L’heure n’est plus aux plans de recrutements massifs en Occitanie. Pendant deux années consécutives (en 2022 et 2023), Airbus a crevé le plafond des embauches avec près de 3 000 personnes par an en Occitanie pour relever le défi d’une remontée express des cadences aéronautiques après le choc du Covid. Changement de ton l’année dernière, puisque le géant européen a annoncé un gel des embauches chez les cols blancs.
Retour au niveau de 2018
La fin d’une folle vague de recrutements est observée sur l’ensemble de l’économie régionale. Avec 218 000 projets de recrutements recensés en Occitanie pour 2025 d’après la nouvelle enquête régionale de France Travail, la région enregistre une baisse de près de 17 % des intentions d’embauches sur un an. La chute est supérieure à la moyenne hexagonale où les projets ont diminué de 12,5 % par rapport à 2024.
« Cette baisse intervient après des volumes d’embauches assez exceptionnels, notamment liés à la reprise économique post-Covid. Nous revenons au niveau observé en 2018 », fait remarquer Karine Meininger, directrice régionale de France Travail. Même si l’Occitanie est à la troisième place (derrière l’Île-de-France et les Hauts-de-France) des régions où il y a le moins de difficultés pour recruter, près de la moitié des offres d’emploi restent compliquées à combler. En tête, des métiers en tension : maçon (82 % des employeurs ont des difficultés), aide à domicile (80% ) et ouvriers mécaniciens de véhicules (78 %).
Pénurie sur des métiers clés pour la décarbonation
Des tensions persistent également sur des métiers cruciaux pour la transition énergétique. C’est le cas notamment du groupe Engie qui dispose de 150 postes à pourvoir pour 2025 et qui est confronté à une pénurie de techniciens de maintenance en énergie. « Avec la transition énergétique, ce métier se complexifie. Il ne s’agit plus simplement de gérer les radiateurs ou la climatisation mais il faut accompagner les collectivités et les entreprises dans leurs projets de décarbonation », explique Jean-Jacques Bascoul, délégué régional d’Engie en Occitanie.
Le groupe opère notamment la nouvelle chaufferie biomasse d’Airbus à Toulouse qui permet au constructeur aéronautique de couvrir 86 % des besoins de chaleur via des copeaux de bois issus de forêts locales ou de chutes de palettes récupérées dans les usines de l’avionneur. Le recrutement de techniciens pour assurer ces projets est d’autant plus compliqué qu’ils sont activement recherchés par d’autres secteurs. « L’aéronautique et le bâtiment sont également en quête de ces profils, raison pour laquelle sur un bassin comme Toulouse, on arrive à une pénurie », remarque Annick Sénat, directrice départementale de France Travail en Haute-Garonne.
Recruter autrement
Ce qui contraint l’agence gouvernementale à sortir des sentiers battus pour dénicher des candidats pour les entreprises. « Si on se cantonne aux demandeurs d’emploi inscrits dans nos fichiers, très peu de profils remontent. D’où l’idée d’aller chercher des salariés simplement motivés », ajoute-t-elle. France Travail apporte une aide financière à destination des employeurs proposant une préparation opérationnelle à l’emploi (POE), une formation de 400 heures pour donner aux candidats les compétences requises pour occuper le poste recherché.
Plus de 10 000 personnes ont bénéficié de ce dispositif dans la région l’an passé. Par ailleurs, 7 000 demandeurs d’emploi ont fait l’objet d’un recrutement par simulation. Autrement dit, ils ont été testés par les employeurs sur leurs habiletés et des compétences non présentes sur un simple CV.