
Le président et les dix vice-présidents du Parti populaire européen seront élus lors du congrès du parti qui se tient mardi et mercredi (29-30 avril) à Valence. Selon des sources proches du parti, les trois candidates devraient être élues, de même que les six membres actuels du comité exécutif.
Le parti de centre-droit tient ce mardi et mercredi un congrès à Valence, en Espagne.
Mardi, Manfred Weber, à la fois chef du Parti populaire européen et du groupe du PPE au Parlement européen, devrait être reconduit à la présidence du parti pour un mandat de trois ans. Il est le seul candidat en lice.
Le lendemain, les délégués du PPE éliront leurs trésoriers et secrétaires généraux et devront également choisir parmi douze candidats pour les dix vice-présidences du groupe.
Les vice-présidents sont chargés de diriger les groupes de travail et autres activités parlementaires du parti. Avec le président, ils dirigent les membres du PPE en plénière et représentent le groupe à l’extérieur.
Le processus
Les délégués du PPE pourront voter pour cinq candidats. Tout bulletin comportant moins de cinq noms sera déclaré nul.
Conformément aux règles du parti, les délégués doivent déclarer à l’avance s’ils votent pour plus de cinq candidats et indiquer le nombre exact.
Dans la pratique, ce système laisse une grande marge de manœuvre pour « manipuler » les chiffres et exclure les candidats les moins fidèles au président de parti.
Les candidates
Une source du PPE a indiqué que les trois femmes en lice devraient être retenues pour des raisons d’équilibre entre les sexes. Il s’agit de l’ancienne députée européenne et commissaire bulgare Mariya Gabriel, de la commissaire croate chargée de la Méditerranée Dubravka Šuica et de l’ancienne commissaire aux Services financiers Mairead McGuinness.
Neuf candidats masculins devraient se disputer les sept postes restants.
Selon cette même source, les candidats issus de grands pays devraient avoir plus de chance d’être retenus que ceux issus de petits pays.
Les eurodéputés roumain et allemand Siegfried Mureșan et David McAllister, véritables pilliers du PPE, sont considérés comme « intouchables », selon une autre source.
Le Premier ministre finlandais Petteri Orpo, qui, selon certains membres du PPE, lorgne un poste de haut niveau au sein de la Commission européenne, ainsi que le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, médiateur entre le PPE et la Première ministre italienne Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia, Conservateurs et Réformistes européens/CRE), sont aussi considérés comme des poids lourds. Il en va de même pour le candidat grec, Kostis Hatzidakis, vice-Premier ministre et ancien chef de plusieurs ministères, qui a également été député européen.
Le commissaire européen à la Migration, l’Autrichien Magnus Brunner, est également considéré comme un candidat de premier plan et suit l’objectif du PPE de durcir le ton en matière de migration.
La situation semble un peu moins évidente pour le ministre portugais des Affaires étrangères, Paulo Rangel, qui vient d’un petit pays et ne fait pas partie du cercle restreint de Manfred Weber, mais une source a laissé entendre qu’il serait difficile d’« écarter » un ministre des Affaires étrangères de l’une des vice-présidences.
L’eurodéputé polonais Andrzej Halicki a également une chance de devenir vice-président, car Manfred Weber ne souhaite pas déteriorer davantage ses relations avec la Plateforme civique polonaise.
Cependant, les récentes déclarations du candidat polonais pourraient lui causer des ennuis. Il a en effet insisté sur le fait que le PPE devait continuer à travailler avec les forces pro-européennes — une vision qui va à l’encontre de l’intention de Manfred Weber de se tourner davantage vers la droite de l’échiquier politique pour former des alliances et des majorités.
Le député européen belge Wouter Beke a quant à lui peu de chance d’obtenir une vice-présidence.
Selon une autre source du PPE, le scénario le plus vraisemblable est que les six candidats qui font actuellement partie du comité exécutif du PPE seront réélus.
Il s’agirait de Mariya Gabriel, Siegfried Mureșan, Petteri Orpo, Andrzej Halicki, Dubravka Šuica et David McAllister, mais pas de Mairead McGuinness.
Avec cette composition, cinq vice-présidences seraient occupées par des femmes.
« Nous aurons pour la première fois une femme au poste de secrétaire générale, ce qui est un signal fort en faveur de l’équilibre entre les sexes au sein de notre parti », a ajouté la source.
Pour le dernier poste disponible, selon la même source, Kostis Hatzidakis et Magnus Brunner sont deux candidats sérieux.
Un parti influent en pleine consolidation
Les familles politiques membres du PPE ont gagné en influence avec les dernières élections qui ont eu lieu en Europe.
Treinze des 27 commissaires européens, ainsi que la présidente Ursula von der Leyen, appartiennent au PPE. Et, une fois que Friedrich Merz aura pris ses fonctions de chancelier allemand, treize chefs d’État et de gouvernement représenteront le PPE aux réunions du Conseil européen. De plus, le PPE est le plus grand groupe au Parlement européen, avec 188 eurodéputés.
Jusqu’à présent, les différents membres du PPE étaient pour la plupart indépendants, et le PPE servait davantage de plateforme informelle pour les réunions des responsables nationaux que de point de centralisation des politiques. Durant son premier mandat, Manfred Weber s’est efforcé de changer cette situation et de faire du PPE une plateforme au sein de laquelle partis nationaux, eurodéputés, diplomates et commissaires suivent une même ligne politique.
Lundi 28 avril, Manfred Weber confiait au Point que le PPE avait « reçu des citoyens européens un mandat fort pour diriger ». Le Bavarois de 52 ans compte donc user de cette influence pour réorienter les politiques européennes dans un certain nombre de domaines.