Laure Bontaz : la chorégraphe qui a fait danser les champions du rugby à 7
Mise à jour le 2025-11-08 09:57:00 : Laure Bontaz, chorégraphe, a transformé l’équipe de rugby à 7 en artistes lors des JO 2024.
Le 27 juillet 2024, le stade de France vibre d’une clameur inédite. La France vient de décrocher l’or olympique en rugby à 7. Ce que l’on retiendra presque autant que les essais et les plaquages, c’est cette image : Antoine Dupont, Paulin Riva et toute l’équipe se tenant par l’épaule, exécutant une chorégraphie joyeuse, parfaitement synchronisée, au milieu de la pelouse. Le rugby venait de se mettre à danser. Derrière cette prouesse se cache une femme, Laure Bontaz, chorégraphe de formation, artiste de music-hall, et désormais aussi « coach-danse » des Bleus. PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°38.
« Depuis que je suis enfant, je sais que ma place est dans le monde artistique, confie-t-elle. La danse, c’est mon langage naturel. Mais jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, elle m’emmènerait sur un terrain de rugby. »
On les a vus sourire, chanter, exulter… et danser
Originaire de Bordeaux, passée par le conservatoire, Laure Bontaz a construit sa vie autour de la scène. Danseuse, chanteuse, comédienne, elle a longtemps porté son « one woman show », Laurette de Paname, aux quatre coins du monde, ambassadrice d’un art populaire et patrimonial : le French Cancan. Parisienne depuis trente ans, elle revendique un tempérament « joyeux et enthousiaste », une énergie qui, selon ses mots, lui permet de « danser sa vie ».
En 2020, sa trajectoire croise celle d’un homme qui a changé le visage du rugby à 7 français : Jérôme Daret, le sélectionneur. Visionnaire, il cherche à intégrer dans la préparation de ses joueurs des pratiques inédites, issues des neurosciences et des arts. « Il voulait casser la routine compétitive, muscler le cerveau autant que le corps, créer des bulles d’énergie positives, raconte Laure. Quand il m’a proposé d’intervenir, j’ai compris que mon rôle serait de traduire cette idée en mouvement. »
La collaboration singulière démarre.
« Vous allez danser »
« La première séance a laissé des souvenirs. » Les joueurs, habitués aux chocs, aux sprints et aux plaquages, se retrouvaient face à une femme leur demandant de compter en rythme, de marcher ensemble, de répéter des pas. « Il y avait de la gêne, de l’inconfort, parfois même une résistance, se souvient-elle. Mais Jérôme avait expliqué le sens de la démarche, alors peu à peu, ils se sont pris au jeu. » « En collaboration avec Julien Robineau, le préparateur physique, la série des gammes athlétiques musicales permettait de prolonger mon travail entre mes interventions, entretenant le processus et renforçant l’apprentissage de la chorégraphie. » Un travail d’équipe, jusqu’au bout.
Les exercices sont simples, puis de plus en plus complexes. Manipuler un ballon en cadence, intégrer une chanson des JO de 1924 interprétée par Maurice Chevalier, synchroniser des gammes athlétiques sur un tempo. « Ils sont devenus multitâches, dit-elle en riant. Certains devaient même visualiser la chorégraphie avant de dormir. C’était leur “devoir à la maison”. » Très vite, une dynamique s’installe. Les leaders encouragent les plus timides. Paulin Riva, capitaine, joue un rôle moteur. Puis Antoine Dupont rejoint le groupe, tardivement. « Il est arrivé avec beaucoup d’humilité. Il s’est laissé guider. Et comme il est un leader naturel, il a incarné cette énergie collective. »
« Ce n’était plus ma chorégraphie, c’était la leur »
Le 27 juillet au soir, au moment du sacre, la chorégraphie imaginée dans l’ombre devient lumière. « Quand je les ai vus danser, j’ai pleuré, confie Laure Bontaz. Ce n’était plus ma chorégraphie : c’était la leur. Chaque mouvement résonnait comme le fruit de quatre années de travail, source d’une immense confiance. Plus qu’un signe de cohésion, cette danse incarnait une méthode : apprendre à gérer ses émotions, renforcer son identité et montrer au public qu’il s’agissait de l’aboutissement d’un chemin de discipline et de conviction. » « Cette danse des Bleus a fait le tour du monde, reprise sur les réseaux sociaux, exécutée sous l’Arc de Triomphe et demandée par le public. Je n’aurais jamais imaginé une telle viralité. Mais ce qui m’a touchée, c’est que derrière l’image de cette danse se cachait toute une construction invisible, fondée sur les neurosciences, portée par un staff formidable et totalement investi dans ce projet. »
La grâce dans la mêlée
Ce qui l’a le plus frappée ? La vitesse avec laquelle ces athlètes, forgés par le combat, ont intégré la finesse du mouvement. « Ils ont appris à écouter, à ressentir, à s’ajuster les uns aux autres. C’était exactement ce que voulait Jérôme : développer leur plasticité cérébrale, leur capacité à s’adapter. » Et il y a eu des surprises. Des talents cachés, des joueurs qui se sont révélés danseurs, des fous rires, des défis improvisés. « On a chanté la Marseillaise en canon sur la plage, et les joueurs ont dû se familiariser avec le vocabulaire rythmique que j’utilise en tant que danseuse. Les onomatopées faisaient partie intégrante de ma méthodologie : elles renforcent, de manière ludique et ingénieuse, leur capacité à apprendre et mémoriser les pas de danse. Tout cela a créé une complicité nouvelle, et la danse est devenue leur véritable espace de liberté. »
« Je pense qu’elle résonnera longtemps »
Aujourd’hui, Laure Bontaz mesure l’empreinte laissée par cette expérience. « Je crois qu’elle résonnera longtemps. Elle a prouvé qu’on pouvait associer art et sport de haut niveau. »
Laure nous livre une dernière anecdote savoureuse : l’entraînement des joueurs sur la scène du Moulin Rouge. « Ils étaient en smoking, sous les projecteurs, en train de rejouer un match en chorégraphie. Ils ont souffert, mais ils l’ont fait. À Marcoussis, Jéfôme avait rendu ses joueurs autonomes, et ceux-ci ont transmis la chorégraphie de la danse-célébration aux danseuses du Moulin Rouge, qui, en retour, se sont essayées au rugby. Un véritable échange de cultures et de savoir-faire.»
Ce qu’il faut savoir
- Le fait : Laure Bontaz a intégré la danse dans l’entraînement des rugbymen.
- Qui est concerné : Les joueurs de rugby à 7 et leurs entraîneurs.
- Quand : Depuis 2020 jusqu’aux JO de 2024.
- Où : France, notamment au Stade de France.
Sources

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Date : 2025-11-08 09:57:00 — Site : www.womensports.fr
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
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Publié le : 2025-11-08 09:57:00 — Slug : laure-bontaz-elle-a-fait-danser-antoine-dupont-et-ses-coequipiers
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