
Ce 28 avril, au Château de Malmont, les producteurs de Grenades du Sud ont dévoilé leurs projets.
Avec quelque 350 tonnes produites par an en Languedoc Roussillon, la filière de la grenade ne saurait souffrir la comparaison avec sa grande sœur vigneronne. Dans un contexte de bouleversement climatique et de crise viticole prégnants, cette jeune filière représente pourtant une culture d’avenir, de résilience, et d’une diversification stratégique qu’il serait insensé de négliger. Encore faut-il que ce nouveau marché ait les moyens de ses ambitions. Des enjeux qui étaient au cœur des échanges de l’assemblée générale de producteurs de grenade du sud qui s’est tenue lundi au château de Malmont, à Villeneuvette. « Aujourd’hui, la filière de la grenade s’est installée et elle se pérennise », diagnostique Pierre Colin, Président de la Fédération des producteurs de grenade du Sud (FPG Sud, née en 2014).
Parmi les grandes lignes d’action de la fédération, le développement de la première marque collective de France : “Grenades d’Occitanie France”, « n’a pas laissé indifférents les pouvoirs publics », en lien avec le Plan Agriculture Climat Méditerranée. Actes fondateurs, la visite, l’année dernière, des préfets (de l’Hérault, puis de Région), le rôle moteur du sous-préfet, Éric Suzanne, et le soutien de Jérôme Despey, président de la chambre d’agriculture de l’Hérault, apportent du crédit, et des moyens, à la démarche. « Le Cirad est également partenaire de ce grand plan d’action. Nous, producteurs, avons besoin de savoir ce qu’il se passe au niveau des molécules antioxydantes. Vous savez tous que la grenade en est riche. À la fois dans la chaîne de trituration mais aussi dans le produit fini, il nous faut en avoir une vision quantitative et qualitative objectives », soulignait le président. Études de marché, volet juridique avec notamment un regard incisif sur des produits assemblé dans l’hexagone mais produits à l’étranger… Un volet sur lequel la marque collective pourrait justement être gage de fiabilité pour lutter contre la francisation des produits et « se démarquer des industriels ». « Nous sommes sur un produit de diversification et, ce qui est important, c’est aussi que, dans le cadre des programmes alimentaires territoriaux, la culture de la grenade représente une forte accroche avec les néoruraux », analysait quant à lui Sébastien Vaissade, producteur et secrétaire général adjoint de la fédération.
Un outil stratégique implanté en Cœur d’Hérault
Last but nos least, la filière sudiste est en passe de se doter d’un outil de production et de trituration unique et complémentaire des structures existantes à Thuir, dans les PO. Cette fois, c’est dans la zone d’activité des Trois Fontaines, au Pouget, que le projet devrait voir le jour avant la récolte 2026, porté par l’investisseur Jacques Beauclair, avec le soutien de l’État et de la CCVH. « Un outil de pressurage pour ces fruits. Car aujourd’hui, il y a un problème de localisation. Les outils de transformations sont pour l’un à côté de Perpignan, pour l’autre dans la Vallée Rhône. Il n’y a rien au cœur même de l’Occitanie, en Cœur d’Hérault en particulier », tranche Jacques Beauclair. La structure, dédiée à la transformation du fruit et au conditionnement des jus issus de la transformation, devrait donc voir le jour au Pouget, à proximité immédiate du site d’Eva et d’Embouteillage Services, sociétés détenues par la famille Beauclair. « C’est à la fois un projet sur lequel on investit dans du matériel pour laver les fruits, les peler, sortir les arilles (les grains-NDLR), les presser… et un matériel spécifique pour conditionner le jus ». Un outil essentiel à la filière grenade d’Occitanie, mais pas seulement. « Nous souhaitons aller beaucoup plus loin. En investissant dans cet outil, autant pouvoir faire, aussi, du jus de pêche, de fraises ou de raisin », analyse-t-il.
Un matériel de pointe qui pourrait provoquer un véritable appel d’air et créer des vocations agricoles en direction de la grenade…
Un soutien important de l’État
Le projet d’installation, au Pouget, d’un matériel de transformation des grenades et de conditionnement des jus, (lire ci-contre) devrait recevoir un soutien financier conséquent de la part de l’État et du ministère de l’agriculture. « Ces aides sont importantes et pourraient dépasser les 50 % », souligne jacques Beauclair. Hors bâtiment, cet équipement, utile au développement de la diversification agricole dans l’arc Méditerranéen est estimé à près de 500 000 €. La demande de permis de construire devrait être déposée dans quelques semaines pour une mise en service avant la récolte 2026. Demain donc.