Conclave : qui sera le prochain pape ? Le profil des 19 papabiles | Le Grand Continent

Les cardinaux n’ont pas de tendance politique clairement affichée : il n’y a dans l’Église romaine ni majorité, ni opposition. Il est toutefois possible de déceler des indices de positionnement selon une grille pertinente depuis le concile Vatican II (1962-1965), qui oppose les tenants progressistes d’une plus grande ouverture de l’Église au monde et de réformes d’ampleur, et des conservateurs partisans de réformes mesurées, du maintien de l’intégralité de la doctrine, et de l’application rigoureuse de l’ancienne discipline ecclésiastique, même quand elle semble en contradiction avec certaines valeurs des sociétés démocratiques.

Les cardinaux électeurs peuvent également être classés selon une seconde grille, qui évalue cette fois leur proximité avec le pouvoir central de l’Église, ou au contraire leur marginalité.

Nous avons donc cherché à positionner les cardinaux sur ce double axe : progressiste/conservateur ; périphérique/central.

Les papabiles (ou papabili en italien…) sont les cardinaux qui cumulent nombre d’atouts pour devenir papes : notoriété, charisme, expérience ecclésiale variée et internationale, multilinguisme, profil équilibré — en âge et sensibilité ecclésiale —, sens du dialogue tout en ayant une personnalité affirmée. À partir de notre analyse granulaire des profils des 135 cardinaux électeurs, nous vous proposons de découvrir le profil politique des 19 cardinaux qui ont le plus de chance d’accéder au trône de Pierre. Vous pouvez consulter à chaque fois leur profil complet en cliquant sur « Lire plus ».

Nous lançons la plus grande collection de données ouvertes sur les cardinaux électeurs, l’histoire, la géographie et la géopolitique de cette institution singulière. Pour découvrir notre Observatoire du conclave, cliquez ici

Soutenez nos travaux en vous abonnant au Grand Continent

Cardinal Fridolin Ambongo Besungu

Archevêque de Kinshasa

Assez conservateur (+3) ; plutôt périphérique (-2)



Par ses fonctions à la tête du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), comme par son rôle à la tête de l’Église congolaise, qui fait office de rempart de la société civile dans un pays immense et dévasté, le cardinal Ambongo est la figure de proue de l’Église catholique en Afrique subsaharienne, et est sans doute le plus crédible des papabiles africains.

Ses prises de position publiques courageuses ont été unanimement saluées, de même que ses efforts de médiation dans la guerre civile congolaise. Il a une expérience irremplaçable des défis de l’Église catholique africaine, dans le seul continent où elle croît plus vite que la population, mais connaît aussi des problèmes spécifiques — concurrence des évangéliques, formation du clergé —, à la mesure de sa croissance. Conservateur en théologie morale comme nombre de prélats africains, le cardinal Ambongo s’est opposé à la déclaration Fiducia Supplicans ouvrant la possibilité de bénir des couples de même sexe, et a défendu le célibat sacerdotal. Il se montre très soucieux des défis de l’inculturation, et, quant au changement climatique, est résolument dans la lignée du pape François : il a défendu les énergies renouvelables dans un pays connu pour son extractivisme minier. 

Né au Congo, il se destine assez tôt à la vie religieuse, et entre chez les frères mineurs capucins, où il fait profession en 1981, et prononce ses vœux perpétuels en 1987. Il étudie la philosophie à Bwamanda, et la théologie à Kinshasa, à l’Institut Saint-Eugène-de-Mazenod ; il est diplômé en théologie morale de l’Académie alphonsienne de l’université du Latran (Rome), et soutient en 1995 une thèse sur l’éthique du développement intégral au Zaïre. Ordonné prêtre le 14 août 1988, il est d’abord affecté en paroisse, puis devient rapidement professeur aux facultés catholiques de Kinshasa, future université catholique du Congo ; il enseigne également la théologie morale à l’Institut-de-Mazenod (1995-2005). Au sein des capucins, il devient supérieur majeur, vice-provincial pour le Congo.  

En novembre 2004, il est nommé par Jean-Paul II évêque de Bokungu-Ikela (centre du pays) ; de 2008 à 2015, il est également administrateur apostolique du diocèse de Kole. En 2016, François le nomme administrateur apostolique puis archevêque de son siège métropolitain, le diocèse de Mbandaka-Bikoro ; la même année, il est vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo. Dans un pays ravagé par les guerres où la voix de l’Église catholique porte, il ne reste pas à l’écart de la scène nationale : il condamne les tentatives du président Joseph Kabila de repousser les élections, et défend les manifestants pro-démocratie. Il prend clairement position contre une nouvelle candidature de Kabila. En février 2018, le pape le nomme coadjuteur de l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya (1939-2021) : il obtient donc le droit à sa succession automatique, effective en novembre de la même année. L’année suivante, il est créé cardinal.

En 2020, il devient lui aussi membre du « C9 », le conseil central de 9 cardinaux éminents chargés de conseiller François. Il continue à prendre position sur des sujets nationaux, dénonçant l’assassinat d’opposants et la partialité de la justice, ce qui lui vaut parfois d’être inquiété. Depuis 2023, il est président du SCEAM.

Lire plus

Cardinal Anders Arborelius

Évêque de Stockholm

Plutôt conservateur (+2) ; périphérique (- 3)


blank


Prélat réputé pour son calme, son sens de la mesure et de la spiritualité, le cardinal Arborelius est un papabile conservateur raisonné, profondément marqué par la vie religieuse qu’il a menée pendant 27 ans.

Aussi polyglotte que peu ambitieux, il peut paraître ratzingérien dans ses orientations (défenseur du célibat sacerdotal), classique dans ses dévotions, et conservateur en théologie morale, mais bergoglien dans sa position à la tête d’une Église périphérique. 

Sur les questions migratoires et environnementales, il est pleinement dans la ligne de François. Il a restreint la faculté de célébrer la messe traditionnelle en latin dans son diocèse. Son élection signifierait en quelque sorte un recentrement sur une Église plus humble et synodale, mais aussi plus spirituelle.

