Il aura fallu presque deux ans au texte pour être validé par le Congrès de Nouvelle-Calédonie. Et hasard du calendrier, la décision calédonienne d’adopter un moratoire de 50 ans sur l’exploitation des fonds marins résonne à l’international. L’île est devenue le territoire où la législation est la plus restrictive en la matière, alors même que Donald Trump autorisait les entreprises américaines à forer dans les eaux internationales la veille lundi dernier.
Moratoire de 50 ans
Un moratoire de 50 ans ressemble à une interdiction totale. Un moratoire de 50 ans ressemble à s’y méprendre à une interdiction totale. Mais d’après le rapport de Magali Manuohalalo, désignée rapporteuse publique sur le sujet en 2023, la Nouvelle-Calédonie ne dispose pas, pour le moment, d’un cadre législatif permettant l’exploitation ou son interdiction. Cependant, rien n’indique qu’un tel règlement ne pourrait pas voir le jour dans le futur.
La rapporteuse insiste ainsi sur le rôle des générations futures. « Il est de la responsabilité de la Nouvelle-Calédonie de préserver la liberté de choix des générations futures qui doivent être en pleine capacité de décider, ou non, d’amplifier l’exploration des grands fonds marins, éventuellement avec des moyens invasifs, et de développer l’exploitation des ressources minérales dans l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie ». « Une course folle aux terres rares, dont certaines sont en voie d’épuisement, sans même bénéficier de l’ensemble des éléments de nature à effectuer ce choix en pleine connaissance de cause, reviendrait à les priver du choix de leur avenir et de celui de leur pays », explique le rapport.
Adopté à une large majorité
Pour rappel, les fonds marins restent grandement inexplorés et la connaissance scientifique à ce sujet est faible.
Le moratoire concernera l’ensemble de la zone économique exclusive calédonienne, couvrant 1,3 million de kilomètres carrés et autorisera tout de même des missions de recherches scientifiques non invasives. Lors de la séance, le représentant du gouvernement local a plaidé dans le sens suivant : « plutôt que de céder à la logique du profit immédiat, la Nouvelle-Calédonie peut choisir d’être pionnière dans la protection des océans. »
« C’est aussi un levier stratégique pour affirmer notre souveraineté environnementale face aux multinationales et un signal fort d’engagement envers les générations futures », a affirmé le représentant du gouvernement.
Le texte a été adopté à une large majorité. Seuls les loyalistes se sont abstenus. L’un d’eux, Nicolas Metzdorff, déplore, en effet, un deux poids deux mesures. « Nous souhaitons tous l’ouverture des mines sur notre île et dans le même temps on se porte garant de la défense de l’écologie en défendant des fonds marins situés à des milliers de kilomètres et qu’on n’a jamais vu. On a de drôles de priorités », a critiqué l’élu.
Julien Gouesmat (avec AFP)