Au procès Kim Kardashian, les itinéraires cabossés de voyous à l’ancienne


A la cour d’assises de Paris,

Yunice Abbas ne se fait aucune illusion : bien sûr qu’il sera condamné. L’homme de 72 ans, jugé depuis lundi pour avoir participé au braquage de Kim Kardashian, a toujours reconnu les faits. Le contraire aurait été difficile : son ADN a été retrouvé sur les lieux. « Je me doute bien qu’il va falloir payer les pots cassés », sourit l’accusé au teint très pâle et au crâne lisse. S’il semble s’être résolu à cette perspective, il sait – d’expérience – qu’on n’est « jamais assez préparé » à la prison. D’autant que cette fois-ci son état de santé est très détérioré. Déjà affaibli par un infarctus, on lui a récemment diagnostiqué la maladie de Parkinson, explique-t-il en tentant de contenir tant bien que mal les tremblements de son bras gauche.

Quarante ans de mariage dont vingt ans derrière les barreaux. C’est ainsi que sa femme résume sa vie à ses côtés. « Je crois que mis bout à bout, ça fait dix-sept ans et demi », rectifie l’intéressé. Braquage de supermarchés, complicité de vols dans des banques en fournissant de fausses plaques d’immatriculation, trafic de stupéfiants en aménageant des caches dans des voitures, participation à un vol à main armée en Belgique… La première condamnation intervient alors qu’il est encore mineur, les autres suivront à intervalle plus ou moins régulier. « J’ai eu des peines de prison bien trop longues mais je m’y suis habitué », reconnaît-il à la barre.

Le « piège » de la délinquance

La délinquance, précise Didier Dubreucq, c’est « une spirale ». « Un piège », même. Lui aussi est accusé dans ce dossier mais il nie fermement les faits. « J’assume mon passé, j’ai fait des conneries, mais quand mes enfants sont nés [en 2009], j’ai totalement arrêté », insiste cet homme de 69 ans, crâne rasé et silhouette de boxeur mais très affaibli par la récidive de son cancer du poumon. « Yeux bleus », comme il est surnommé, a passé près de 23 ans à l’ombre. La première mention à son casier judiciaire remonte à 1975. De nombreuses lignes sont venues s’ajouter par la suite.

Il reconnaît certains méfaits, notamment des braquages commis dans ses jeunes années – « J’étais complètement immature » – mais en nie d’autres, à commencer par une tentative de meurtre pour laquelle il a été condamné. Surtout, il refuse de se considérer comme un « voyou » ou « un braqueur ». Lui préfère le terme « d’opportuniste ». « Je ne suis pas violent par nature, j’ai jamais tué qui que ce soit et je m’en félicite », précise-t-il.

« Circonstances de vie »

Patiemment, le président de la cour d’assises tente de remonter le fil du temps et de comprendre leur « chemin de vie ». L’un comme l’autre évoquent pudiquement une enfance sombre, marquée par la misère. Le père de Yunice Abbas a été assassiné lorsqu’il avait six ans, il a perdu un frère et une sœur avant même de souffler sa huitième bougie. Didier Dubreucq, lui, est le 12e enfant de la fratrie. Son père l’a abandonné, son beau-père est décédé alors qu’il était très jeune. Son enfance, il la passe essentiellement dans la rue. « C’était un terreau favorable à la délinquance », insiste-t-il, évoquant les « circonstances de la vie » pour expliquer ses choix.

Sa prise de conscience, son salut même, il la doit à la naissance de ses enfants. Il a alors 52 ans. Ses larmes coulent instantanément à leur seule évocation. A la cour, il explique être entièrement dédié à leur éducation – il veille notamment à ce que son fils ne suive pas le même chemin que lui – et jure se tenir désormais à carreaux. Les enquêteurs, eux, sont persuadés de l’avoir reconnu sur les images de vidéosurveillance, notamment en raison de sa démarche, légèrement boitillante.

« J’avais besoin d’argent »

Yunice Abbas aussi se félicite que ses enfants aient choisi une autre voie que la sienne. Mais lui admet que leur naissance ne l’a pas empêché de faire des mauvais choix. Pourtant, note le président, entre chaque condamnation, il se montre « combatif » dans son parcours de réinsertion. Il acquiert même son propre garage automobile. Pourquoi inexorablement replonger ? « C’est des moments où j’avais besoin d’argent », reconnaît-il sans détour avant de déplorer l’attitude des banques qui refusent de lui prêter de l’argent. « Donc vous empruntez pas d’argent mais vous le prenez ? », ironise le magistrat. Yunice Abbas acquiesce. A chaque fois, il y voit une opportunité de « se mettre à l’abri », de se faire un « petit capital ». « Je me suis rabattu sur des choses que je croyais être des raccourcis faciles mais qui ont compliqué notre vie », analyse-t-il

Est-il fier de son parcours, l’interroge sans jugement le président, en faisant référence au livre qu’il a publié en 2021 : « J’ai séquestré Kim Kardashian ». « Pas du tout, j’en ai honte », répond-il du tac au tac, expliquant avoir voulu rétablir sa vérité. S’il assume ses mots, il déplore son titre. « Il est con ce titre, il est incriminant », insiste-t-il. D’autant qu’il jure être resté faire le guet pendant que deux complices dévalisaient la star et a refusé, à l’ouverture du procès, le terme de « séquestration ». Il assure toutefois que cette affaire lui « a ouvert les yeux » et qu’il a pris conscience que derrière un braquage, il y a des victimes. « On prenait le sac à main de la dame, mais derrière, il a le traumatisme, je n’y avais jamais pensé. »

Le verdict est attendu le 23 mai.



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