
Instagram, X, TikTok, Facebook ou encore sur les groupes Watsapp… Les « starter packs » ont envahi les réseaux sociaux depuis quelques semaines. Cette mode, qui consiste à demander à une intelligence artificielle générative de créer l’image d’une figurine représentant une personne réelle, est notamment alimentée par des influenceurs et reponsables politiques.
Mais d’autres s’inquiètent de son impact écologique. « C’est un gouffre énergétique insensé », dénonce sur X Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV. « Derrière la magie, il y a une réalité qu’on oublie souvent de regarder : le coût environnemental de ces technologies », abonde l’astronaute Thomas Pesquet sur le même réseau, après que des internautes lui ont envoyé un « starter pack » à son effigie.
Une image équivaut à une recharge de smartphone
Pour établir le bilan écologique de la génération d’un « starter pack », il faudrait que les sociétés qui ont développé ces IA génératives communiquent le détail de leur consommation énergétique. Or les géants de la tech ne font pas œuvre de transparence en la matière, regrette Théo Alves Da Costa, co-président de l’ONG Data For Good. L’électricité consommée par les data centers d’Open AI, Mircosoft ou xAI, est cachée « comme la recette du coca », affirme-t-il.
Mais il est possible de faire une estimation, comme l’illustre une étude (Power Hungry Processing) co-dirigée par la chercheuse canadienne Saha Luccionni, spécialisée dans l’impact écologique de l’intelligence artificielle. Selon ses calculs, pour une seule image de très bonne qualité (1000 x 1000 px) générée par une IA type Chat GPT, il faut environ 1,6 wattheures. Soit autant d’électricité que pour recharger entièrement un smartphone. Si on extrapole à une vidéo de seulement 10 secondes générée par IA, cela revient à ce même portable pendant un an. Sachant que Chat GPT à lui seul est utilisé, selon Open AI, chaque semaine par 500 millions de personnes.
L’IA très gourmande en électricité et en eau
Le terme de « gouffre énergétique » n’est donc pas exagéré. À l’échelle mondiale, l’Agence internationale de l’énergie estime que la demande en électricité pour alimenter les data centers va plus que doubler d’ici 2030. Un appétit qui, selon un rapport inédit publié par l’AIE le 10 avril, est directement lié au développement des IA génératives. À ce rythme là, alerte l’agence, dans cinq ans, ces centres consommeront, à eux seuls, autant d’électricité qu’un pays comme le Japon. Ces data centers risquent in fine de faire grimper les émissions de CO2 liées à la production d’électicité : de 180 millions de tonnes de CO2 à 300 millions d’ici 2030.
Dans son message sur X, Marine Tondelier évoque aussi la consommation d’eau liée à la génération des « starter packs » et autres images réalisées avec une intelligence artificielle. C’est l’autre enjeu pointé par l’Agence internationale de l’énergie dans son rapport. L’AIE estime que d’ici cinq ans, les data centers vont nécessiter deux fois plus d’eau : de 600 milliards de m² à 1 200 m² d’eau. Un tiers de cette eau sera utilisée pour refroidir les centres eux-mêmes, les deux tiers restant pour refroidir les usines et centrales qui alimentent les data centers.