
Tout a commencé par l’irruption d’un groupe d’étudiants et étudiantes de l’université Lyon 2, venus dénoncer le soutien d’un universitaire à la politique de Bachar el-Assad et du gouvernement israélien. Pareille action, qui a abouti à ce que l’enseignant concerné, Fabrice Balanche, quitte son cours pour ne pas avoir à répondre des accusations, aurait à d’autres époques été qualifié d’activisme bruyant, un peu comme lorsque le collectif La Barbe interrompait des conférences à l’Ecole militaire avec des barbes et perruques pour leur anonymat. Mais dans le contexte actuel, l’évènement a vite été qualifié d’« agression violente », et la présidente de l’université Lyon 2, qui n’a pas voulu défendre l’enseignant en question, fait désormais l’objet de menaces de mort, a indiqué lundi le parquet de Lyon.
Rembobinons. Fabrice Balanche est un universitaire très controversé, qui n’hésite pas à prendre des positions contraires au droit international, allant même jusqu’à défendre le nettoyage ethnique de la population de Gaza dans une interview sur CNews : « L’un des scénarios est l’expulsion de la population palestinienne de Gaza. Ça résoudra le problème du Hamas puisqu’il se cache et prolifère au milieu de cette population civile ». Cela explique le soutien mitigé de la présidente de l’Université de Lyon 2, qui, tout en apportant son soutien à l’universitaire dans un communiqué trois jours après les faits, et en lui attribuant la protection fonctionnelle, a tenu à mettre les points sur les « i », dans une interview accordée à La tribune de Lyon. Elle y dénonce des « paroles affligeantes, complotistes et délétères pour l’université » de la part de l’enseignant, qui dénonce dans les médias de Bolloré « des dérives islamistes » à l’université, « le laxisme de la présidence de l’université » et a parlé du « premier blocage islamiste en France » pour qualifier ce qui lui était arrivé.
Menaces de mort
Il n’en fallait pas tant pour qu’aussitôt, une nuée de commentateurs dénonce un « lâchage brutal ». Vendredi, 50 universitaires, dont les anciens ministres Jean-Michel Blanquer et Luc Ferry, ont demandé dans Le Figaro la démission de la présidente de Lyon 2. Le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabrice Pannekoucke, a demandé au ministre de l’enseignement supérieur une mission d’inspection sur « les dérives préoccupantes » au sein de Lyon 2. Et l’extrême droite s’est déchaînée sur Isabelle von Bueltzingsloewen. Une enquête a été ouverte sur les chefs de « menace de mort sur personne chargée d’une mission de service public et harcèlement en ligne », et confiée aux policiers de la Division de criminalité territoriale (DCT), a précisé le parquet.
L’association France Universités qui regroupe des dirigeants d’établissements a au contraire apporté son soutien à Isabelle von Bueltzingsloewen « victime d’une polémique inacceptable et stérile sur les fantasmes de l »’islamo-gauchisme » et du »wokisme » à l’Université ». Une lettre de soutien, signée déjà par près de 300 universitaires et personnels de l’enseignement supérieur, circule par ailleurs, dénonçant les « tentatives d’exploitation politique » et le « harcèlement diffamatoire inédit contre une présidente d’université, historienne reconnue ».