
Bonus écologique, leasing social, prime à la conversion… Ces aides avaient boosté les ventes de véhicules électriques ces dernières années. Leur réduction drastique en 2025 menace l’accessibilité des ménages, notamment les plus modestes, à ces voitures, alerte l’association de consommateur·ices UFC-Que Choisir, dans une nouvelle étude publiée ce 17 avril. Entre 2020 et 2024, les ventes de véhicules électriques ont augmenté 162% en France. Mais elles pourraient chuter cette année, et ralentir la décarbonation du secteur automobile, premier émetteur de gaz à effet de serre du pays.
Avant la publication, fin novembre, d’un décret qui modifie les règles en matière d’aide à l’achat, les ménages français pouvaient bénéficier de plusieurs subventions. Il y avait la prime à la conversion d’un ancien véhicule polluant, adressée aux moins aisés, d’un montant pouvant aller jusqu’à 5 000 euros.
Le leasing social offrait la possibilité aux ménages à faibles revenus – et qui roulent beaucoup –, d’accéder à un véhicule électrique neuf pour moins de 100 euros par mois. La première a été supprimée, et la deuxième, reportée au deuxième semestre 2025 avec des conditions d’octroi encore inconnues.
Seul le bonus écologique – qui permet de bénéficier d’une prime à l’achat plus ou moins grande en fonction du niveau de revenus – a été conservé, mais ses conditions d’accès ont été durcies.
Des aides divisées par deux en 2025
Ces mesures de soutien avaient connu un véritable engouement – près de 230 000 particuliers ont bénéficié du bonus écologique en 2023, contre environ 70 000 en 2020 – et occasionné «des dépassements budgétaires très significatifs» en 2024. Avec ce tour de vis, le gouvernement veut réduire les dépenses.
En passant de 1,5 milliard d’euros en 2024, à 700 millions en 2025, le budget consacré à ces aides pourrait «compromettre sérieusement leur accessibilité pour les ménages, notamment les plus modestes, alerte l’association UFC-Que choisir. Ces reculs compromettent la transition vers des véhicules moins polluants, en particulier pour les ménages dépendants de la voiture et sans alternative crédible.»
À titre d’exemple : avant la suppression de ces mesures de soutien, un ménage modeste pouvait acheter une Peugeot E-208 à un prix inférieur de 2,5% à sa version thermique. Aujourd’hui, le prix de cette voiture électrique est supérieur de 12% à celui de son alter-ego thermique.
Le rapport montre qu’en 2025, quelle que soit sa taille, un véhicule électrique neuf est en moyenne plus onéreux pour son premier propriétaire qu’un véhicule essence neuf équivalent. Considérant une durée de possession de quatre ans, les coûts supplémentaires s’élèvent à 2 900 euros pour un petit véhicule, 750 euros pour un véhicule moyen et 4 320 euros pour un véhicule de grande taille.

Une coupe budgétaire «ni juste, ni tenable»
La Commission européenne a récemment proposé un assouplissement des objectifs de réduction des émissions de CO2 pour les constructeurs automobiles, qui doivent aboutir à l’interdiction de la vente de voitures thermiques en 2035. Plutôt qu’un respect de nouveaux seuils chaque année dès 2025, ceux-ci pourront lisser leurs efforts jusqu’en 2027, sans risque d’amende immédiate. D’après l’UFC-Que choisir, le «désengagement national intervient dans un contexte européen tout aussi préoccupant.»
Sa présidente, Marie-Amandine Stévenin, appelle à «une transition qui n’abandonne personne». Car «pendant que Bruxelles relâche la pression sur les constructeurs, on laisse les consommateurs porter seuls la charge de la transition. Ce n’est ni juste, ni tenable, ni à la hauteur de l’urgence climatique.»