
L’histoire laisse… sans voix. En 2003, à Cadix, en Espagne, à la suite d’une agression par un client, une ex-caissière a perdu l’usage de sa voix en raison d’un stress post-traumatique. Face à cette situation, elle est reconnue handicapée et reçoit une pension d’invalidité permanente par la mutuelle de son entreprise, les faits s’étant déroulés sur son lieu de travail, rapporte le média espagnol La Vanguardia.
Mais seize ans plus tard, la mutuelle a demandé à réévaluer sa situation, soupçonnant une fraude. D’après ABC de Cadiz, c’est son psychiatre qui a donné l’alerte, ayant perçu « des indices de simulation ». Un détective privé est alors chargé de mener l’enquête par l’organisme et la démasque « facilement ».
Ce dernier l’a observée en train de parler normalement dans la rue, d’échanger avec d’autres parents devant l’école, de répondre au téléphone… et même de lui répondre lorsqu’il lui a demandé son chemin. Et toute la conversation était enregistrée. Ces documents ont servi de preuves à son procès pour démontrer qu’il n’y avait pas de mutisme qui justifierait sa pension.
Une affaire toujours en cours
Une fois signalée à l’organisme, la prétendue muette a fait appel, dénonçant une « violation flagrante » de ses droits constitutionnels. Mais la justice espagnole n’a pas retenu l’argument. Le tribunal supérieur d’Andalousie (TSJA) a rejeté sa demande, estimant que les preuves ne portaient pas atteinte à sa vie privée, ni à son honneur. Selon les juges, il s’agit « d’une simulation de pseudo-mutisme, ou du moins d’une évolution très favorable de tels symptômes, puisque les symptômes inhibés ont disparu ».
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La femme a été condamnée à une amende de « 600 à 6.000 euros », selon ABC. Mais ce n’est pas fini. Le tribunal a transmis l’affaire au parquet pour statuer sur une éventuelle infraction pénale. La Sécurité sociale espagnole devra, de son côté, décider si elle lui demande de rembourser le montant de l’aide reçue. « C’est une somme énorme », a commenté le détective Daniel Fontanals, interrogé dans Espejo Público et cité par La Vanguardia. Pendant seize ans, cette femme a perçu la quasi-totalité de son salaire. Pour lui, ce type de cas n’est pas rare. « On voit des personnes censées ne pas pouvoir marcher faire du sport, jouer au foot… », conclut-il.