Anders Arborelius n’est pas né dans une famille catholique mais protestante luthérienne ; il grandit à Lund, puis y étudie les langues modernes. En 1969, à l’âge de 20 ans, il se convertit au catholicisme ; il souhaite d’abord être prêtre diocésain, mais décide de rejoindre l’ordre des carmes déchaussés après avoir lu L’Histoire d’une âme, de Thérèse de Lisieux : il entre au carmel de Norraby, seul monastère de ce type en Suède, en 1971. Il parfait sa formation avec une licence en théologie à Bruges et à Rome au Theresianum, la faculté pontificale des carmes. En 1977, il prononce ses vœux perpétuels comme carme déchaux, et est ordonné prêtre pour son monastère le 8 septembre 1979. Il y reste jusqu’en décembre 1998, où il est choisi par Jean-Paul II comme évêque de Stockholm, dans un pays où la discrimination légale des catholiques n’a cessé qu’en 1951 : après avoir hésité à accepter, il devient alors le premier évêque catholique d’origine suédoise depuis la Réforme. 

Lire plus

Cardinal Jean-Marc Aveline

Archevêque de Marseille

Plutôt libéral (- 2) ; plutôt central (+ 2)


blank


Le seul papabile français cumule nombre d’atouts : pasteur attentif d’un diocèse multiculturel touché par une grande pauvreté, engagé résolument en faveur du dialogue interreligieux, érigeant la Méditerranée et la condition migrante au rang de lieux théologiques, demandant la tenue d’un synode spécial à ce sujet — et se positionnant en cela comme émule du pape François, qui l’a bien remarqué —, Jean-Marc Aveline est tout à la fois un intellectuel érudit et un homme très chaleureux, au sens du contact et de l’écoute naturels.

Prélat d’ouverture en politique comme en théologie morale, il sait également dialoguer avec des sensibilités plus conservatrices, et a participé lui-même à des cérémonies selon le rite traditionnel latin. Il est la figure de proue d’une Église de France qui a énormément perdu en influence sous le pontificat de François. Sa carrière quasi exclusivement marseillaise et son expérience internationale relativement limitée avant son accession au cardinalat pourraient en revanche représenter des handicaps.

Né en Algérie, d’une famille de pieds-noirs, marquée par l’expérience du déracinement, Jean-Marc Aveline grandit à Marseille et gravit simultanément les échelons diocésains : vicaire épiscopal pour la recherche universitaire (1996), vicaire général (2007), puis, le 19 décembre 2013, nommé évêque auxiliaire de Marseille, consacré évêque par son archevêque en titre Georges Pontier (né en 1943, alors président de la Conférence des évêques de France), il est choisi par le pape François pour lui succéder en 2019 (alors qu’il est rare de passer directement d’un poste d’évêque auxiliaire à un siège métropolitain important). Son parcours, on le voit, aura eu Marseille comme unique point d’ancrage. 

Il est créé cardinal le 27 août 2022, à la différence de son prédécesseur, et reçoit plusieurs marques de considération attentive de François, qui culminent dans le voyage du pape à Marseille en septembre 2023. À la Curie, il est membre du Dicastère pour les évêques, et a été consulteur du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Enfin, en mars 2025, il est élu président de la Conférence des évêques de France. 

Lire plus

Cardinal Charles Maung Bo

Archevêque de Rangoun

Plutôt conservateur (+ 1) ; très périphérique (- 4)


blank


Issu d’une ultra-périphérie de l’Église catholique, le cardinal Bo est en même temps l’un des cardinaux asiatiques qui a accumulé le plus d’expérience diocésaine, dans des terrains très difficiles : sans illusion sur la junte militaire birmane et son allié chinois, il sait cependant faire œuvre de diplomatie, et son engagement humanitaire a été unanimement salué. 

Son attitude face à la junte et durant la guerre civile a forcé le respect de ses pairs. Tenant d’une ligne classique, mais plutôt engagé en faveur de la synodalité, il a une expérience de terrain des défis migratoires, de l’accueil des réfugiés et du dialogue interreligieux, et partage la prédilection des Salésiens pour les questions éducatives. Comme l’un des principaux papabiles asiatiques, son élection signifierait la concrétisation de la vision bergoglienne d’une Église « hôpital de campagne ». 

Né dans une famille d’agriculteurs, tôt orphelin de père, il est éduqué par les religieux salésiens à Mandalay ; entre 1962 et 1972, il étudie au séminaire salésien de Nazareth près de Maymyo ; il est ordonné prêtre dans cette congrégation le 9 avril 1976. Il devient alors curé de paroisse, et exerce son ministère principalement auprès des minorités ethniques du Myanmar. Le 19 mai 1985, il est nommé administrateur, puis préfet apostolique (1986) de Lashio (Nord du pays), puis est consacré évêque cinq ans plus tard (16 décembre 1990), lorsque la préfecture apostolique a suffisamment grandi pour être érigée au rang de diocèse. C’est dans ce cadre qu’il fonde une nouvelle congrégation de missionnaires, la Congrégation des Frères et Sœurs de Saint-Paul. En 1996, il est transféré comme évêque de Pathein (Sud). De 2000 à 2005, et à nouveau entre 2020 et 2024, il est président de la Conférence des évêques du Myanmar En 2001, Jean-Paul II le nomme membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, puis, en 2003, archevêque de Rangoun, à la tête de l’Église birmane. En 2009, Benoît XVI l’appelle également au Conseil pontifical de la culture. En février 2015, François le crée cardinal, malgré la faible proportion de catholiques en Birmanie, ou peut-être précisément à cause d’elle : il devient le premier cardinal originaire du Myanmar. À la Curie romaine, il est également membre des Dicastères pour les Instituts de Vie consacrée et pour la Communication. Enfin, de 2018 à 2021, il a présidé la Fédération des conférences épiscopales d’Asie.

Lire plus

Cardinal Stephen Brislin

Archevêque de Johannesburg

Libéral (- 3) ; périphérique (- 3)


blank


Le cardinal Brislin, Africain d’ascendance européenne, est un papabile libéral à la personnalité modeste, reconnu pour son leadership sur les questions sociales. 

Très engagé sur les questions migratoires, dans la lutte contre la misère et pour le développement, sans oublier les enjeux écologiques, il passe pour un expert reconnu de ces thématiques. Si sa devise cardinalice — « Veritas in Caritate » — rend hommage à une encyclique de Benoît XVI, il se situe tout à fait dans la filiation bergoglienne. Son progressisme est prudent et graduel sur les questions morales, ce qui pourrait lever bien des préventions.

