
C’est difficile à dire parce que je l’avoue, le mot n’existe pas. Mais « fiscalitE », on comprend bien ce dont il s’agit : une maladie qui consiste à répondre à un problème par la création d’un impôt ou la hausse des impôts.
Il faut dire que ces temps-ci, les ministres ont l’imagination fertile. Dans le budget 2025, il y a eu, pour citer deux exemples : une contribution exceptionnelle sur les entreprises ; et l’autorisation donnée aux départements de relever ce qu’on appelle les frais de notaires – ce qui a été fait avec un unanimisme touchant.
Résurrection de la taxe d’habitation ?
Pour 2026, on débat ces jours-ci de la suppression de l’abattement fiscal de 10% des retraités. Et voilà que depuis dimanche, une autre idée est apparue, celle d’une contribution locale annuelle pour « resserrer les liens entre les communes et les citoyens ». On n’invente rien, je cite le ministre de l’Aménagement du territoire, François Rebsamen. Selon les informations des Échos, Bercy l’imagine à 30 euros par an, Rebsamen entre 10 et 100 euros.
Ce n’est pas bien de se moquer ! Non, ce n’est pas moi qui me moque, c’est cette idée qui se moque du monde. Cela ressemble furieusement à une résurrection de la taxe d’habitation supprimée en 2018 pour les résidences principales. On sait comment cela se passe : on commence par 30 euros, c’est temporaire, et puis ça grimpe marche par marche.
Ça n’est pas sérieux. Ça n’était sans doute pas une excellente idée de supprimer la « TH » (comme on dit). Mais l’État a compensé sa suppression par une dotation aux collectivités locales. Et ces collectivités ont elles-mêmes compensé en relevant les taxes foncières.
Idée bizarroïde
Heureusement, il semble que l’Élysée, Matignon et beaucoup de députés vont tuer dans l’œuf cette idée bizarroïde. Mais cette « fiscalitE » montre que le débat budgétaire part une nouvelle fois en priorité sur les impôts et pas sur les économies -en dépit de tout ce qui est raconté.
La ministre du Budget, Amélie de Montchalin, a indiqué qu’elle va supprimer un tiers des agences publiques, avec 2 à 3 milliards d’euros d’économies à la clé. Des économies, il en faut 40 (milliards). Au rythme des annonces, on ne les aura pas à Noël !
La semaine dernière, Eurostat, l’organisme statistique européen, a publié les données budgétaires définitives pour 2024. Sur le déficit public, la France est 25ᵉ sur 27. Sur le niveau des dépenses publiques, elle est 26ᵉ, c’est-à-dire qu’un seul pays en a plus. Sur les recettes publiques (les prélèvements), à nouveau 25ᵉ. Est-ce que les Français sont satisfaits ? Non.
Hier, j’ai vu un des plus hauts personnages de l’État dans l’ordre protocolaire. À la question : la France a-t-elle perdu le contrôle de ses finances publiques ? On m’a répondu : oui.
Auteur :
Aller à la source