Entre ambition et liberté, Netflix révèle le dilemme qui secoue Alcaraz

Il y a dans l’industrie du spectacle une impatience prétentieuse à vouloir raconter l’histoire de jeunes figures comme si le livre de leur vie était assez épais pour le mériter. Le cas de Carlos Alcaraz, suivi par les caméras de Netflix en 2024, fait exception. A la veille de ses 22 ans, l’Espagnol, quatre fois vainqueur en Grand Chelem, se trouve déjà à la croisée des chemins d’une carrière qui serait réussie pour n’importe quel mortel sur le point de raccrocher. Mais le fardeau des génies égale leur talent, et on ne saurait se contenter de si peu venant de Carlitos.

Alcaraz est doublement maudit car son règne précoce coïncide avec le déclin des idoles Djokovic, Nadal et Federer. Le public lui a assigné, ainsi qu’à Jannik Sinner, le devoir de leur succéder. Le souhaite-t-il seulement ? « Oui, je veux m’asseoir à la table du big three. Suis-je dans l’état d’esprit de faire tout ce qui est possible, de faire face à tout et de faire tout ce qu’il faut pour y parvenir ? Pour l’instant, je ne sais pas. » « Si on le fait travailler par obligation, dans trois ans il pourrait tout arrêter », prévient son agent. Carlos Alcaraz sera-t-il une étoile filante ? Le docu Netflix pose la question. Retour sur plusieurs temps forts de la série en trois épisodes.

Carlos Alcaraz, la fête dans la peau

La scène a déjà largement fait le tour des réseaux. On y voit Carlitos, enlaçant son frère dans un taxi parisien le soir de sa victoire à Roland-Garros, l’année dernière. L’ancien numéro 1 mondial annonce à son frère qu’il va se mettre une mine pour fêter ça, sous les yeux de son agent, mi-amusé, mi-médusé. Après la quinzaine parisienne, Alcaraz décidera de faire un crochet par Ibiza pendant plusieurs jours, contre l’avis de son coach Juan Carlos Ferrero. Ce dernier estime que le joueur a mieux à faire, à savoir préparer le tournoi du Queen’s, pour préparer l’enchaînement avec Wimbledon. Arrivé en Angleterre comme une fleur, l’Ibère se fera cueillir par Jack Draper au 2e tour, mais finira par remporter Wimbledon. « J’ai envie de devenir le plus grand de l’histoire mais le plus important, c’est de m’amuser. » On croirait entendre Neymar.

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Son rapport à la douleur et le déclic contre Sinner

Le sort est taquin. Comme l’an passé, Carlos Alcaraz voit sa saison sur terre battue tronquée par les blessures. Cette année, une gêne à l’adducteur née de sa finale à Barcelone contre Holger Rune contrarie ses plans. En 2024, son coude menaçait ses ambitions à Roland-Garros. Le docu permet met en exergue le rapport conflictuel entre l’Espagnol et la douleur. Loin de l’abnégation d’un Nadal, il craint la blessure au point de sortir des parodies de coups droit contre Andrey Rublev, à l’occasion de son retour à la compétition à Madrid, ce qui fera dire à Ferrero dans son box, « si on va en finale avec ce coup droit, je me bourre la gueule ». Le Russe renversera le match et gagnera.

« Mauvais mental. Faible », peste l’entraîneur. Le lauréat de Roland-Garros 2003 passera son printemps à essayer de convaincre Alcaraz d’aller plus loin dans la douleur. Il n’y parviendra qu’en demi-finale du Grand Chelem parisien, au cours de son duel épique contre Jannik Sinner. « C’est là que je me dis :  »si tu veux me battre, tu devras me faire sortir sur une civière » », sourit Carlitos face caméra. Un déclic salvateur.

L’échec des JO et la période de doute

L’état de grâce d’Alcaraz n’ira pas plus loin que le doublé à Wimbledon. Le poids des JO pèsera trop lourd sur ses épaules : son rendez-vous avec l’histoire en simple et la perspective des adieux de Rafael Nadal ont ajouté une tension intenable. Les deux Espagnols s’inclineront en quarts de finale du tournoi olympique de doubles, laissant au cadet le goût amer du déshonneur de ne pas avoir offert à son aîné une dernière médaille olympique. « Ça m’a flingué car le rêve s’est volatilisé, car cette possibilité n’existera plus. Ça m’a fait beaucoup de mal. » Autant que sa finale en simple perdue en deux manches contre Novak Djokovic, ponctuée par un torrent de larmes au micro d’Alex Corretja. Alcaraz traînera son spleen aux Etats-Unis, où il finira par fracasser une raquette de rage contre Monfils à Cincinnati avant de sortir sans gloire contre Van de Zanschulp au 2e tour de l’US Open.

Carlos Alcaraz en compagnie de Juan Carlos Ferrero, son entraîneur - Joaquin Corchero/AFP7/Shuttersto/SIPA

Comme à chaque fois qu’il est perdu, Alcaraz a pour seule réponse l’évasion. « Pour retrouver de la joie je dois me sentir bien en dehors du court. » Même l’exigeant Juan Carlos Ferrero n’y peut rien. « [Apres l’US Open], je lui dis qu’on n’a pas eu le temps de s’entraîner depuis Roland-Garros, il me dit qu’il va voir la Formule 1. » A bientôt 22 ans, le numéro 1 espagnol avance sur un fil. De quel côté tombera-t-il ? Ferrero ne le sait pas. « Il a une façon tellement différente d’appréhender le travail et le sacrifice, que j’en arrive à douter qu’il puisse réellement devenir le meilleur joueur de l’histoire. » Et au fond, est-ce bien grave ?



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