D’origine irlando-écossaise, éduqué par les Frères des Écoles chrétiennes, il commence un cursus en psychologie à l’université du Cap, puis entre au séminaire de Pretoria, terminant sa formation à Londres (Institut Missionnaire de Mill Hill, de réputation progressiste) et à Louvain (baccalauréat canonique). Il est ordonné prêtre dans sa ville natale de Welkom le 19 novembre 1983, et incardiné dans le diocèse de Kroonstadt (Nord du pays). Chapelain (1984-1985) puis curé de paroisse (1986-1989), il devient en 1990 vicaire général de son diocèse, puis son administrateur diocésain lors de sa longue vacance (2003-2006). Il est enfin choisi comme nouvel évêque de Kroonstadt  et est consacré par son métropolitain, l’archevêque de Bloemfontein. En 2009, Benoît XVI le promeut archevêque du Cap.

Élu président de la Conférence épiscopale d’Afrique australe entre 2013 et 2019 (qui englobe aussi Botswana et Eswatini), il participe à ce titre au synode pour la famille de 2014. Avec les autres évêques, il prend position dans la crise politique de 2017 en Afrique du Sud, demandant la convocation du Parlement. Il est créé cardinal par François en septembre 2023 ; enfin, en octobre 2024, il est transféré comme archevêque de Johannesburg. 

Lire plus

Cardinal Willem Jacobus Eijk

Archevêque d’Utrecht

Conservateur (+ 4) ; relativement périphérique (- 1)


blank


Le cardinal Eijk est un papabile clairement conservateur, à la tête d’une Église catholique qui se déploie dans l’une des sociétés les plus sécularisées au monde : l’on considère en effet que les deux tiers des églises autrefois actives aux Pays-Bas seront fermées d’ici la fin de la décennie. Identifié comme un spécialiste des questions bioéthiques, il porte des positions tranchées et classiques en théologie morale — défense de l’encyclique Humanae vitae, condamnation des unions homosexuelles — et pour le maintien de la discipline du célibat sacerdotal. Sur les questions migratoires, seules quelques nuances le séparent du pape François. Profil polyglotte, savant et réfléchi, sur une ligne wojtylo-ratzingérienne assez intransigeante, il s’est relativement tenu à l’écart des controverses dans lesquelles d’autres cardinaux conservateurs ont été embarqués, ce qui obère moins ses chances au prochain conclave. 

Né à Duivendrecht en Hollande-Septentrionale, d’un père protestant et d’une mère catholique, il étudie d’abord la médecine à l’université d’Amsterdam, et devient médecin (1978-1979), avant d’entrer au séminaire de Kerkrade (Limbourg), parallèlement à une formation en éthique médicale à l’université de Leyde. Il est ordonné prêtre en 1985, et incardiné dans le diocèse de Ruremonde, où il est aumônier. Il achève ses études à Rome, comme docteur en philosophie de l’Angelicum (l’université dominicaine de Rome), et docteur en théologie de l’université pontificale du Latran. D’abord professeur de théologie morale au séminaire de Kerkrade, il enseigne ensuite à la Faculté de théologie de Lugano (Suisse). De 1997 à 1999, il est membre de la Commission théologique internationale. 

Le 17 juillet 1999, il est nommé évêque de Groningue-Leeuwarden, et reçoit la consécration épiscopale le 6 novembre suivant. En 2004, il est nommé par Jean-Paul II membre de l’Académie pontificale pour la Vie, et réélu membre en 2017 après les transformations de cette instance par François. En 2007, Benoît XVI le promeut au siège métropolitain d’archevêque d’Utrecht. Membre de la congrégation pour le Clergé à la Curie (2008), il est aussi élu président de la Conférence épiscopale des Pays-Bas en 2011. En février 2012, Benoît XVI l’élève au cardinalat, et le fait membre de la Congrégation pour l’Éducation catholique : l’année suivante, il participe au conclave de 2013. Quoique moins en cour sous François, il rejoint encore en 2014 le Conseil pontifical pour les laïcs. En novembre 2022, il a demandé au pape François d’écrire une encyclique contre la théorie du genre. 

Lire plus

Cardinal Peter Erdö

Archevêque de Budapest

Conservateur (+ 3) ; central (+ 3)


blank


Le cardinal Erdö peut être identifié comme l’un des principaux papabiles conservateurs : universitaire polyglotte — il maîtrise 8 langues, du latin au slovaque — travailleur acharné et homme de compromis, tout autant que grand spécialiste du droit canonique, il a joui de la confiance de Jean-Paul II et de Benoît XVI, sans être mis sur la touche par François.

Il est connu pour sa dévotion mariale. C’est un grand défenseur du dialogue œcuménique avec les Églises orthodoxes. Très classique en théologie morale, il a pris position contre la réadmission à la communion des personnes divorcées remariées, contre la reconnaissance des unions homosexuelles, contre la contraception et l’avortement. 

Fait notable, il a fait entendre une vraie divergence avec François sur les questions migratoires en 2015, affirmant que soutenir l’accueil massif de réfugiés équivaudrait à accepter le trafic d’êtres humains. À côté du changement climatique, qu’il reconnaît, il identifie avec des accents ratzingériens un « changement anthropologique » tout aussi dangereux. Pour autant, il serait bien trop réducteur d’en faire un séide du calviniste Viktor Orban, avec qui les relations ont connu des hauts et des bas. Si ses orientations sont indéniablement conservatrices, il ne braquerait pas non plus les progressistes contre lui, ce qui pourrait contribuer à faire émerger sa candidature.

En novembre 1999, il est nommé évêque auxiliaire de Szekesfehervar (Hongrie centrale), et reçoit la consécration épiscopale de Jean-Paul II en personne ; en décembre 2002, il est transféré comme archevêque d’Esztergom et Budapest, siège primatial de Hongrie, puis est créé cardinal en octobre 2003 : à 51 ans, il est alors le benjamin du Sacré Collège, et le reste jusqu’en 2010. Il est élu en septembre 2005 président de la Conférence épiscopale hongroise, où il reste en poste jusqu’en 2015 ; d’octobre 2006 à octobre 2016, il effectue deux mandats remarqués comme président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), un organisme clé qui coordonne les politiques ecclésiales à l’échelle européenne.

