
Une coupe dans l’Etat que ne renierait pas Javier Milei. « Un tiers des agences et des opérateurs » de l’Etat « qui ne sont pas des universités » seront « fusionnés ou supprimés », a promis dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, prolongeant « la refondation de l’action publique » que François Bayrou a appelée de ses vœux mi-avril. « C’est 2 à 3 milliards d’économies à la clé », a-t-elle affirmé sur CNews/Europe 1, avec notamment « moins d’emplois publics ».
Ces fusions et suppressions, qui devront encore être votées dans le cadre du budget 2026, dégageront progressivement des économies « à moyen terme », a précisé le cabinet de la ministre à l’AFP. « L’Etat va faire du ménage dans notre organisation, parce que les Français le demandent », a justifié Amélie de Montchalin. « On a un devoir de supprimer ce qui est inutile ou qui aujourd’hui coûte trop cher. »
L’Ademe et l’OFB dans le viseur
La ministre des Comptes publics n’a pas spécifié quelles agences et opérateurs allaient être fusionnés ou supprimés, si ce n’est que ces fusions et suppressions n’incluaient pas les universités. « Je serai auditionnée » par une commission du Sénat sur ce sujet « mi-mai, je ferai des annonces à ce moment-là », a ajouté Amélie de Montchalin.
Plusieurs agences étaient dans le collimateur du gouvernement et de la droite en début d’année, notamment l’Agence bio, menacée un temps de disparition après le vote mi-janvier au Sénat d’un amendement auquel la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ne s’était pas opposée. L’Agence pour la transition écologique (Ademe), l’Office français de biodiversité (OFB), déjà visé par une gronde des agriculteurs, et la Commission nationale du débat public (CNDP) avaient été également visés par des amendements demandant leur suppression.
Gare à la « casse sociale »
La première avait fait l’objet de critiques du président du Sénat Gérard Larcher (LR), qui s’est interrogé à son sujet sur « l’efficacité de la dépense publique », alors qu’elle dispose de « plus de 4 milliards de budget ». Dans le projet de loi de finances pour 2025 étaient inscrits 434 opérateurs de l’Etat, bénéficiant de 77 milliards d’euros de financements publics, un chiffre qui inclut des établissements d’enseignement supérieur qui ne sont donc pas concernés par le projet d’Amélie de Montchalin.
La ministre des Comptes publics a avancé « qu’aujourd’hui, on a 180.000 personnes qui travaillent dans les agences et les opérateurs, plus que de gendarmes dans le pays. » « Ces 180.000 personnes ont toutes un métier, une mission (et) notre rôle, c’est de considérer que […] les choses ne sont pas immuables », a-t-elle ajouté.
Interrogée sur la façon dont les suppressions « d’emplois publics » pourraient se faire, Amélie de Montchalin a répondu : « vous avez des gens qui partent à la retraite, vous avez des gens que vous pouvez mettre ensemble, on a plein de moyens sans faire dans la casse sociale. » Dimanche, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, interrogée sur LCI, s’est dite « dubitative et inquiète » après l’annonce de la ministre des Comptes publics, déplorant qu’elle ait été faite « sans concertation ».