Le crucifix de l’hôtel de ville de Québec retiré d’ici Noël
Le crucifix de l’hôtel de ville de Québec retiré d’ici Noël
Mise à jour le 2025-12-02 21:07:00 : Le crucifix de l’hôtel de ville de Québec sera retiré pour respecter la laïcité, marquant un tournant historique.
Québec était la plus importante municipalité de la province à encore arborer un crucifix dans sa salle de conseil. C’était aussi l’une des dernières.
On ne rejette aucune religion, encore moins celle qui a été la plus omniprésente au Québec, la religion catholique.
Bruno Marchand, maire de Québec
« Ce n’est pas ça. On respecte les gens qui ont une pratique religieuse, les croyants, les chrétiens, les catholiques ou toutes les autres religions, dit-il. C’est juste une question de ne pas mélanger politique et religion. »
Une résolution a été adoptée mardi après-midi au conseil municipal pour retirer le crucifix. Aucun des 22 élus du conseil n’a demandé de vote. Quand sera-t-il retiré ? « Ça va se faire avant Noël, ça ne donne rien d’attendre », a lancé M. Marchand.
Un crucifix installé en 1936
La question du crucifix au conseil municipal fait débat depuis des années à Québec. L’ancien maire Régis Labeaume s’opposait à son retrait à l’époque. « C’est du patrimoine », disait-il en 2019.
Aux élections municipales de 2021, quatre des cinq candidats, dont Bruno Marchand, voulaient le garder.
Mais les mentalités ont évolué rapidement. Le maire et les élus ont chargé l’année dernière un comité d’étudier cette épineuse question.
La Commission consultative pour une ville inclusive a conclu sans détour que le crucifix devait partir. « Dans le respect du principe de séparation de l’Église et de l’État, la présence du crucifix dans la salle du conseil de ville de Québec n’est plus appropriée », écrivait-elle au maire dans une lettre acheminée en juin dernier.
Le comité a notamment consulté l’historien Frédéric Smith. Celui-ci a expliqué que le crucifix n’était pas en place lors de l’inauguration de l’hôtel de ville en 1896.
Selon des images d’archives, le crucifix est absent lors de l’ouverture de l’hôtel de ville à la fin du XIXe siècle. Il est introduit en 1936 dans un contexte sociopolitique et religieux où des politiciens ont souhaité marquer leur alliance avec l’Église catholique.
Extrait d’un procès-verbal d’une réunion du comité de la Commission consultative pour une ville inclusive
« Le crucifix original est conservé dans la collection municipale. L’actuel crucifix, sculpté en 1976 par l’artiste Jacques Bourgault, est introduit sous l’administration Pelletier au début des années 1980. »
Le comité conseillait par ailleurs à la Ville de conserver le crucifix dans sa collection d’objets ethnohistoriques. Le maire s’est engagé à le faire.
L’opposition officielle a décidé de se rallier à la recommandation du comité. Le chef de Respect citoyen, Stéphane Lachance, aimerait toutefois que le crucifix reste visible au public. À l’Assemblée nationale, par exemple, le crucifix a été placé en vitrine.
Le maire Marchand n’a pas l’intention de le faire pour l’instant.
Trois-Rivières, une exception
Plusieurs crucifix ont été retirés de salles du conseil dans les dernières années. L’Assemblée nationale ainsi que la Ville de Montréal ont par exemple retiré le crucifix de l’enceinte où siègent les élus.
Selon une recension faite par La Presse parmi les 10 plus grandes villes de la province, Québec et Trois-Rivières étaient les seules qui affichaient toujours un crucifix dans leur salle du conseil. La ville mauricienne serait donc la dernière du lot une fois le crucifix de la capitale retiré.
Le récent rapport du comité Pelchat-Rousseau sur la laïcité, commandé par le gouvernement Legault, a d’ailleurs sondé 181 municipalités au Québec. De ce nombre, seulement sept avaient toujours un « objet relié à la religion » dans leur salle du conseil, soit moins de 4 % d’entre elles.
L’histoire jusqu’ici
1896
Inauguration de l’hôtel de ville de Québec. Il n’y a pas de crucifix dans la salle de conseil à ce moment.
1936
Un crucifix est installé dans la salle de conseil. Il sera remplacé en 1976 par un crucifix du sculpteur Jacques Bourgault.
2019
L’ancien maire Régis Labeaume (tout comme Bruno Marchand à ses débuts à la mairie) s’oppose au retrait du crucifix, qu’il considère comme du « patrimoine ».
Juin 2025
Un comité mandaté par les élus de la Ville conclut que le crucifix ne respecte pas le principe de laïcité.
Sources
Source d’origine : Voir la publication initiale
Date : 2025-12-02 21:07:00 — Site : www.lapresse.ca
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
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Publié le : 2025-12-02 21:07:00 — Slug : laicite-le-crucifix-sera-retire-de-lhotel-de-ville-de-quebec-dici-noel
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