Lors du conclave de 2013, il avait déjà fait figure de papabile. Signe de son poids évident, le pape François le désigne comme rapporteur général du synode sur les défis pastoraux de la famille en 2014-2015, où il doit jouer une délicate partition d’équilibriste entre progressistes et conservateurs. À la Curie romaine, il est ou a été membre de la secrétairerie d’État comme de très nombreux dicastères (pour l’Éducation catholique, pour le Culte divin, pour l’Interprétation des Textes législatifs, au Tribunal de la Signature Apostolique) et, depuis 2020, siège au Conseil pour l’économie institué par François.

Lire plus

Cardinal Mario Grech

Secrétaire général du Synode des évêques

Très progressiste (- 4) ; central (+ 4)


blank


Prélat aux orientations classiques sous Benoît XVI, le cardinal Grech est depuis devenu extrêmement bergoglien, et a semblé jouir d’un très grand crédit de la part du pape François. 

Sa faveur a pourtant été intermittente : en 2015, lui a été préféré comme archevêque de Malte son rival Mgr Charles Scicluna, qui avait également l’oreille de François, et fait figure d’expert dans la lutte contre les abus sexuels. Mario Grech est sur une ligne progressiste clairement affirmée sur tous les sujets : en faveur de la bénédiction des couples homosexuels, ouvert à la possibilité de femmes diacres, profondément « synodal » ès qualités — et décrit en effet comme un homme à l’écoute —, il aurait soutenu le Chemin synodal allemand, que François lui-même tâchait de freiner, dans sa voie de réformes radicales et de décléricalisation.

Né à Malte, il effectue ses études secondaires au Maroc, à Rabat, puis entre en 1977 au séminaire de Gozo (l’une des deux îles principales de l’archipel maltais). Il est ordonné prêtre pour le diocèse de l’île le 26 mai 1984 ; il est licencié in utroque jure (en droit civil et canon) de l’université pontificale du Latran, et docteur en droit canonique de l’Angelicum, l’université dominicaine de Rome. Vicaire à la cathédrale de Gozo, puis au sanctuaire national de Ta’Pinu, il devient par la suite curé du cathédral de Qercem, professeur de droit canonique et official diocésain (juge canonique au nom de l’évêque).

En novembre 2005, Benoît XVI le nomme évêque de Gozo ; où il est consacré par son prédécesseur ; en septembre 2013, il préside la petite conférence épiscopale maltaise ; son discours lors du synode pour la Famille en 2014 a été remarqué par François, qui l’a félicité. 

Pressenti pour devenir archevêque de Malte, il est finalement nommé en 2019 pro-secrétaire général du Synode des évêques, adjoint et successeur désigné du secrétaire général en titre, le très bergoglien cardinal Lorenzo Baldisseri (né en 1940). Au sein cette instance consultative permanente, instaurée par Paul VI à la suite du concile Vatican II pour promouvoir une gouvernance plus collégiale de l’Église, il doit soutenir les orientations de François, qui, malgré un style de gouvernement autoritaire, souhaite sa remise à l’honneur. En novembre 2020, une fois devenu secrétaire général de plein exercice, il est créé cardinal. Décrit comme proche de François, il œuvre résolument en faveur de la « conversion synodale » de l’Église que le pape appelle de ses vœux : il est devenu une figure centrale du « synode sur la synodalité » dont il a contribué à définir les grands axes.

Lire plus

Cardinal Claudio Gugerotti

Préfet du Dicastère pour les Eglises orientales

Relativement libéral (- 2) ; central (+ 3)


blank


À la fois universitaire reconnu et diplomate d’expérience, aussi polyglotte — il parle 9 langues, dont le russe, l’arménien et le kurde — que discret, le cardinal Gugerotti cumule nombre d’atouts en regard des défis qui se présentent à l’Église : grand défenseur de traditions chrétiennes orientales qui se sentent parfois reléguées, il est engagé en faveur de l’oecuménisme avec les Églises orthodoxes et apostoliques (ou non-chalcédoniennes) ; comme nonce, il a eu l’expérience de périphéries où le catholicisme est en ultra-minorité, et de régions touchées par des conflits brutaux, mais il connaît très bien aussi les grandes nonciatures et les bureaux centraux de la Curie. En Ukraine, il a eu de bonnes relations avec les Églises locales, et il passe pour  partisan d’une ligne plus dure à l’égard de la Russie — qui n’a pas été suivie par François.

Il est décrit comme très proche du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, qui l’a constamment appuyé, et pourrait représenter un choix alternatif crédible dans le cas où la candidature de Parolin serait trop voyante : il est comme lui grand diplomate, et sur une ligne modérée, relativement libérale tout en sachant éviter les clivages. Toutes ces raisons font de lui une figure éminemment papabile.

Né à Vérone, il est ordonné prêtre pour ce même diocèse le 29 mai 1982, et rejoint la Pieuse Société de Don Mazza, un petit institut séculier. C’est encore dans cette ville qu’il enseigne la patristique, à l’Institut théologique San Zeno (1981-1984), et les théologie et liturgie orientales à l’Institut d’études oecuméniques (1982-1985). Il obtient une licence en langues et littératures orientales à l’université Ca’Foscari de Venise, et une licence en liturgie à Rome, à l’Athénée Saint-Anselme, d’obédience bénédictine. Dès 1985, ses compétences linguistiques rares lui valent de rejoindre la Congrégation pour les Eglises orientales à la Curie romaine. Institué en 1917, ce Dicastère est en charge des 23 Églises catholiques orientales, rattachées à Rome, mais dotées de leurs rites propres et de leur autonomie interne, et comptant une vingtaine de millions de fidèles. En décembre 1997, il en devient le sous-secrétaire (n°3), le préfet en titre étant le puissant cardinal Achille Silvestrini (1923-2019), qui favorise sa carrière. Parallèlement, il enseigne la patristique, la langue et la littérature arméniennes à l’Institut pontifical oriental, la faculté romaine chargé de l’Orient chrétien, où il obtient un doctorat en sciences ecclésiastiques orientales (1996). Spécialiste de l’Arménie, il a aidé Jean-Paul II à célébrer la liturgie selon le rite arménien. En 1988, il vient en aide à l’Arménie à la tête d’une humanitaire de Caritas Italie après un séisme meurtrier. 

