
Des requins gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos), dans le Pacific Remote Islands Marine National Monument. – Domaine public / USFWS – Pacific Region via Wikimedia Commons
Des requins gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos), dans le Pacific Remote Islands Marine National Monument. – Domaine public / USFWS – Pacific Region via Wikimedia Commons
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Donald Trump porte un nouveau coup de poignard à la biodiversité. Jeudi 17 avril, le président étasunien a réautorisé par décret la pêche commerciale dans l’un des plus vastes sanctuaires marins du monde, le Pacific Remote Islands Marine National Monument, situé au beau milieu de l’océan Pacifique.
Créée en 2009 sous le mandat de George W. Bush, cette aire marine protégée avait été étendue par Barack Obama en 2014. D’une superficie de près d’1,3 million de kilomètres carrés (l’équivalent du Pérou), la zone est parsemée d’atolls coralliens et peuplée de tortues de mer et de baleines en danger d’extinction.
Donald Trump justifie cette décision par sa volonté de défendre les pêcheurs étasuniens, qui seraient contraints à pêcher « plus au large, dans les eaux internationales, pour concurrencer des flottes étrangères mal réglementées et fortement subventionnées ».
Un autre décret publié le même jour presse le Département du commerce d’assouplir les réglementations qui pèseraient sur la pêche et l’aquaculture étasunienne.
« Les États-Unis devraient être le leader mondial des produits de la mer »
Il demande également au Département intérieur de procéder à un examen de tous les sanctuaires marins, afin d’identifier ceux qui devraient être ouverts à la pêche commerciale. Le Pacific Remote Islands Marine National Monument pourrait donc n’être que le premier d’une longue liste de sanctuaires replacés entre les griffes de la pêche industrielle. « Les États-Unis devraient être le leader mondial des produits de la mer », écrit Donald Trump.
Cette annonce a de quoi inquiéter. Avec plus de 11 millions de kilomètres carrés d’océan sous leur contrôle, les États-Unis sont la première puissance maritime mondiale, devant la France. Interrogé par le New York Times, le chercheur Angelo Villagomez estime que la réouverture de ce sanctuaire crée un « dangereux précédent ».
C’est « un cadeau pour les flottes de pêche industrielles, et une gifle à la science et aux générations d’habitants [de la région] qui réclament depuis longtemps une plus grande protection de ces eaux sacrées », abonde Maxx Phillips, directeur de l’ONG Center for Biological Diversity.
18 % des eaux étasuniennes sont actuellement interdites aux activités les plus néfastes pour la biodiversité, d’après les données du Marine Conservation Institute. Ce pourcentage est inférieur à l’objectif fixé par les Nations Unies, qui recommandent de protéger 30 % des océans d’ici 2030. Les sanctuaires marins peuvent à la fois être bénéfiques aux écosystèmes et aux pêcheurs artisans. Pour ces derniers, ils peuvent être comparés à un placement financier, dans la mesure où ils offrent une chance unique aux poissons de se reproduire en masse, souligne dans les colonnes du New York Times l’écologue marin Robert H. Richmond.
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