
Deux cabinets d’avocats veulent fédérer les hôteliers en France et en Espagne. Leur but : obtenir réparation « pour leurs pertes liées à des commissions excessives » de la plateforme Booking, évoque l’un des avocats à l’initiative de cette action, Marc Barennes. Ils s’appuient notamment sur une décision de la Cour de justice de l’Union européenne de septembre 2024, qui remet en cause les « clauses de parité » imposées par Booking.
Ces clauses sont des « dispositions contractuelles qui empêchaient les hôtels et autres hébergeurs de proposer des prix plus bas ou de meilleures conditions sur d’autres canaux de vente, restreignant ainsi leur liberté commerciale », indique un communiqué. Ils se réfèrent également à des décisions des autorités de concurrence espagnole et italienne « qui remettent en cause les pratiques illicites de Booking.com ». Le cabinet d’avocats a fait évaluer les pertes totales des hôteliers liées à Booking en France à 1,5 milliard d’euros, selon Marc Barennes.
La plateforme la plus utilisée pour réserver un hôtel ou un logement touristique
Des discussions sont en cours avec d’autres cabinets d’avocats pour étendre l’initiative à d’autres pays, notamment l’Italie et le Portugal, « dans le but d’élargir la couverture européenne et de construire un front juridique uni contre Booking.com ». Les organisations patronales de l’hôtellerie ne disposent pas de statistiques officielles sur la part d’hôtels utilisant Booking en France. Mais elles pointent régulièrement du doigt la domination de la plateforme néerlandaise, filiale du géant américain Priceline Group, en matière de réservation hôtelière.
En Europe, les réservations directement auprès de l’hôtel ne représentaient que 33 % du chiffre d’affaires en ligne des hôtels en 2024, le reste venant de plateformes comme Booking ou Expedia, selon les données de la société spécialisée en technologies hôtelières D-Edge. Selon la plateforme de données Statista, Booking est la plateforme la plus utilisée en France pour réserver un hôtel ou un logement touristique, devant Airbnb.
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Marc Barennes est par ailleurs à l’initiative d’une action similaire dans le secteur de l’hôtellerie/restauration : celle opposant les restaurateurs aux émetteurs de titres-restaurant, sanctionnés pour pratiques anticoncurrentielles en France. 8.000 points de vente ont rejoint cette procédure annoncée en 2021, et retardée en raison de difficultés d’accès aux documents permettant d’évaluer le préjudice, des bordereaux papier remontant à plusieurs années, explique l’avocat qui mène cette action via sa société Brandeis Fiducie. « On espère pouvoir déposer la demande d’indemnisation avant la fin de l’année », précise-t-il.