
Les médecins généralistes du Lot se mobilisent contre une proposition de loi qui restreint l’installation des jeunes. Jugée inefficace par les professionnels, la mesure pourrait accentuer les inégalités d’accès aux soins sans résoudre la crise des déserts médicaux.
Ils vont garder les portes fermées. Ce lundi et mardi, quelques cabinets de médecins généralistes du Lot seront en grève. En cause : la proposition de loi portée par le député de la Mayenne, Guillaume Garot (PS), qui vise à restreindre la liberté d’installation de jeunes médecins libéraux. Elle prévoit d’interdire toute nouvelle installation de professionnels dans les zones jugées suffisamment dotées par les ARS (Agences Régionales de Santé) et le conseil de l’ordre des médecins du département en question. Les médecins, eux, sont vent debout contre cette mesure qu’ils trouvent « inefficace » et « dangereuse ».
« Les contours sont très flous. Dans le Lot, si on regarde les cartes, nous ne sommes pas sous-dotés de médecins généralistes. En 2019, l’APL (accessibilité potentielle localisée) aux médecins traitants était de 2,5, ce qui signifie que nous sommes bien couverts », alerte le Dr Gabrielle Hengy, médecin généraliste à Limogne-en-Quercy. Or, trouver un praticien dans ce département n’est pas une mince affaire.
Rien pour « rendre le métier attractif »
« À Limogne, nous sommes trois médecins. Si un quatrième veut s’y installer car il s’y plaît, est-ce que cela va être accepté ? Ce n’est pas sûr. Cela coupe les investissements que l’on peut faire dans nos cabinets », poursuit la professionnelle. Celle qui participera à la manifestation en Haute-Garonne, mardi, reprend : « C’est mettre une pression sur l’installation des jeunes. Ils sortent après dix ans d’études. Certains ont déjà une vie de famille, on ne peut pas les contraindre. »
Une autre mesure de cette proposition de loi inquiète : celle de limiter les remplacements à 4 ans. « On a déjà du mal à trouver des remplaçants ! Si un médecin se plaît dans ce mode de vie et ne veut pas s’installer, pourquoi le forcer ? On a besoin de relais dans les cabinets », s’agace le Dr Hengy. Elle balaie un autre argument : « On dit ‘on paie leurs études’. Ce n’est pas vrai. Un interne, très mal payé pendant ses stages, rembourse ses études. Et puis dans ce cas, pourquoi ne force-t-on pas l’installation de tous ceux qui font des études ? »
De manière générale, les médecins trouvent que cette proposition de loi « ne fait rien pour rendre le métier attractif ». Le Dr Hengy conclut : « Ils l’ont fait pour les dentistes. Or, parmi mes patients, ils ont tous du mal à en trouver dans le Lot. C’est bien la preuve qu’une telle proposition ne fonctionne pas. »