En décembre 2001, Jean-Paul II l’élève au rang d’archevêque titulaire, le consacre lui-même évêque (en janvier 2002), et le nomme nonce apostolique pour la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan : trois pays dont il est spécialiste, et où l’Eglise catholique est ultra-minoritaire parmi une population très majoritairement orthodoxe (Géorgie), chrétienne orientale indépendante (Arménie) ou musulmane (Azerbaïdjan). En 2011, Benoît XVI le transfère comme nonce en Biélorussie, un autre terrain qui n’est guère plus facile, la petite Église catholique souffrant des brimades du président Loukachenko. En 2015, cette fois, François le fait nonce en Ukraine : dans le contexte récent  de l’Euromaïdan et de la sécession-invasion russe du Donbass, cette nomination prend un relief particulier, en direction d’un pays multiconfessionnel où la part des catholiques est plus significative (s’y trouve la plus grande Eglise catholique orientale). Enfin, en 2020, il est nommé nonce en Grande-Bretagne, un poste diplomatique de prestige. En novembre 2022, cependant, il est rappelé à Rome par François, qui le nomme préfet du Dicastère pour les Eglises orientales pour succéder au cardinal Leonardo Sandri (né en 1943), un diplomate de Curie argentin, qui n’était pourtant pas réputé proche du pape François. Il est créé cardinal-diacre en juillet 2023. 

Lire plus

Cardinal Jean-Claude Hollerich

Archevêque de Luxembourg

Très progressiste (- 5) ; plutôt central (+ 1)


blank


Le cardinal Hollerich est sans doute le papabile le plus progressiste, sur une ligne qu’on pourrait qualifier d’ultra-bergoglienne : jésuite polyglotte, très engagé en faveur de l’Union européenne, attentif au dialogue avec le monde sécularisé et les autres religions, en faveur d’une « conversion synodale » de l’Église et d’un « aggiornamento perpétuel », il est aussi le plus libéral en théologie morale : il a déclaré que les racines scientifiques de l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité étaient erronées ; a également envoyé des signaux favorables à l’ordination des femmes comme diacres et prêtres ; et s’est prononcé pour un célibat des prêtres facultatif

Il reste cependant fermement opposé à l’avortement et au suicide assisté, tout en plaidant pour que l’Église ne se focalise pas sur ces seules questions. Il est défavorable à la messe traditionnelle en latin. 

En 2011, Benoît XVI le nomme archevêque de Luxembourg ; sa consécration épiscopale a lieu en présence de la famille grand-ducale et du Premier ministre Jean-Claude Juncker. En mars 2018, il acquiert une visibilité nouvelle en étant élu président pour 5 ans de la Commission des épiscopats de la communauté européenne (COMECE), soit la représentation de l’épiscopat auprès de l’Union européenne. C’est ce dernier poste qui lui vaut d’être créé cardinal en octobre 2019 par François : il devient dès lors le premier véritable luxembourgeois à accéder au cardinalat — si l’on excepte le bienheureux Jean, issu de la Maison de Luxembourg mais français, au XVe siècle. À la Curie romaine, il devient membre des dicastères pour la Culture et pour le dialogue interreligieux. Ses marques de faveur ne s’arrêtent pas là : en juillet 2021, le pape le nomme rapporteur du synode pour promouvoir une Église synodale, ce qui entre tout à fait dans ses vues ; et en mars 2023, il est nommé membre du « C9 », conseil central de 9 cardinaux éminents chargés de conseiller François. 

Si sa voix pèsera certainement lors du conclave, ses similitudes avec le pape François limitent aussi son caractère papabile (de même d’ailleurs que sa nationalité luxembourgeoise) : il est peu probable que les cardinaux élisent deux fois d’affilée un jésuite, avec des orientations similaires, voire accentuées.

Lire plus

Cardinal Konrad Krajewski

Aumônier apostolique du Saint-Siège, préfet du Dicastère pour le service de la Charité

Relativement libéral (- 1) ; relativement périphérique (- 2)


blank


Par son action au service des nécessiteux, le cardinal Krajewski a été surnommé le « Robin des Bois du Pape ». Homme d’une rare discrétion, il s’est très peu exprimé en dehors de ses sujets de compétence immédiats, qui lui ont fait souligner la centralité de la Miséricorde divine en action et de l’aide aux pauvres et aux exclus. On sait cependant qu’il a été en faveur de l’ouverture des églises pendant la crise du Covid.

À partir de mars 2022, il a accompagné un autre proche du pape, le cardinal Czerny, pour des missions humanitaires en Ukraine, qui ont peut-être donné lieu à des négociations en parallèle de celles du cardinal Zuppi, l’envoyé officiel du Saint-Siège. 

Il est par excellence l’homme des missions discrètes et paradoxalement, aussi, des gestes prophétiques, pour mettre en œuvre une certaine idée de la radicalité évangélique. 

Il présente le profil rare d’un prélat wojtylien en accord avec les grandes orientations bergogliennes sur les questions migratoires, et dans l’ouverture de l’Eglise aux périphéries les plus éloignées, comme les prostitués transgenres de Rome, qu’il rencontre fréquemment. Cela contribue à faire de lui un grand électeur, sinon un véritable papabile.

Lire plus

Cardinal José Tolentino de Mendonça

Préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation

Très progressiste (- 5) ; très central (+ 4 )


blank


Papabile polyglotte et médiatique, à la faveur bergoglienne météoritique, le cardinal Mendonça apparaît comme un « faiseur de ponts » entre l’Église catholique et le monde profane, notamment des milieux culturels souvent décrits comme indifférents ou hostiles.

Figure la plus littéraire du Collège cardinalice, avec une sensibilité et un talent poétique certains, c’est également l’une des plus progressistes : très tolérant sur les questions LGBT, en dialogue avec des secteurs progressistes contestataires, il est aussi engagé dans la conversion synodale de l’Église et une ouverture au monde qui peut prendre la forme d’une véritable acculturation. Il est également proche de la communauté de Sant’Egidio. Il est décrit comme un bon négociateur, quoiqu’avec un style de gestion assez personnel. Enfin, sa nationalité portugaise, apte à prendre en compte les réalités lusophones et latines, centrales à l’échelle de l’Église, tout en lui donnant une expérience des périphéries via Madère et l’Angola, renforce encore sa stature de papabile.

