Bientôt une visite médicale obligatoire pour garder son permis ? La question divise dans le Lot


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Les automobilistes risquent de passer une visite médicale obligatoire tous les quinze ans pour conserver leur permis, puis tous les cinq ans dès 70 ans, si une proposition de loi est votée. Mais le sujet fait débat dans le Lot.

Bientôt du changement pour le permis de conduire ? C’est ce que craignent les automobilistes. Une proposition de loi, déposée par Frédéric Valletoux ancien ministre de la Santé et une centaine d’autres députés, vise à imposer un examen médical obligatoire avant et après l’obtention du permis de conduire. Pour un département comme le Lot qui compte 15 % de séniors selon l’Insee (contre 10 % en moyenne en France), autant dire que le sujet est au cœur des préoccupations.

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Risque d’embouteillage pour la prise de rendez-vous

« Je n’en vois pas l’intérêt », lance Bernard sur le marché de Cahors. « Il faudrait s’intéresser aux contrôles de stupéfiants, d’alcool et de vitesse, ce sont les vraies causes d’accident plutôt que de faire une visite médicale », ajoute Thierry, 67 ans. Si le sujet fait autant réagir, c’est dû à l’obligation de l’examen fixé tous les quinze ans, puis tous les cinq ans à partir de 70 ans. Déjà obligatoire dans certains cas médicaux ou professionnels, la visite serait ici étendue à tous. « Tout le monde sait que c’est très difficile d’accéder à un rendez-vous médical. Si la loi passe, ça sera encore plus compliqué, c’est un peu fort de café cette histoire », souffle Thierry. « Sur le principe, l’idée est bien fondée, mais si on doit voir un médecin cinq minutes et remplir un papier administratif, je me demande si c’est vraiment utile », ajoute Amélie.

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Certains Lotois reconnaissent toutefois que l’enjeu n’est pas sans fondement. « Les problèmes de santé touchent surtout les séniors. Il n’y a pas forcément une injustice, ils doivent avoir conscience qu’en vieillissant on perd des réflexes, en acuité visuelle et auditive », souligne un habitant. Pour François 78 ans, la mesure ne le dérange pas : « Je passe des examens tous les ans, je vais chez l’ophtalmologue régulièrement, s’il y avait un problème, il me l’aurait dit. Par contre, si on nous contrôle, il faut aussi en faire autant pour les stupéfiants et l’alcool ». Pour rappel, 603 permis ont été suspendus en 2024 dans le Lot. La première cause est liée aux stupéfiants (210), suivie de l’alcool (191) et de la vitesse excessive (191).

Une fausse bonne idée pour la ligue contre les violences routières

« Se questionner sur l’aptitude médicale à la conduite, c’est intéressant », explique Pierre Lagache, président de la Ligue contre les violences routières dans le Lot. « Un certain nombre de pays européens ont testé cette pratique, mais il n’y a eu aucune conclusion convaincante après étude », précise-t-il. Pour Pierre Lagache, ce n’est pas vraiment la bonne solution. « Ce n’est pas toujours évident pour un médecin de devoir suspendre un permis de conduire, la situation peut être délicate pour eux ». Le président de l’association plaide pour un dispositif plus ciblé, avec notamment l’accompagnement des médecins, le développement de mobilité pour les séniors dans des départements comme le Lot mais aussi de la sensibilisation « pour leur faire prendre conscience que certaines situations peuvent être dangereuses sur la route et leur faire comprendre qu’ils sont inaptes à conduire ».



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