
De notre envoyé spécial à Birmingham,
Cadavre de renard, poussettes abandonnées, pneus brûlés, centaines d’emballages plastiques… En raison d’une énorme grève des éboueurs, près de 17.000 tonnes de déchets viennent décorer depuis plus d’un mois une ville qui n’avait pas besoin de ça pour se montrer inhospitalière. Mais, mardi soir, à Birmingham, ce n’est pas l’effluve émanant de ces milliers de déchets qui est venue nous chatouiller les narines, mais une autre odeur bien connue des supporteurs parisiens : la peur.
Pourtant, tout avait été (bien) fait pour qu’elle reste éloignée de villa Park. Une victoire 3-1 lors du quart de finale aller de Ligue des champions la semaine dernière, avec un dernier but dans les arrêts de jeu pour abattre un peu plus le moral des Villans et puis un début de match tonitruant du PSG en Angleterre : Achraf Hakimi (11e) et Nuno Mendes (27e) pour refroidir un poil le stade anglais, là où la pluie et le vent n’avaient pas réussi dans leur entreprise.
Pas besoin d’être Cédric Villani pour avoir le résultat : cela faisait donc, à la demi-heure de jeu 5-1 au total pour les Parisiens. Autant dire que la qualification pour les demi-finales était assurée. C’était sûr, certain. Tout le monde sautillait déjà de joie, à l’image de Luis Enrique devant sa (petite) zone technique avec son staff, les 2.400 supporteurs parisiens ayant traversé la Manche regardaient déjà sur Opodo les meilleurs prix pour se rendre à Londres ou à Madrid pour la demie. 133 km/h sur l’autoroute du kif.
How do you say « remontada » ?
Sauf que tout ce bon monde a oublié que Paris était Paris. Et que rien ne pouvait être simple. Jamais. Même quand tous les feux sont au vert et que la circulation est bloquée pour vous laisser passer. Et la réduction de l’écart au score des Villans en première période par le Belge Youri Tielemans après une perte de balle idiote de Khvicha Kvaratskhelia au milieu de terrain, aurait déjà dû être un premier signal d’alerte. Il n’en fut rien.
« Il faut être exigeant, surtout sur les matchs comme celui-ci. On s’est rendu la tâche difficile tout seuls, a concédé au micro de Canal+ Ousmane Dembélé, encore une fois un peu à côté de ses pompes. On s’est complètement relâchés en deuxième mi-temps. Nous nous sommes crus trop beaux et déjà qualifiés à 2-1. » Et cela a failli se retourner contre eux, après une dizaine de minutes passées dans la lessiveuse des Claret & Blue.
« Il y a eu un excès de confiance interdit à ce niveau, a dénoncé Luis Enrique en conférence de presse. Quand il y avait 0-2, les Villans ont été K.O. mais il y a eu une phase de perte de ballons, un excès de confiance interdit à ce niveau-là, ça redonne de l’oxygène à l’adversaire. La fin de la première mi-temps ne m’a pas plu, on n’était pas au niveau des exigences de Ligue des champions, on a concédé des buts bêtes, Aston villa est revenu, en deux minutes. »
Asensio proche de tuer son ancien club
Au moment où Unai Emery allait notamment sortir son capitaine Josh McGinn, celui-ci s’est fait le plaisir d’une petite chevauchée en solitaire, sans être attaqué, de son camp jusqu’aux abords de la surface parisienne, avant d’adresser une loudre frappe (55e). Folie dans villa Park, avant que les fondations de l’un des plus vieux stades anglais ne voient leur dernier jour arriver sur le troisième but d’Ezri Konsa (57e) après un festival de Marcus Rashord.
Un joueur qui doit sortir qui marque, puis un autre qui fait les dribbles de sa vie alors qu’il aurait pu signer au PSG au mercato, c’était évidemment coché dans le Bingo PSG. Comme de voir son défenseur (Pacho) et son milieu de terrain (Vitinha) les plus fiables devenir tout fébriles au moment le plus important. La panique était totale dans les rangs parisiens, où plus personne ne semblait tenir la barre du bateau.
« Pendant plusieurs minutes il y a la sensation difficile de ne pas savoir s’il faut garder le ballon, sortir de derrière et par le milieu, si on doit jouer long, a expliqué l’ancien coach du Barça. On n’a jamais été aussi dominés dans mon souvenir, c’est un moment où l’adversaire n’a rien à perdre, ils ont été très intenses et supérieurs. » Tout était donc réuni pour revivre un nouveau traumatisme, huit ans après la remontada infligée par le Barça à Unai Emery.
Terminé l’ADN de la « lose » en Europe ?
Il ne manquait plus que le but de l’ex. Alors, quand Marco Asensio, prêté par le PSG, est entré en jeu peu après l’heure de jeu, tous les fans parisiens savaient la partie terminée et la grille du Bingo bien complétée. Il n’a fallu que quatre minutes pour que l’ancien n°11 du PSG ne se retrouve tout seul, après une nouvelle erreur de Pacho, devant le but pour donner raison à tous les oiseaux de mauvais augure. Sauf que, non, pas cette fois, la rouetourne allait tourner.
Pour enfin changer le destin de tout un club, Marco Asensio a vu sa frappe être repoussée par Gianluigi Donnarumma encore une fois impérial et décisif à villa Park, dans la foulée de sa grosse sortie à Anfield. Le tournant de la rencontre, le tournant même de la suite des aventures du PSG en Europe ? « C’est un match qui permet de grandir », a sobrement commenté Luis Enrique, qui était soulagé comme pas possible au moment de croiser certains salariés du PSG en zone mixte.
Grandir et donc revenir pour une deuxième demi-finale de Ligue des champions d’affilée. Pour, cette fois, ne plus avoir 45 tirs, dont 18 sur les montants comme face au Borussia Dortmund la saison passée, ou ne pas voir Kylian Mbappé, si le Real Madrid réussit la remontada du siècle face à Arsenal ce mercredi, revenir sur ses terres incrire un quintuplé. Non, cette fois, le destin du PSG a changé. Il ne reste plus qu’à soulever la Coupe aux grandes oreilles à Munich. Ça sentira alors très bon.