Ses activités littéraires d’écrivain, essayiste, dramaturge et poète, auteur de plus de 50 livres en anglais et portugais à ce jour, pour lesquels il a reçu une quinzaine de prix littéraires et théologiques, l’orientent naturellement vers un rôle de passeur entre le monde culturel et l’Église : directeur du secrétariat pour la pastorale de la Culture au sein de l’épiscopat portugais entre 2004 et 2014, il est nommé en 2011 par Benoît XVI membre du Conseil pontifical de la Culture.

En 2018, il prêche la retraite annuelle de Carême à la Curie romaine, à la demande du pape François : ses évocations des grands auteurs sacrés comme profanes font forte impression, au point que François va préfacer le recueil qui en est issu, Éloge de la soif. La même année, le pape le choisit comme archiviste et bibliothécaire du Saint-Siège pour succéder à l’archevêque dominicain français Jean-Louis Bruguès — l’une des bêtes noires de Jorge Mario Bergoglio selon plusieurs sources — : il reçoit la consécration épiscopale du patriarche de Lisbonne le 28 juillet 2018 ; en octobre 2019, il est créé par François cardinal-diacre.

Les signes de sa grande faveur se voient à ce qu’il est membre de très nombreux autres dicastères du Saint-Siège — pour l’Évangélisation, pour les Causes des Saints, pour les Évêques, pour le Culte divin, pour la Doctrine de la Foi — et surtout à ce qu’il est choisi en 2023 pour devenir le premier préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation, nouvellement constitué par François du fait de la réorganisation de la Curie romaine : à la tête d’un dicastère qui regroupe deux entités auparavant autonomes, le cardinal Mendonça est d’autant plus puissant.

En 2024, il est enfin commissaire du pavillon du Vatican à la Biennale de Venise, à laquelle le pape se rend pour la première fois. D’ores et déjà reconnu comme une des voix majeures de la littérature portugaise contemporaine, il voit cinq de ses livres traduits en français. 

Lire plus

Cardinal Pietro Parolin

Secrétaire d’État du Saint-Siège

Relativement libéral (- 1) ; ultra central, insider (+ 5)


blank


Actuel n°2 du Saint-Siège comme secrétaire d’État depuis les débuts du pontificat de François, le cardinal Pietro Parolin figure de toute évidence comme l’un des papabiles les plus crédibles.

Diplomate chevronné et négociateur de grand style, il est le principal artisan du grand retour du Saint-Siège sur la scène internationale, après les errements de son prédécesseur, le cardinal Bertone. 

On ne compte plus les conférences internationales auxquelles il a participé, les grandes instances mondiales devant lesquelles il a pris la parole, de même que les négociations délicates dans lesquelles il a été impliqué en coulisses : il est reconnu en particulier comme un excellent deal maker avec les pays du « Sud global », y compris certains États notablement hostiles à l’influence de l’Église, comme Cuba.

Il est sur la ligne bergoglienne, qu’il a d’ailleurs contribué à définir, en matière d’écologie et de migrations ; en théologie morale, il a pu exprimer de manière ouverte des positions classiques. Il a une approche plus souple et policée que le pape François. Certains observateurs, parmi les conservateurs, mais pas seulement, lui font cependant grief de l’accord du Saint-Siège avec la Chine de 2018, dont il a été la cheville ouvrière : ils accusent le cardinal Parolin d’avoir sacrifié les catholiques chinois de « l’Église clandestine » sur l’autel de cette nouvelle Ostpolitik, tout à son objectif de rapprochement avec la deuxième puissance mondiale. 

Lire plus

Cardinal Pierbattista Pizzaballa

Patriarche latin de Jérusalem

Plutôt libéral (- 1) ; plutôt périphérique (- 2)


blank


À bien des égards, ce papabile surprise est un outsider : imposé par François à la tête du patriarcat de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa peut-être défini comme résolument « franciscain » dans tous les sens du terme ; à la fois par son appartenance à l’ordre de saint François d’Assise qui a profondément nourri sa pensée, mais aussi par sa grande simplicité et proximité avec ses fidèles, qui lui confèrent un profil tout à fait bergoglien.

Surtout, dans la guerre en cours à Gaza et en Cisjordanie, à la suite des massacres du 7 octobre, il est apparu comme une grande voix en faveur de la paix : un des prélats les plus engagés dans le dialogue judéo-chrétien, il a su forcer le respect de nombreux Israéliens ; dans un geste qui a fait sensation, il a proposé de s’offrir lui-même en otage dans la bande de Gaza en échange du retour d’enfants enlevés le 7 octobre ; il n’a pas craint de se rendre en personne à Gaza au plus fort de l’offensive israélienne, pour y visiter la paroisse catholique et y apporter de l’aide humanitaire. 

Par sa présence comme faiseur de ponts entre deux sociétés majoritairement non-chrétiennes et, à des titres divers, éprouvées dans leur chair, il tente d’incarner la fonction prophétique de l’Église, que François décrivait comme « l’hôpital de campagne » d’un monde meurtri. 

En juin 2016, à la suite de la démission du patriarche de Jérusalem pour le rite latin, Fouad Twal (né en 1940), il est nommé administrateur apostolique du patriarcat — et consacré évêque à cette occasion — et le restera pendant une durée inhabituellement longue, jusqu’en 2020. C’est là le reflet de difficultés financières et de tensions multiples : d’une part entre tenants d’une Église traditionnellement pro-palestinienne, tournée vers le monde arabe, et partisans de l’élargissement de sa pastorale en direction de la société israélienne ; à ce conflit se surajoute ce qui a pu être perçu comme une mainmise des Italiens sur les postes ecclésiaux, vue comme un retour en arrière qui romprait avec les efforts d’inculturation en direction des Arabes chrétiens.

Le pape François passe outre, et choisit bien Pizzaballa comme nouveau patriarche latin de Jérusalem en octobre 2020 : la nomination d’un Italien est un retour à la situation qui prévalait de 1847 à 1987. Pour appuyer son soutien, il le crée cardinal en septembre 2023, alors que le patriarcat latin de Jérusalem est traditionnellement un siège non-cardinalice, car il compte relativement peu de fidèles. À la curie romaine, il est membre du dicastère pour les Églises orientales et de la commission pontificale pour le dialogue avec le judaïsme ; en tant que patriarche, il est également président de Caritas Jérusalem (qui vient en aide aux populations des territoires palestiniens), et grand-prieur de l’ordre des chevaliers du Saint-Sépulcre.

