Au Congrès des Écologistes, Marine Tondelier sommée de clarifier sa ligne politique

Au bout d’un processus sans suspense, Marine Tondelier a été réélue pour trois ans secrétaire nationale des Écologistes, le 18 avril. Avec 73 % des suffrages exprimés, elle s’est imposée dès le premier tour du congrès de son parti. Ainsi plébiscitée, la cheffe de file pourra s’appuyer sur un exécutif fort, indispensable pour mener à bien sa feuille de route. Mais si ce succès valide sa réussite à faire exister Les Écologistes médiatiquement, Marine Tondelier peine encore à faire émerger une ligne politique claire.

À 38 ans, la secrétaire nationale s’est notamment distinguée dans la construction à la hâte du Nouveau Front populaire au lendemain de l’annonce de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale en juin 2024. Après avoir essuyé un échec aux élections européennes, elle a initié la discussion entre les partis de gauche et s’est érigée en porte-voix de l’union face à la menace de l’extrême droite.

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Vêtue de sa veste verte, elle enchaînait les plateaux télévisés et les interviews pour organiser la riposte et porter les enjeux écologiques dans le débat. Résultat : Les Écologistes comptent aujourd’hui 38 députés et 18 000 adhérents, des records pour le parti.

« Nous sommes en train de devenir comme Renaissance : centré autour d’une seule personne, sans projet »

Mais certains opposants internes regrettent la personnalisation du parti instaurée par ce congrès, au détriment de débats quant à son avenir politique. « Nous sommes en train de devenir comme le parti Renaissance : centré autour d’une seule personne, sans projet », a taclé Sandrine Rousseau dans Le Figaro.

Lignes politiques à clarifier

Difficile, en effet, de définir l’écologie politique portée par Les Écologistes. Face à l’accumulation des catastrophes climatiques et au détricotage des règles environnementales, comment résister ? Quelle rupture incarner avec le capitalisme ? Enjeux climatiques et justice sociale ne font plus qu’un chez les écolos, mais pour le reste, certaines lignes politiques restent à clarifier.

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Soutien de Karima Delli pour le secrétariat national, Alain Coulombel, partage ce constat : « Le parti aligne des concepts et nos électeurs ont de plus en plus de mal à identifier l’écologie politique que l’on porte face aux socialistes et aux insoumis, qui s’en emparent également. Il faut continuer à endosser le rôle de lanceurs d’alerte des effondrements en cours initié il y a une trentaine d’années. » Cet économiste est l’un des rares membres du parti à plaider en faveur d’une décroissance claire qui devrait, selon lui, guider les politiques publiques.

En guise de boussole pour les années à venir, la proposition de « feuille de route de mandature » rédigée par Le Collectif, le courant de Marine Tondelier, permet de discerner quelques enjeux.

Sur le même modèle que les États généraux de l’écologie organisés pendant son précédent mandat, au milieu des universités des ruralités, ou de celle des quartiers populaires, le texte prévoit également d’organiser des consultations de la société civile permettant au parti d’« ajuster son plan d’action ».

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Seule proposition stratégique ferme : une « campagne d’adhésion » autour de la proposition de loi sur la taxe Zucman en amont de sa discussion au Sénat est « prête à démarrer » dès le 26 avril. Là encore, le manque de propositions claires peine à satisfaire tous les militants.

Manques dans la formation des cadres

Pour construire une orientation homogène, certains attendent du parti qu’il se dote d’outils adéquats. En 2012 avait été créé un organe allant dans ce sens : la Fondation pour l’écologie politique, un laboratoire d’idées qui organise des conférences avec des chercheurs et archive les différentes campagnes menées par les Écologistes. Mais faute de moyens suffisants, elle peine à se structurer.

« Des choses intéressantes sont mises en place, mais on n’en est clairement pas au stade de l’Institut La Boétie pour former des cadres », pointe Annah Bikouloulou, secrétaire nationale des Jeunes écologistes. Fondée en 2019, cette fondation « insoumise » fait office de modèle à suivre. Présidée par Jean-Luc Mélenchon et Clémence Guetté, elle a déjà formé nombre de militants et a réussi à faire le lien entre intellectuels et membres du parti.

« Les Écologistes ont un potentiel colossal qui doit être structuré »

« Il faut travailler à faire la démonstration que l’écologie politique est l’option permettant le renouveau idéologique et électoral pour contrecarrer l’extrême droite, martèle Claire Monod, militante et présidente du laboratoire d’idées l’Institut Cité écologique. C’est un pari auquel il faut croire car Les Écologistes ont un potentiel colossal qui doit être structuré via un cursus de formation politique rigoureux qui doit être renforcé. »

Conscient des enjeux, le parti a initié il y a quelques mois un pôle « projet » visant au renforcement doctrinal. Doté d’un comité de pilotage composé d’une dizaine de personnes, on y trouve des personnalités extérieures au parti, comme l’économiste Anne-Laure Delatte, ou encore le chercheur en sciences politiques Malcom Ferdinand.

En parallèle, des efforts sont mis sur le pendant tactique de la Fondation pour l’écologie politique : l’Académie verte, visant à former les nouveaux militants, mais aussi les aspirants élus désirant se lancer dans les courses aux élections locales. Des recrutements ont récemment été effectués pour renforcer cette instance.

Objectif union de la gauche

Pierre angulaire de la stratégie électorale plébiscitée en interne, le soutien d’une « candidature commune » à gauche pour 2027 figure d’ores et déjà dans la feuille de route. Marine Tondelier semble déterminée à œuvrer pour cette union. À la fin de l’année 2024, elle avait lancé l’initiative Gagnons ensemble aux côtés de Lucie Castets, un appel aux partis de gauche pour plancher sur un processus afin d’aboutir à une candidature unique. En coulisses, la cofondatrice du collectif Nos Services publics continue de s’y atteler.

« Les Écologistes vont être la première force politique à avoir terminé leur congrès et vont en sortir renforcés grâce au score enregistré par Marine Tondelier, tempère Erwan Lecœur, politologue et ex-directeur de la communication de la ville de Grenoble. Ce qui est loin d’être négligeable étant donné qu’ils sont porteurs d’une vision d’alliance pour les municipales et d’ici 2027. »

Les élections municipales de 2026 vont être cruciales pour Les Écologistes, désireux de rappeler en quoi l’écologie politique est également porteuse de solutions face aux désastres en cours. Cette échéance figure d’ailleurs au cœur du programme de la convention d’investiture. Comme c’est la règle chez Les Écologistes, les décisions d’alliance avec le Parti socialiste, La France insoumise ou les deux se prendront localement, au cas par cas selon les risques encourus face aux forces de droite et d’extrême droite.

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