Cognac : Martell réduit drastiquement ses contrats auprès des viticulteurs

Deux années de ventes au ralenti. Et désormais, celle des ajustements pour le cognac. La Tribune a appris que Martell, la deuxième maison la plus importante sur le marché, opère des coupes dans ses contrats d’approvisionnement. Selon des viticulteurs partenaires, un représentant professionnel et un courtier, les contrats proposés pour l’année 2025 font état d’une diminution de 30 % en volume.

Contactée, la maison Martell, propriété du groupe Pernod Ricard, s’exprime prudemment dans cette phase de discussion avec les domaines viticoles. « La Maison Martell respecte ses engagements contractuels et a décidé de rencontrer individuellement chacun de ses partenaires pour leur communiquer les ajustements qui seront mis en place lors de la prochaine campagne », indique la direction par écrit.

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Une conséquence logique du ralentissement des ventes de cognac, portées à 166 millions de bouteilles en 2023 et 2024. Soit le plus faible résultat en volume atteint en dix ans et en repli de 35 % par rapport aux deux années fastes en sortie de Covid. Il y a quelques semaines, la maison Rémy Martin troisième marque forte du cognac, annonçait, elle, opérer un coup de rabot dans ses contrats compris entre 25 et 45 % en volume comme le révélait Sud Ouest.

Sanctions chinoises

« On peut craindre des révisions de contrats qui conduiront à des baisses de volume », évoquait en début d’année l’Union générale des viticulteurs de cognac. « Malheureusement, ce sera inévitable. Les stocks sont trop importants. Le négoce ne peut plus stocker des eaux-de-vie qu’il n’est pas certain d’écouler sur le marché », réagit aujourd’hui Raphaël Delpech, directeur du Bureau national interprofessionnel du cognac.

Suspendue à l’issue du conflit géopolitique entre la Chine et l’Union européenne, l’interprofession réclame l’annulation des droits de douane à 34 % en moyenne prévus par Pékin sur les bouteilles de spiritueux européens. Le deuxième marché du cognac envisage en effet une telle sanction en réponse à la taxation européenne sur les véhicules électriques fabriqués en Asie. Un tourment fait dévisser des ventes de cognac déjà en berne.

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