Lire plus

Cardinal Daniel Sturla Berhouet

Archevêque de Montevideo

Conservateur (+ 4) ; périphérique (- 3)


blank


Prélat conservateur dans le pays le plus laïque et sécularisé d’Amérique du Sud, l’Uruguay, le cardinal Sturla Berhouet est sur une ligne nettement ratzingérienne : conservateur en théologie morale, opposé à la reconnaissance des unions homosexuelles, à la communion des divorcés-remariés et au mariage des prêtres, défenseur d’une Église à l’identité claire face au défi de la sécularisation, sur laquelle il a beaucoup travaillé.

S’il a eu maille à partir avec certains secteurs de la gauche laïque uruguayenne, il a partagé avec le pape François, autre latino-américain, un souci pastoral et social certain, sachant se faire proche de ses fidèles. Ce papabile conservateur respecté pourrait être acceptable pour les cardinaux libéraux, mais — outre qu’il est peu probable que se succèdent deux papes d’Amérique du Sud — il n’a que peu d’expérience internationale.

Issu de la classe moyenne, il perd ses parents à l’adolescence, et est soutenu par son frère aîné Hector Martin (1953-1991), lequel fera carrière comme homme politique libéral, jusqu’à présider la Chambre des députés uruguayenne. Il fait ses études secondaires dans un lycée salésien (l’Institut Jean-XXIII de Montevideo), puis devient novice salésien en 1979, et fait profession dans cet ordre en 1980. Poursuivant ses études de théologie à l’Institut Mgr.-Mariano-Soler (il obtiendra sa licence théologique en 2006), il est ordonné prêtre le 21 novembre 1987. Après son ordination, il est à divers titres responsable de la formation du noviciat salésien et maître des novices, tout en enseignant l’histoire de l’Eglise et en dirigeant l’Institut Jean-XXIII. En 2008, il est nommé provincial des Salésiens en Uruguay, puis élu président de la Conférence des religieux d’Uruguay. 

En décembre 2011, il est choisi par Benoît XVI comme évêque auxiliaire de Montevideo (au siège titulaire de Felbes), et consacré évêque ; en 2014, il est promu par François  archevêque de Montevideo, et installé en présence de toutes les autorités politiques du pays. Enfin, il est élevé au cardinalat en février 2015. Outre des fonctions à la conférence épiscopale d’Uruguay (Département des Missions et Laïcs), il est membre de 5 dicastères de la Curie (pour les Instituts de Vie consacrée, l’Évangélisation, le Culte divin, l’administration du Patrimoine du Saint-Siège…), dont la très stratégique Commission pontificale pour l’Amérique latine. 

Lire plus

Cardinal Luis Antonio Tagle

Pro-préfet du Dicastère pour l’Évangélisation

Très progressiste (- 4) ; ultra central (+ 5)


blank


Encore jeune pour un cardinal, très souriant, direct et simple, excellent communicant mais également intellectuel très solide, le cardinal Tagle passe pour l’un des principaux, si ce n’est le principal papabile progressiste.

Sa ligne poursuivrait et accentuerait sans doute celle du pape François, dans l’attention portée à la justice sociale et la priorité accordée aux pauvres, aux migrants et aux exclus. 

Il a défendu l’accord secret entre le Vatican et la Chine ; il est résolument en faveur de la « conversion synodale » de l’Église, dont il fait figure de spécialiste en tant qu’expert de la collégialité. Il a approuvé la nécessité d’un débat sur le célibat des prêtres, et défend une attitude d’ouverture à l’égard des couples de même sexe.

Si François a d’abord fait progresser sa carrière et l’a lui-même installé comme héritier potentiel, depuis, son étoile a beaucoup pâli : à la suite d’audits révélant des lacunes financières, il a dû se démettre en 2022 de la présidence de Caritas International, sous pression du pape. Cette mise à distance est susceptible de diviser les prélats progressistes, comme de lui redonner du lustre auprès des anti-bergogliens. 

En 2020, il est élevé au rang de cardinal-évêque surnuméraire ; mais en 2022, en application de la nouvelle constitution Praedicate Evangelium qui réorganise la curie, il est rétrogradé au rang de pro-préfet du nouveau Dicastère pour l’Évangélisation, le pape lui-même devenant son préfet : ce faisant, François a appliqué à ce Dicastère, devenu le premier dans l’ordre protocolaire, les usages en vigueur pour le Saint-Office avant 1968.

Lire plus

Cardinal Peter Turkson

Préfet émérite du Dicastère pour le développement humain

Conservateur (+ 3) ; plutôt central (+ 3)


blank


D’une longue expérience à la Curie romaine, mais issu d’un pays africain en développement, habitué des forums internationaux, le cardinal Turkson apparaît surtout comme un grand spécialiste de la gestion de crises et de la médiation de conflits, ainsi que de la pensée de l’Église sur les sujets socio-économiques et le développement : lors de la crise financière de 2010-2011, il a publié des textes remarqués à ce sujet.

Tous ces titres font de lui un évident papabile, comme il l’était déjà en 2013, où une campagne médiatique avait d’ailleurs été orchestrée en sa faveur. Conservateur sur les sujets moraux et de société, il particulièrement opposé à la reconnaissance des couples de même sexe. Sur les sujets écologiques, qu’il a abordés précocement et avec force, il se trouve dans une parfaite convergence de vues avec François, même si son étoile semble avoir pâli depuis quelque temps. Quoiqu’engagé pour le dialogue interreligieux depuis ses années ghanéennes, il a provoqué en 2012 une controverse en projetant au Vatican une vidéo accréditant la théorie du « grand remplacement » en Europe.

En 2009, Benoît XVI l’appelle à la Curie, le nommant président du Conseil pontifical « Justice et paix », le dicastère chargé de la promotion de la justice, de la paix et des droits humains dans le monde au nom de l’Eglise. Membre de sept instances de la Curie romaine, il est aussi envoyé en 2011 par Benoît XVI comme médiateur en Côte d’Ivoire, dans le conflit qui oppose Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara. En 2016, il devient envoyé spécial du pape François au Soudan du Sud pour résoudre la guerre civile. Il se spécialise dans les sujets socioéconomiques, au prisme de la doctrine sociale de l’Église. Dans le cadre de la réorganisation de la Curie voulue par François, il devient préfet en 2016 d’un nouvel organisme aux compétences élargies, le Dicastère pour le développement humain intégral, issu de la fusion du Conseil pontifical « Justice et paix » et de trois autres conseils pontificaux (« Cor Unum », chargé de l’aide au développement, pour la Pastorale des migrants, pour les services de Santé) : ce périmètre plus vaste, sur des sujets de prédilection du pape François, témoigne bien de son influence certaine à la Curie.

