
Un mois après que Poutine a accepté une proposition de Washington de mise en place d’un cessez-le-feu d’une durée de 30 jours limité aux infrastructures énergétiques, les négociateurs américains ont reconnu hier, jeudi 17 avril, lors d’une réunion à Paris, que cette stratégie a été un échec.
- En raison de l’absence d’une définition et d’une liste claire, acceptée par l’Ukraine et la Russie, des infrastructures concernées, le cessez-le-feu partiel n’a pas été respecté ni par l’Ukraine ni par la Russie.
- Aucune partie tierce n’a par ailleurs été formellement désignée pour garantir le respect de la trêve partielle.
- Nous avons été en mesure d’identifier 29 violations du cessez-le-feu par la partie russe entre le 25 mars et le 11 avril, tandis que le Kremlin dit avoir recensé des frappes contre des infrastructures énergétiques dans 18 régions au cours des 30 derniers jours .
- Depuis l’appel entre Trump et Poutine du 18 mars, Kiev et Moscou sont par ailleurs en désaccord sur la date d’expiration effective du cessez-le-feu : 18 avril, soit aujourd’hui, pour la Russie, et 25 avril, soit un mois après la publication des communiqués, pour Kiev.
Suite à une rencontre ayant réuni des représentants américains (Steve Witkoff, Marco Rubio et Keith Kellogg), ukrainiens (Andriy Yermak, Roustem Oumierov et Andrii Sybiha) ainsi que des responsables français, britanniques et allemands à Paris le 17 avril, l’Élysée a fait savoir que les États-Unis, l’Ukraine et l’Europe étaient désormais alignés sur la nécessité d’un cessez-le-feu « complet, le plus rapidement possible » . À l’issue de la réunion, Rubio a eu un appel avec Sergueï Lavrov afin de le tenir informé des discussions .
- La réunion de Paris — la première réunion de négociations sur la paix en Ukraine qui réunit autour de la table à la fois les Européens, les Américains, les Ukrainiens — indique un d’infléchissement de la position américaine qui a caractérisé les négociations entamées par Washington depuis janvier.
- Convaincu qu’un rapprochement avec Moscou et la défense des intérêts de la Russie dans les enceintes internationales (notamment aux Nations unies) seraient susceptibles de conduire Poutine à accepter un cessez-le-feu, Donald Trump a signalé dès les premiers jours de son deuxième mandat qu’il ne chercherait pas à obtenir un accord juste et durable pour l’Ukraine, mais une résolution rapide du conflit.
- Face à l’échec de cette stratégie, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré vendredi 18 avril en quittant Paris : « S’il n’est pas possible de mettre fin à la guerre en Ukraine, nous devons passer à autre chose […] Nous devons déterminer très rapidement, et je parle ici de quelques jours, si cela est faisable ou non » .
- Il n’est pas clair si cette position est également partagée par Donald Trump.
Un désengagement américain des négociations sur la guerre en Ukraine constituerait un aveu d’échec pour Donald Trump, qui a construit sa campagne sur l’idée que lui seul était en mesure de mettre fin au conflit, et qu’il était également le seul capable de discuter et négocier avec n’importe quel dirigeant : avec la Chine sur des questions commerciales, avec l’Iran sur le nucléaire, et la Corée du Nord sur la sécurité notamment.
- Une grande partie de l’électorat de Trump partage l’avis de Rubio énoncé vendredi 18 avril selon lequel la guerre en Ukraine « n’est pas celle » des États-Unis.
- Seulement 23 % des électeurs du GOP estiment désormais que Washington a la « responsabilité d’aider l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe », soit 13 points de moins qu’à l’été 2024 .
- En orientant les négociations avec les États-Unis sur la relation bilatérale ainsi que des sujets annexes, comme la navigation en mer Noire, la Russie de Poutine a détourné l’attention de l’administration républicaine de la situation sur le terrain en Ukraine.
- En parallèle des discussions en Arabie saoudite et en Turquie ainsi que des aller-retours des émissaires des deux présidents, Witkoff et Dmitriev, à Washington et Moscou, Poutine a lancé de nouvelles offensives en Ukraine, augmenté les quotas de conscription et porté les bonus offerts aux combattants volontaires à leurs niveaux le plus élevé depuis le début de la guerre.