Le taux d’emploi des jeunes Français est « beaucoup plus faible que chez nos voisins européens », pointait le Premier ministre François Bayrou lors de son discours du 15 avril, à l’issue d’un « Comité d’alerte du budget ».
Au quatrième trimestre 2024, ce taux était de 33,7 % pour les 15-25 ans, selon l’Insee. À titre de comparaison, selon des données d’Eurostat, il était de 51 % en Allemagne en 2024. La France compte par ailleurs beaucoup de jeunes « ni en emploi, ni en étude, ni en formation » (NEETS) : 12,8 % fin 2024, dans la fourchette haute des pays européens.
Dans une note récente, le Conseil d’analyse économique (CAE) relevait que « les jeunes Français mettent beaucoup plus de temps à rentrer sur le marché du travail à la sortie de leurs études que leurs homologues allemands et britanniques », ajoutant que le problème majeur de l’emploi des jeunes est « bien l’insertion sur le marché du travail ».
Des politiques publiques « insuffisantes »
Hélène Garner, directrice des données et des études de l’Apec, relève auprès de l’AFP que la note du CAE montre que même pour les plus diplômés, l’insertion sur le marché du travail en France prend un à deux ans de plus que chez nos voisins européens. Et « plus de la moitié des jeunes sont sur des contrats précaires » (CDD, stages, alternance, intérim…), constate l’économiste.
Hélène Garner constate que les nombreuses politiques publiques en faveur des jeunes menées depuis plus de 40 ans « n’ont pas été suffisantes » et plaide pour une approche « plus globale » qui prenne en compte les « enjeux de logements, de mobilité, de santé, d’illectronisme… ». Avec le retournement en cours du marché du travail, les jeunes, plus souvent en contrats courts (CDD, intérim), sont les premiers touchés.
L’économiste pointe des signaux « inquiétants » pour cette population dont le taux d’emploi a baissé en 2024 (-0,6 point selon l’Insee). « La baisse des aides à l’alternance », qui a été « un énorme booster de l’emploi des jeunes », risque notamment d’« avoir un impact » sur leur taux d’emploi, observe-t-elle.
Un risque de « déclassement des diplômés »
L’Apec, qui accompagne notamment les jeunes diplômés (Bac +3 et plus), soit environ 300 000 des 700 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, notait récemment que les recrutements de cadres débutants (moins d’un an d’expérience) sont attendus en baisse de 16 % en 2025 (après -19 % en 2024).
Le risque, « c’est une forme de déclassement des diplômés » qui vont s’insérer mais sur des emplois de non-cadre, explique Hélène Garner. Cela crée un « effet d’éviction » pour les moins diplômés et un « effet cicatrice » pour les jeunes diplômés, leur niveau d’entrée pouvant avoir un impact sur le reste de leur carrière.