« Ils sont tellement nombreux, et tellement insistants » : après le loup, cet éleveur redoute les attaques de corbeaux sur son troupeau de brebis

Les animaux d’élevage peuvent être la proie de nombreux prédateurs et celui auquel on pense en premier lieu, c’est le loup. Mais en Haute-Vienne, un agriculteur dit avoir perdu plusieurs brebis et agneaux ces derniers mois, et il met en cause les corbeaux. Au-delà de l’identité du prédateur, depuis notre reportage en janvier, l’éleveur semble avoir trouvé un moyen de protéger son troupeau. On vous explique…

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« Voilà, ça, c’était une brebis de deux ans« , soufflait Vincent Frugier Nocart en début d’année, tout en extrayant d’un sac rouge le cadavre désarticulé de l’une de ses brebis attaquées la veille. « Elle a été élevée au biberon par mon fils ! On le voit, elle a un œil manquant. Et elle a été complètement consommée au niveau de l’abdomen ! », expliquait alors l’éleveur, la gorge serrée.

Depuis le mois d’octobre 2024, Vincent Frugier Nocart, éleveur installé à Bersac-sur-Rivalier en Haute-Vienne, a perdu une dizaine d’agneaux.

© France Télévisions – France 3 Limousin

Les faits étaient survenus quelques jours avant la publication du reportage, le 25 janvier. Depuis le mois d’octobre, cet éleveur racontait avoir perdu une dizaine d’agneaux. Des attaques qui auraient toujours le même mode opératoire. Pour lui, pas de doute, même s’il n’a jamais assisté à une attaque : le coupable, c’est le corbeau. « Généralement, ça se passe très tôt le matin ! Du coup, on se lève et puis on essaye de venir avant le lever du jour pour contrôler que tout se passe bien et surtout les effrayer au cas où « , se rappelle l’éleveur éprouvé.

L’agriculteur a filmé des grands corbeaux planant au-dessus de son troupeau. Son grand regret, c’est que même ses chiens, dressés pour protéger les brebis, n’ont rien pu faire. « Ils sont tellement nombreux, et tellement insistant que les chiens, au bout d’un moment, ils en ont ras-le-bol et ils ne font plus rien !« , se désolait-il.

Dans le pré, les naissances régulières préoccupent Vincent, qui redouble de vigilance. Il met à l’abri systématiquement les agneaux les plus vulnérables. « Dès qu’on a une brebis qui est prête à agneler, ou qui a agnelé au pré, systématiquement, on est obligé de rentrer les agneaux, parce que sinon, on a une chance sur deux de se les faire prédater. »

Recontacté le 14 avril dernier, l’éleveur annonce une relative bonne nouvelle : ce dernier a décidé de faire cohabiter son troupeau avec des oies installées avant sur un autre terrain. « Je crois qu’il n’y a pas eu d’attaque depuis la cohabitation, raconte ce dernier qui précise, on n’a pas vraiment de recul, mais cette protection éventuelle pourrait avoir un effet bénéfique ».

L’agriculteur se dit malgré tout déçu : « On est complètement laissé à nous-même, sans aucun accompagnement. »

Une confirmation difficile et une indemnisation impossible

La prédation du grand corbeau n’est pas éligible à des indemnisations. Les éleveurs sont donc souvent démunis dans ce genre de situation, d’autant plus que ce corvidé est une espèce protégée. 

Contacté, le responsable de la LPO en Limousin, Jérôme Roger, estimait, en janvier dernier, que les brebis avaient bien été partiellement dévorées par des corvidés, mais que l’attaque initiale était probablement due à un autre prédateur, par exemple un chien errant. Il nous précise par ailleurs mi-avril qu’il existe plusieurs sortes de corvidés : les corneilles noires et les grands corbeaux, qui sont connus pour être omnivores et charognards, et les corbeaux freux qui sont plutôt frugivores et granivores. Cependant, à sa connaissance, aucun corvidé n’est connu comme prédateur.

Les services de l’État, au premier rang desquels la DREAL et la préfecture, que nous avons sollicitées pour ce reportage, ne souhaitaient pas intervenir dans ce débat, en période d’élections dans les chambres d’agriculture. En cette mi-avril, elle fait savoir qu’elle souhaite se rendre sur l’exploitation de l’agriculteur.



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