Transports Philippe Tabarot. « Ce ne sont pas des raisons qui me paraissent suffisantes pour pouvoir créer cette situation de chaos en France pour des week-ends familiaux si importants. »

La CGT-Cheminots (première organisation syndicale) a, elle, appelé contrôleurs et conducteurs à se mobiliser dès le 5 mai. Pour cette seconde catégorie, le syndicat souhaite la « réouverture des négociations sur la refonte de la prime traction », un « élément de rémunération important chez les conducteurs ».

Où en sont les négociations ?

« J’ai entendu et j’ai bougé sur des revendications légitimes, en particulier sur les plannings des contrôleurs », a expliqué Christophe Fanichet, PDG de la filiale d’exploitation des trains de la SNCF.

Sur d’éventuelles nouvelles revalorisations salariales, il estime que l’entreprise « a fait le job, on a tenu tous nos engagements pris en 2022 sur les demandes légitimes » des contrôleurs. « Pour 2025, je rappelle que nous avons négocié en fin d’année dernière une augmentation générale de 2,2 %, plus que l’inflation », a-t-il également précisé.

« Une grève, cela veut dire moins de résultats pour l’entreprise, donc moins d’investissements dans le ferroviaire et moins de redistribution l’année prochaine pour les cheminots », prévient-il.

Début avril, il s’était dit « très confiant » dans le fait que le « dialogue social » allait « permettre à tous les Français de voyager en sérénité dans les prochaines semaines ». « On change un peu de contexte, on est maintenant en concurrence […] et on ne peut vraiment pas se permettre une grève », avait-il ajouté.

Quelle sera la conséquence sur le trafic ferroviaire ?

Difficile de se prononcer une vingtaine de jours en amont. Tout dépendra des négociations d’ici là. Mais les syndicats semblent déterminés à mener un bras de fer avec la direction de la société publique. Mi-avril, les sections franciliennes de la CGT ont évoqué une « semaine noire » en Ile-de-France à partir du 5 mai.

Le ministre du Travail, de son côté, ne semble pas vraiment enclin à lâcher du lest. Il juge ces revendications « pas légitimes », estimant que les contrôleurs n’étaient « pas les plus mal traités au sein de la SNCF. […] Il y a des personnels pour qui la tâche et la pénibilité sont beaucoup plus importantes que pour les contrôleurs qui ne sont pas les moins privilégiés ».

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Habitués à être pris en otage, les usagers de leurs côtés semblent avoir anticipé cette situation. Depuis les annonces d’appels à la grève, les ventes pour les ponts de mai sont « 20 % supérieures à ce qu’on avait anticipé », précise Vincent Hays, directeur commercial France de l’opérateur de bus longue distance FlixBus. « S’il y a une grève, les clients vont essayer la concurrence, que ce soit le covoiturage, le bus ou une autre compagnie ferroviaire », prévient Christophe Fanichet.



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