
Le collectif Alternatiba Rennes a mené une campagne d’affichage sauvage dans les rues de Rennes où il a collé des messages alertant sur l’autorisation possible des NGT, nouvelles techniques génomiques, considérés comme les nouveaux OGM. L’association dénonce un manque d’information de la population et des risques pour le vivant.
Dans cet abribus de l’avenue Janvier, ce sont des messages d’information qui tranchent avec les habituelles publicités pour des téléviseurs, des parfums ou des sous-vêtements. « Scandale démocratique en cours » peut-on lire d’un côté. « Bientôt des OGM dans nos assiettes ? » découvre-t-on de l’autre.
Ces affiches grands formats ont été collées dans le centre-ville de la capitale bretonne, ce vendredi 25 avril par des membres du collectif Alternatiba Rennes. Objectif : alerter sur les discussions actuellement en cours au niveau européen, et qui portent sur les NGT, les nouvelles techniques génomiques.
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Sur son site, l’association qui milite pour le climat et la justice sociale, explique qu’un texte sur la dérégulation des nouveaux OGM (les NGT), défendu par les lobbies des biotechnologies et l’agro-industrie, entrera en négociation au trilogue le 6 mai prochain (entre la présidence polonaise du Conseil de l’Europe, la Commission européenne et le Parlement).
« L’adoption de ce texte engendrerait la levée des obligations d’évaluation des risques, d’étiquetage et de traçabilité de 94% des plantes OGM obtenues via les NTG » écrivent les militants. « En plus de bafouer le principe de précaution, ce règlement priverait les consommateurs de leur liberté de manger ce qu’ils veulent » estiment-ils.
Et d’ajouter « Pourtant, d’après un sondage de Kantar Public pour GreenPeace, 77% des français.e.s estiment que les nouvelles techniques génomiques doivent faire l’objet d’une réglementation stricte« .
La dissémination sans limite des OGM représente des dangers de contamination irréversible pour la biodiversité
Mais pour Alternatiba, c’est avant tout la biodiversité qui court un grand risque : « la dissémination sans limite des OGM représente des dangers de contamination irréversible pour la biodiversité sauvage et cultivée, […], c’est une véritable offensive de privatisation du vivant menée par les grands semenciers pour étendre encore leur monopole« . Car si un brevet est déposé sur une plante obtenue par NGT, et que celle-ci colonise, par pollinisation, d’autres plantes, elles pourraient toutes, à terme, devenir propriété du détenteur du brevet…
Pour Alternatiba, on est face à « un scandale démocratique d’ampleur « . Une vision largement partagée par les défenseurs de l’environnement, tels que, notamment, France Nature Environnement qui fédère plus de 6000 associations qui œuvrent pour la protection de la nature.
FNE estime que les NGT représentent un danger pour la santé, l’environnement et la biodiversité, que leur autorisation fait peser le risque d’une privatisation du vivant, ou encore que le manque de transparence (pas d’information sur l’étiquette du produit fini) entraine la fin du libre choix du consommateur.
Les nouvelles techniques génomiques permettent de modifier le matériel génétique d’un organisme à l’aide de ciseaux moléculaires qui permettent de découper, inactiver et modifier de façon précise les morceaux d’ADN. L’objectif est de produire des plantes plus résistantes, face aux maladies ou au dérèglement climatique.
La différence avec les OGM (organismes génétiquement modifiés) est que dans le cas des OGM les scientifiques introduisent des gènes étrangers, ce qui n’est pas le cas de NGT dans lequel on module uniquement l’expression des gènes présents.
Les partisans des NGT estiment qu’il ne s’agit pas de la même technique et militent pour un assouplissement de la législation.
L’ANSES, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, estime pour sa part que ces nouvelles techniques appellent à une réflexion et méritent une réglementation adaptée.