Comment les « starter packs » générés par IA détruisent l’environnement ?


Sur les réseaux sociaux, une trend en remplace une autre. Mais une tendance s’installe : l’utilisation d’images générées par IA. Une première vague d’illustrations imitant le style du studio Ghibli a ainsi récemment conquis Instagram. Au plagiat à grande échelle s’ajoutait un décalage cynique avec le message de Miyazaki, son œuvre étant très critique de la technologie. Depuis une semaine, un autre type d’image abonde : les « starter packs IA ».

Le concept : résumer en une image, qui reprend le packaging de figurines avec accessoires, la personnalité de quelqu’un en quelques items repérables par l’IA. Une avocate postant régulièrement des photos de son chien aura ainsi toutes les chances de retrouver, aux côtés de la figurine lui ressemblant, un Code civil et une gamelle pour chien dans ses accessoires. Certains facétieux se sont amusés à créer un « starter pack » pour Marine Le Pen, avec des liasses de billets et des menottes, après sa condamnation pour détournement de fonds publics. Plus lugubre, un compte TikTok a été banni après la publication d’un « starter pack » inspiré de Gisèle Pélicot.

Plusieurs litres d’eau pour une seule image

Si le concept peut sembler anodin dans une utilisation personnelle, à grande échelle, le constat est alarmant. En une semaine, ChatGPT a indiqué avoir traité 700 millions de demandes, entraînant de sérieuses conséquences écologiques. Car les data centers qui génèrent ces images consomment d’énormes ressources en eau et en électricité. En 2023, ils représentaient 1,5 % de la consommation d’électricité mondiale, selon l’Agence internationale de l’énergie. Et ils pourraient peser dix fois plus lourd d’ici 2030.

Mais ces énormes chiffres ne sont pas toujours compréhensibles pour l’utilisateur, qui peine à se rendre compte de ce que représente sa consommation. Alors voici quelques équivalences. Générer une image par IA revient ainsi à consommer entre 2 et 5 litres d’eau, soit l’équivalent d’une chasse d’eau pour faire pipi. Il faut y ajouter assez d’électricité pour recharger un smartphone, selon une étude de l’université Carnegie Mellon. Côté gaz à effet de serre, comptez l’équivalent d’un trajet de 6,5 kilomètres en voiture essence pour 1.000 images.

Pour entraîner ChatGPT, 72 tours de la Terre en voiture

Sur d’autres utilisations de l’IA, une seule requête sur ChatGPT consomme autant de ressources que dix requêtes sur Google, selon l’Agence internationale de l’énergie. Un mail de 100 mots écrit par le robot revient à gaspiller une bouteille d’eau de 50 cl, estime l’université de Californie. Une vidéo de 10 secondes consomme de son côté autant d’électricité qu’un smartphone en un an, calcule une étude codirigée par la chercheuse canadienne Saha Luccionni.

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Ce calcul ne serait toutefois pas complet sans prendre en compte les ressources dépensées pour entraîner et perfectionner l’IA avant sa mise en ligne. Selon le MIT, l’entraînement de la version 3 ChatGPT a généré l’équivalent de 626.000 kg d’équivalent de CO2, soit 72 tours de la Terre en voiture ou la fabrication de 3.244 ordinateurs portables. Auxquels il faut ajouter 700.000 litres d’eau, soit la consommation annuelle de 13 Français, estime le Cese. Par ailleurs, même refroidis à grands coups de litres d’eau, les composants électroniques des data centers finissent par rendre l’âme : l’IA générative a ainsi généré 2.600 tonnes de déchets électroniques en 2023, selon une étude publiée dans la revue Nature Computational Science, soit l’équivalent de 13 millions de smartphones jetés en un an.

Cette pollution pourrait être multipliée par 100 d’ici 2030. D’ici cinq ans, la consommation d’électricité des data centers dédiés à l’IA dépassera celle du Japon, selon l’AIE, accentuant le réchauffement climatique. Un data center actuel consomme autant que 100.000 personnes en un an, les plus gros en construction seront 20 fois plus gourmands. Enfin, il faut ajouter que l’IA générative ne détruit pas que l’environnement. En voyant leur travail pillé par l’IA, de nombreux artistes voient leur activité se fragiliser. Plusieurs d’entre eux ont cherché à contrer la trend « Starter pack IA » standardisée, en proposant des « starter packs » avec leur propre style.



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