
En ce début de soirée, silence et froid mordant règnent sur le parking municipal du village des Fourgs (Doubs). Lorsque l’on toque aux portes, des «non» catégoriques, quoique toujours polis, s’échappent par les fenêtres entrebâillées. Depuis un an, une dizaine de camions-logements se sont établis sur ce spot situé à 2 kilomètres de la douane suisse. Mais craignant d’attirer du monde et échaudés par leurs expériences avec les médias, leurs occupants rechignent à se livrer. Ces nomades sont des jeunes, pour la plupart, qui crèchent là la nuit et se rendent la journée côté helvète en voiture. Comme 231 000 frontaliers – contre 150 100 il y a quinze ans –, ils occupent de l’autre côté de la frontière des postes d’ambulancier, cuisinier, secrétaire, chauffeur routier… Des secteurs qui recrutent en Suisse, moyennant des salaires près de deux fois plus élevés qu’en France.
Après avoir tenté de les éloigner, la municipalité a décidé de s’adapter : pour l’heure, elle les laisse stationner contre 200 euros par mois, avec accès à l’eau et l’électricité. Mais face à un phénomène qui s’installe et pour libérer ce parking touristique, le maire (sans étiquette), Roger Belot, a imaginé une solution pérenne : construire une plateforme d’accueil pour dix camions, avec domic