Lire plus

Cardinal Lazare You Heung-sik

Préfet du Dicastère pour le Clergé

Relativement libéral (- 1) ; central (+ 3)


blank


Plutôt discret mais homme de réseaux, décrit comme d’un abord amène et doté d’humour, le cardinal You Heung-sik est un papabile qui possède de nombreux atouts.

D’abord parce qu’il ferait figure de candidat de compromis idéal : curial mais doté d’une solide expérience diocésaine, ayant connu le centre et une périphérie, relativement libéral mais tout à fait acceptable pour nombre de conservateurs, sans doute poursuivrait-il les orientations bergogliennes sur une note moins clivante. Il illustrerait aussi le poids croissant de l’Église asiatique. Enfin, il a des talents certains de diplomate et se montre très bon connaisseur des régimes chinois — il a approuvé l’accord avec le Saint-Siège — et nord-coréen, au risque même d’un certain irénisme.

En juillet 2003, il est nommé par Jean-Paul II évêque coadjuteur — auxiliaire avec droit de succession automatique — de Daejeon ; consacré par son évêque, Mgr. Joseph Kyeong Kap-ryong, il lui succède en avril 2005. Impliqué dans diverses instances de la Conférence des évêques de Corée, dont il devient le secrétaire en 2020, spécialisé dans la pastorale de la jeunesse, il est également nommé par Benoît XVI en mai 2007 membre du Conseil pontifical « Cor unum », chargé de l’aide humanitaire et charitable. Comme président de Caritas en Corée, il effectue à 4 reprises des séjours humanitaires en Corée du Nord. En 2014, à l’occasion des Journées de la jeunesse asiatique — réplique des JMJ pour le continent asiatique —, il accueille le pape François dans son diocèse, et évoque avec lui le lointain et peu réalisable espoir d’un voyage du pape en Corée du Nord.

C’est de manière inattendue, qu’il est, en 2021, choisi par François comme nouveau préfet de la Congrégation pour le Clergé, succédant à ce poste à un proche du pape très puissant à la Curie, le cardinal italien Beniamino Stella (né en 1941) ; élevé à titre personnel au rang d’archevêque titulaire, il rejoint la Curie et est créé cardinal-diacre en août 2022, et devient membre du Dicastère pour les évêques, puis de 5 autres dicastères. À la tête du Dicastère pour le Clergé, il supervise toutes les questions concernant les prêtres séculiers et diacres permanents (dispenses de ministères, organisations de prêtres, etc.).

À l’échelle du pontificat de François, il s’agit d’un homme neuf à la Curie, qui ne s’est pas visiblement positionné dans des querelles de clans.

Lire plus

Cardinal Matteo Zuppi

Archevêque de Bologne

Progressiste (- 4) ; central (+ 3)


blank


Prélat cultivé et humaniste tout autant qu’habile négociateur de stature internationale, très au fait des réalités italiennes sans s’y laisser enfermer, le cardinal Zuppi a connu une carrière épiscopale d’autant plus rapide qu’il a longtemps été compté parmi les favoris de François, lequel l’a poussé vers la lumière.

Il est incontestablement l’un des principaux papabiles, soutenu par une large frange des prélats italiens, et reconnu en dehors de la péninsule. 

C’est par ailleurs un papabile d’ouverture, défenseur résolu de la synodalité, qui poursuivrait la ligne bergoglienne : il n’a pas craint de donner de la voix pour s’opposer à la politique migratoire de Matteo Salvini ; il a soutenu avec quelques réserves de forme la déclaration Fiducia Supplicans permettant les bénédictions de couples de même sexe, et préfacé un livre du jésuite américain James Martin, défenseur des droits des personnes homosexuelles dans l’Église. En revanche, il est plus ouvert que François à la messe traditionnelle en latin, qu’il a lui-même célébrée à l’occasion. Dernièrement, il a pu sembler moins en cour auprès du pape, qui, en l’envoyant en Ukraine, lui aurait sciemment dévolu une tâche herculéenne vouée à l’échec.

En octobre 2015, il est désigné par François pour succéder au cardinal Carlo Caffara, ultra-conservateur, comme archevêque de Bologne, où il reçoit le pape en 2017. En octobre 2019, il est créé cardinal par François, avec le titre spécialement créé pour lui de cardinal-prêtre de Sant’Egidio. En mai 2022, le pape le nomme pour 5 ans président de la Conférence épiscopale italienne — la seule au monde où il possède ce pouvoir de nomination directe, en tant que primat d’Italie. À la Curie romaine, il est membre du Dicastère pour le Développement humain intégral et de l’administration du patrimoine du Siège Apostolique, et juge à la cour de cassation de l’État du Vatican. 

Enfin, en 2023, il est nommé envoyé spécial du pape en Ukraine, et rencontre le président Zelensky ; bien plus discrètement, il effectue un voyage à Moscou où il rencontre le patriarche Kirill, mais pas Vladimir Poutine.

Lire plus



Aller à la source

Conclave : qui sera le prochain pape ? Le profil des 19 papabiles | Le Grand Continent Le Conseil d’Etat salue l’effort de la France contre la pollution de l’air L’UE veut prolonger d’un an son programme de subventions à la production de munitions – Euractiv FR Un an au pôle Nord, l’expédition inédite de Tara Boîte à outils pour les territoires ruraux – toute l’information sur le soutien de l’UE chez vous, à portée de main Os à moelle : un aliment savoureux ou un danger pour votre santé ? – La Belle Assiette Cette religieuse a bravé le protocole devant le cercueil du pape François Cette faille juridique grâce à laquelle les géants de l’IA veulent exploiter vos données Aides d’Etat : Corsair reste confiante face à Bruxelles Plainte du président de la métropole de Lyon, ciblé par des tags pro-squat INTERVIEW Glenn Viel : cette solution qu’il doit trouver pour “continuer à plaire” à sa femme Erika « L’iris est arrivé par hasard dans ma vie » : à Gignac, Franck Bertrand cultive sa passion depuis plus de 30 ans