
« Vous vous rendez compte, aujourd’hui, sur un million de morceaux qui sortent par semaine, il y a 20% de titres qui sont générés à 100% par IA« , affirme le DJ Laurent Garnier, sur France Inter. Est-ce que ce chiffre impressionnant est vrai ?
À ce jour, aucune donnée globale ne permet de confirmer ce chiffre à l’échelle de toutes les plateformes de streaming. En revanche, un acteur majeur du secteur, la plateforme française Deezer, a publié un chiffre très parlant : 18% des morceaux mis en ligne chaque jour sur son service sont entièrement générés par intelligence artificielle, soit environ 20 000 titres par jour, selon son directeur général, Alexis Lanternier.
Un impact réel sur les revenus des artistes
Pour y faire face, Deezer a mis au point un outil de détection automatique capable d’identifier les productions issues d’IA comme Suno ou Udio. Ces morceaux sont ensuite retirés des recommandations faites aux utilisateurs. Les autres plateformes comme Spotify ou Apple Music ne communiquent pas officiellement sur la part de contenus générés par IA sur leurs plateformes. Pourtant, elles sont aussi confrontées à ce phénomène. En 2023, Spotify a supprimé des dizaines de milliers de morceaux créés via l’outil Boomy, qui permet à n’importe qui de composer et publier automatiquement des chansons par IA. Cette seule plateforme revendiquait 14 millions de morceaux générés en un an.
Au-delà du volume, c’est surtout l’impact économique de ces contenus IA qui inquiète les professionnels. Une étude commandée par la Cisac (Confédération internationale des sociétés d’auteurs) alerte : les artistes et compositeurs pourraient perdre jusqu’à 24% de leurs revenus d’ici 2028, soit 4 milliards d’euros par an. Les plus menacés sont ceux qui créent des musiques d’ambiance, musiques publicitaires et des sons utilisés pour TikTok, YouTube ou les podcasts. Ces formats sont facilement imités par des IA, à moindre coût et en un temps record.