
Mildiou, gel : l’année 2024 n’a pas épargné les vignerons. Les années de calamité naturelle s’enchaînent. Mais les viticulteurs corréziens de la cave des 1001 pierres à Branceilles ont tout de même produit quelques bouteilles. Ils viennent de présenter leur dernière cuvée, et fait exceptionnel, c’est exclusivement du rosé.
Les amateurs de rouge passeront leur tour… ou goûteront le rosé de la cave des 1001 Pierres. Cette année, les sept vignerons de ce vignoble corrézien n’ont pas pu produire leur traditionnel vin rouge, alors autant se concentrer sur un rosé de qualité. » On aurait voulu faire du haut de gamme rouge, là ça aurait été raté, mais pour faire des bons rosés aromatiques, qui soient frais et légers, il faut des maturités pas trop élevées, donc là, c’est parfait » détaille Baptiste Tomachot, œnologue conseil. Une maturité du vin un peu plus faible qui lui donne une couleur plus pâle que d’habitude.
⇒ CARTE : Branceilles est au sud-est de Brive la Gaillarde en Corrèze
Et la raison, c’est le raisin. Ou plutôt la quantité de raisin. Car si cette décision a été prise, c’est tout simplement qu’il n’y avait pas assez de fruits cette année. Pour le millésime 2024, les vignerons n’ont pu produire que 250 hectolitres contre 1500 en 2022, soit 55 000 bouteilles, alors qu’une cuvée représente habituellement 150 000 bouteilles.
Et si la production s’effondre, c’est que les affres du climat ont durement touché les vignes. L’an dernier, les viticulteurs ont d’abord été confrontés au gel. « On a gelé au 28 avril et c’est vrai que l’impact a été significatif puisqu’on a perdu 85 % de nos cultures l’année dernière à cette date » explique Philippe Leymat, le président de la cave des 1001 pierres. Le mildiou a aussi décimé les vignes corréziennes. Si le gel et le mildiou ne sont pas nouveaux dans les préoccupations des viticulteurs, ils sont favorisés par le dérèglement climatique.
À Branceilles comme ailleurs, les producteurs de vins sont aux premières loges des changements climatiques et sont confrontés à ces problématiques. Philippe Leyrat observe un véritable basculement depuis 10 ans.
« d’autres, des grosses canicules et du froid à d’autres périodes.
Philippe Leyratvigneron et président de la cave des 1001 pierres
Depuis 10 ans, les sept vignerons de Branceilles observent un fort impact du dérèglement climatique sur leur production.
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© Laurent du Rusquec, France Télévisions
Dans ce vignoble créé il y a 35 ans, les sept vignerons des 1001 pierres voient donc maintenant leur production s’adapter à cette nouvelle réalité, des intempéries aux canicules en passant par les maladies favorisées par les conditions climatiques : des vins plus tanniques, plus fort en degrés d’alcool.
Mais ils espèrent bien faire de nouveau du vin rouge pour le prochain millésime. Ces jours-ci, les premiers bourgeons apparaissent sur les vignes mais ils ne sont pas encore sortis d’affaire. « Les anciens parlent des fameux Saints de glace, qui tombent cette année le 13 mai, donc effectivement tant qu’on n’a pas passé cette date-là, on est toujours sous l’épée de Damoclès et il y a le risque qu’on prenne des gelées à -4, -5°C, qui, malgré tout, même si on a du retard, à ce stade, auraient un petit impact » redoute le président de la cave des 1001 pierres.
Alors, le vigneron espère un temps clément, doux et sec, autrement dit une météo idéale pour déguster, en terrasse et avec modération, un petit verre de rosé…