ENTRETIEN. « Depuis 30 ans, il y a 4 ou 5 fois plus d’allergies respiratoires » : ce docteur alerte et donne ses solutions contre les pollens


l’essentiel
Depuis un bon mois, le pollen est de retour, emmenant son lot d’allergies et d’encombrements : rhino-conjonctivite, voire asthme. Le docteur Giamarchi Dominique, pneumo-allergologue à l’hôpital de Montauban nous explique les causes et les solutions pour endiguer ce fléau.

« Les patients viennent me voir surtout pour les allergies au pollen de graminées. Ce qui les gêne en ce moment, ce sont les cyprès ». Si vous vous garez dehors, vous avez sans doute dû les voir : de fines pellicules jaunes se déposent sur les habitacles des véhicules.

Ce phénomène ravive des souvenirs douloureux pour les allergiques au pollen : « En ce moment, nous sommes dans la présaison pollinique : celle des arbres », explique le docteur Dominique Giamarchi, pneumo-allergologue à l’hôpital de Montauban.

Explosion des cas

Ces pellicules de pollen, visibles sur tous types de surfaces, sont actuellement dues aux cyprès et au pollen de pins, puis suivront les bouleaux, les frênes et les platanes. Ce phénomène n’est pourtant qu’un avant-goût de la grande saison pollinique : « Il y a quasiment toute l’année des allergies au pollen. Mais la saison des graminées, la plus importante de toutes, se situe entre mai et juin. »

Avec son expérience, le docteur remarque une évolution frappante du nombre de cas d’allergies : « Depuis 30 ans, il y a 4 ou 5 fois plus d’allergies respiratoires », note-t-elle. Le profil des patients s’élargit également : « On voit des patients de plus en plus jeunes. Avant, la pollinose débutait plutôt chez les grands enfants/adolescents ou à l’âge adulte. Maintenant, dès la petite enfance, en raison d’une exposition précoce, l’allergie apparaît. »

Des facteurs aggravants

Cette exposition avancée est en partie due aux facteurs aggravants qui se multiplient : « Il y a la pollution verte avec la multiplication des plantes ornementales dans nos jardins, mais également la pollution automobile avec l’ozone et le diesel, qui majore l’allergénicité des pollens et la pollution industrielle qui irrite nos voies respiratoires. Le climat joue aussi un rôle majeur : il fait plus chaud, donc la floraison est plus précoce, la saison pollinique s’allonge, et de nouvelles variétés arrivent, notamment des plantes qui étaient auparavant localisées plus au Sud », explique-t-elle.

Les épisodes orageux s’intensifient eux aussi et ne sont pas une bonne nouvelle : « Lors d’une pluie violente, la pression fait exploser les grains de pollen ce qui libère beaucoup plus de particules allergisantes. Alors que si la pluie est fine et régulière, le pollen s’enfonce dans la terre. »

Des gestes simples pour limiter les conséquences des allergies au pollen

Avec la libération de ces allergènes dans l’air, le corps déclenche une réaction face à ces envahisseurs perçus comme dangereux. C’est pour cela qu’aux retours des beaux jours, certaines personnes commencent à éternuer, se gratter les yeux ou avoir le nez qui coule.

Pour limiter ces symptômes, il existe des habitudes simples : « Il faut essayer de ne pas tondre, ou alors porter un masque, des lunettes et une casquette. On peut également prendre un antihistaminique une heure avant la tonte pour limiter l’intensité de la réaction. Il faut éviter les promenades champêtres après les orages ou grosses pluies. À défaut, il faut se laver les cheveux et changer de vêtements en rentrant. On peut éviter de faire sécher le linge dehors, et aérer tôt le matin ou tard le soir : ce sont des horaires où il y a moins de pollen dans l’air », conseille le docteur.

Avec le nombre croissant de facteurs aggravants, ces épidémies vont devenir incontournables. Dans une récente étude, l’OMS prévoit qu’une personne sur deux sera allergique au pollen d’ici 2050. De quoi commencer à adopter les bons gestes dès aujourd’hui.

Comment se tenir au courant de l’évolution des pollens ?

Chaque semaine, un calendrier pollinique est transmis aux allergologues par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Ce document recense les types de pollens présents dans l’air et leur concentration, région par région. Les particuliers peuvent, eux aussi, suivre l’évolution des pollens dans leur secteur en consultant le site www.pollens.fr. Un outil pertinent pour anticiper les pics allergiques et adapter son quotidien.



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