
A l’Emirates Stadium,
Ce mercredi matin, après une courte nuit et de beaux rêves plein la tête après la victoire de son équipe à Arsenal, entre sa traditionnelle séance de gainage et sa petite collation à base de graines de courge et de jus détox, Luis Enrique devrait avoir le sourire jusqu’aux oreilles. Et pas n’importe quel sourire, non, le plus jouissif qui soit, le sourire de celui qui nous avait annoncé contre vents et marrées qu’on verrait la meilleure version de son équipe quand plus personne n’y croyait. Bref, le sourire insupportable de celui qui nous dit… qu’il nous l’avait bien dit.
Car dans les heures qui avaient précédé cette demi-finale aller de Ligue des champions face à l’une des plus belles équipes du continent, le coach espagnol s’était plaint du climat médiatique négatif qui régnait autour de son équipe. Il faut dire qu’après avoir ébloui l’Europe du foot et, mieux encore, gagné son respect, le Paris Saint-Germain sortait d’une séquence un peu moins reluisante, avec une seule victoire en quatre matchs et, pire encore, cette sensation que la machine de guerre à l’œuvre depuis le début d’année s’était enrayée.
Arsenal a fait pschitt, Paris a fait tilt
Et au fil des jours, il est vrai, une petite musique s’était fait jour, qui promettait l’enfer sur terre aux Rouge et Bleu dans un stade qui apprend petit à petit à se défaire de son surnom de « bibliothèque », pour donner de la voix et faire frissonner les adversaires. Sur ce point, il faut le dire, l’atmosphère qui régnait aux abords de l’Emirates avant le coup d’envoi s’est concrétisée au moment où les joueurs sont apparus sur le terrain. Et il n’aurait pas fallu grand-chose pour que ce public s’enflamme définitivement et mette une pression de dingue sur les épaules des Parisiens. Mais à l’arrivée, il n’en fut rien.
Les ogres de l’est londonien se sont transformés en chatons une fois le coup d’envoi donné, à l’inverse d’un PSG totalement retrouvé, qui a entamé cette rencontre avec l’état d’esprit et la gnac nécessaires pour bien aborder ce genre de rendez-vous. En deçà du niveau qui était le sien depuis le début 2025, Ousmane Dembélé a de son côté montré qu’il n’avait rien perdu de son talent et de son efficacité lors du chassé-croisé des vacances de Pâques.
Venu intelligemment décrocher au milieu du terrain pour offrir une solution de jeu à Nuno Mendes, Dembouz était quelques secondes plus tard à la conclusion de cette passe en retrait de Kvaratskhelia pour battre Raya et climatiser l’Emirates. Un but précoce (4e) qui a eu à la fois le mérite de libérer le PSG et celui d’enfoncer Arsenal. « On a mis dix minutes à se remettre du but encaissé, acquiesçait Mikel Arteta après le match. On a souffert face au pressing haut. Le PSG est une équipe incroyable. Elle est arrivée ici avec beaucoup de mérites. Elle vit son meilleur moment ».
Le PSG a bien appris de ses erreurs passées
En effet, après des années de relations tumultueuses avec la Ligue des champions, Paris semble avoir définitivement réussi à dompter ses vieux démons pour se retrouver enfin du bon côté de l’histoire, dans le camp des vainqueurs pour qui tout tourne bien aux meilleurs des moments. Le fait que ce soit la première fois de son histoire que Paris parvienne à remporter un match dans une demi-finale au format aller-retour – jusque-là, le PSG affichait un infâme bilan de six défaites en autant de matchs à ce stade en demies – dit quelque chose de fort sur ce qu’est devenue cette équipe.
Il y a un an, peut-être que Merino n’aurait pas été en position de hors-jeu au moment de l’égalisation ou que Donnarumma, à nouveau extraordinaire mardi soir, n’aurait pas sorti les deux arrêts décisifs qu’il fallait. Ce qui est sûr, c’est que cette cuvée 2024-2025 dégage une confiance en soi inébranlable et une volonté plus grande encore de se mettre minable pour les copains à côté. Car si Paris s’est globalement montré supérieur à Arsenal et que sa victoire n’est absolument pas volée, il lui aura fallu accepter par moments d’avoir moins le ballon et de plus courber l’échine.
« Il faut savoir souffrir ensemble »
Ce que n’a pas manqué de saluer Luis Enrique en conférence de presse. « C’est une équipe qui se montre compétitive, qu’elle perde ou qu’elle gagne. Il y a eu un très grand travail collectif et individuel, un très grand travail défensif de toute l’équipe, des attaquants, des milieux, de tous. On a été à notre maximum avec et sans ballon. On a été solidaires, et on a été meilleurs sans le ballon, plutôt qu’avec. On ne peut pas défendre sur des joueurs comme Saka, Martinelli, Odegaard sans recevoir l’aide de ses partenaires. »
« On sait qu’on est une très bonne équipe mentalement. Cette équipe est prête à tout, on peut attaquer et défendre. Il faut savoir souffrir ensemble », abondait Joao Neves au micro de Canal+. L’un des rares Parisiens à s’arrêter en zone mixte, Pacho terminait cet état des lieux partagés par tous à Paris : « Plus que le résultat, ce qu’il faut souligner c’est la manière dont on l’a obtenu. On a montré à quel point on avait confiance en nous, on a eu la bonne attitude. On se sent comme une famille, ça se reflète sur le terrain. Il faut continuer. »
Il serait trop bête de s’arrêter en si bon chemin, maintenant. Après avoir bouté l’immense Liverpool hors d’Europe et fait le job face à villa, le PSG poursuit donc tranquillement son opération « souillage de la Premier League » et réhabilitation de la « Farmers League ». Mais pour que le tableau soit complet, il faudra terminer le travail au Parc des Princes, mardi prochain, dans un stade que l’on peut d’ores et déjà annoncer incandescent. D’ici là, profitons un peu, tout de même. Ce matin, Paris n’a jamais été aussi proche de réaliser son rêve, celui de se qualifier pour la finale de la Ligue des champions (et de la gagner). Et après la performance de mardi, il ne devrait plus y avoir grand monde pour douter que cela ne soit pas parfaitement dans leurs cordes.