
C’est le nom qui ne figure sur aucun bulletin de vote canadien mais bien celui qui est dans toutes les têtes : le président américain Donald Trump a hanté la campagne des législatives anticipées canadiennes. Le Canada a en effet commencé à voter lundi pour choisir le Premier ministre chargé de faire face à une crise sans précédent et de négocier avec Donald Trump qui a réitéré sa volonté d’annexer le Canada, au moment où les électeurs se rendent aux urnes. Ce lundi matin, ce dernier a de nouveau parlé d’effacer la « ligne artificielle » qui sépare les deux voisins estimant que cela ne pouvait apporter que « du positif ».
Qui pour faire face à Trump ?
La question qui agite les électeurs canadiens depuis des semaines est donc : qui est le plus à même de lui faire face ? Qui défendra le mieux les intérêts canadiens dans ce moment charnière pour le pays ? Deux candidats devancent les autres dans les intentions de vote, avec une longueur d’avance pour le premier : le candidat libéral et actuel Premier ministre Mark Carney et le chef des conservateurs Pierre Poilievre.
Au total, près de 29 millions d’électeurs sont appelés à voter mais plus de sept d’entre eux ont déjà fait leur choix par anticipation, une participation record. Les résultats devraient être connus quelques heures après la clôture du vote, à 19 heures côté Pacifique (2h00 GMT mardi).
« C’est une élection unique », lâche Hamza Fahri, qui est ingénieur à Montréal. « J’ai vraiment changé d’avis récemment. Avant, je voulais que les libéraux partent ». « Mais finalement je vais voter Carney car c’est un homme fort, sérieux et pour faire face à Trump, c’est ça, dont le pays à besoin », affirme l’homme de 28 ans.
Entré dans l’arène politique il y a seulement un mois, Mark Carney, ancien banquier et ex-gouverneur de la banque du Canada et d’Angleterre, promet pour y faire face de « réinventer » l’économie canadienne. Depuis qu’il a remplacé Justin Trudeau comme Premier ministre, il s’efforce de convaincre les électeurs que son parcours fait de lui le candidat idéal pour gérer cette crise historique que vit le pays avec des droits de douane qui affectent déjà des secteurs clés comme l’automobile et l’acier. Les États-Unis de Donald Trump « veulent nous briser pour pouvoir nous posséder », a-t-il répété à plusieurs reprises pendant la campagne. « J’ai déjà géré des économies et des crises. L’heure est à l’expérience, pas à l’expérimentation », a lancé cet anglophone de 60 ans, né dans l’ouest de ce pays bilingue et dont le français est limité.
Mais dans le camp d’en face, les partisans de Pierre Poilievre rêvent de changement après dix années de gouvernement du libéral Justin Trudeau. « Je ne suis pas d’accord avec la façon dont les Libéraux gouvernent notre pays. Il faut que cela change », affirme Kelsey Leschasin qui habite dans la province rurale de la Saskatchewan.
Le chef conservateur, homme politique de carrière de 45 ans, veut que le pays, 9e puissance économique mondiale, tourne le dos aux libéraux. Il promet de réduire les impôts, les dépenses publiques et de s’attaquer à « l’idéologie woke ». Des mesures qui le plaçaient largement en tête des sondages, il y a quelques mois encore, avant que Donald Trump ne vienne tout bousculer. « Nous ne pouvons pas supporter quatre années supplémentaires comme cela », a-t-il estimé lors des derniers jours de campagne parlant d’une trajectoire menant à plus « de désespoir, plus d’inflation ».
Les autres partis – le Nouveau parti démocratique (gauche), le Bloc québécois (indépendantiste) et les Verts – pourraient subir de lourdes défaites, victimes en partie du vote utile.