
Friedrich Merz, qui prendra ses fonctions de chancelier le 6 mai, a dévoilé lundi 28 avril les noms des sept futurs ministres issus de son parti. La formation du gouvernement du pays, véritable moteur économique de l’UE, est suivie de près à Bruxelles et dans les capitales européennes.
La liste de ministres issus de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et de son parti frère bavarois, l’Union chrétienne-sociale (CSU), a été dévoilée lundi, avant un congrès en format réduit qui se déroulait dans l’après-midi. Durant la réunion, les délégués des partis ont également approuvé le contrat de coalition négocié entre la CDU/CSU et le Parti social démocrate (SPD).
Friedrich Merz a annoncé que la CDU occuperait sept des 17 postes ministériels. Thorsten Frei, homme politique chevronné et fervent partisan du chancelier en devenir, sera également le futur chef de la Chancellerie fédérale.
Le leader de la CSU, Markus Söder, a de son côté annoncé les trois ministres de son parti.
Le SPD nommera quant à lui ses sept ministres après avoir approuvé le texte de la coalition au terme d’un scrutin qui devrait prendre fin mardi 29 avril dans la soirée.
L’ensemble des ministres prêtera serment après un vote parlementaire le 6 mai, qui devrait consacrer officiellement Friedrich Merz en tant que chancelier. Le gouvernement CDU/CSU-SPD succèdera au gouvernement dit de « feu tricolore » d’Olaf Scholz, qui était composé du SPD, du Parti libéral-démocrate (FDP) et des Verts.
En tant que moteur économique et pays le plus peuplé de de l’Union européenne, la situation politique en Allemagne est suivie de très près, non seulement par les institutions européennes, mais aussi par les 26 autres États membres du bloc.
En s’assurant les ministères des Affaires étrangères, de l’Économie et de l’Intérieur, Friedrich Merz a désormais la possibilité de promouvoir un programme allemand plus rationalisé à Bruxelles.
Johann Wadephul, nouveau visage de la diplomatie allemande
Parlementaire chevronné, expert en politique étrangère et fidèle partisan de Friedrich Merz, Johann Wadephul est aujourd’hui vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU. Il a été choisi pour diriger le ministère des Affaires étrangères du prochain gouvernement.
Il sera le premier chrétien-démocrate à occuper cette fonction depuis près de 60 ans, et sa nomination reflète le désir du futur chancelier d’uniformiser la politique étrangère allemande. La semaine dernière, Johann Wadephul déclarait par ailleurs que l’Union chrétienne-démocrate avait visé le ministère des Affaires étrangères « afin de pouvoir mener une politique étrangère et de sécurité d’un seul tenant ».
Par le passé, il s’est montré très critique à l’égard du président russe Vladimir Poutine et a appelé à un soutien continu et accru à l’Ukraine. En tant qu’ancien membre de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, son engagement en faveur de l’alliance transatlantique est indéniable.
En ce qui concerne les relations transatlantiques, bien que la politique étrangère menée par Donald Trump puisse être qualifiée de tumultueuse, l’ancien soldat et lieutenant-colonel de la réserve de l’armée allemande affirme ne pas perdre espoir.
« Les États-Unis finiront par comprendre qu’ils ne peuvent gagner dans leur confrontation avec la Chine et son allié russe qu’en collaborant avec l’Europe », a-t-il expliqué au quotidien allemand FAZ avant sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères.
Gunther Kirchbaum aux Affaires européennes
Membre du bureau du Parti populaire européen (PPE) et ancien président de la commission des Affaires européennes du Bundestag pendant quatorze ans, Gunther Kirchbaum est porte-parole des chrétiens-démocrates pour la politique européenne depuis 2022.
Il sera le secrétaire d’État aux Affaires européennes dans le prochain gouvernement allemand. Il sera directement subordonné au ministre des Affaires étrangères et supervisera toutes les questions liées à l’Europe, y compris la position de Berlin sur les réformes et les éventuels élargissements de l’UE.
Gunther Kirchbaum s’est montré prudent en ce qui concerne un élargissement important de l’Union. « Ce n’est pas une date qui détermine l’adhésion, mais plutôt le fait qu’un pays remplisse toutes les conditions, notamment en matière d’État de droit », avait-il un jour indiqué à Euractiv.
Ministre de l’Intérieur : Alexander Dobrindt
Fort d’une longue expérience en tant que député, Alexander Dobrindt est membre du Bundestag depuis 2002 et figure parmi les membres éminents de la CSU. Il a occupé les fonctions de secrétaire général et de président du groupe parlementaire de la CSU.
Il s’est exprimé ouvertement en faveur d’un renforcement des contrôles aux frontières afin de lutter contre l’immigration clandestine et a critiqué l’UE pour sa gestion de la question migratoire. Au niveau de l’UE, il pourrait bien être une épine dans le pied de ceux qui s’opposent au renforcement des contrôles aux frontières au sein de l’espace Schengen et au-delà.
Sa nouvelle fonction fait également de lui le « chef politique » de la police fédérale allemande.
Katherina Reiche au ministère de l’Économie
Katherina Reiche a siégé au Parlement allemand de 1998 à 2015, avant de rejoindre le secteur privé.
Elle a été PDG d’un groupe de lobbying et préside le conseil d’administration de Westenergy, une filiale de l’une des plus grandes entreprises énergétiques européennes, E.On, tout en occupant plusieurs autres postes au sein de conseils d’administration.
Désormais de retour dans la fonction publique à la tête du ministère de l’Économie et de l’Énergie, elle sera chargée de redynamiser l’économie allemande à la peine, une tâche qui ne sera pas aisée.
Patrick Schnieder chargé des Transports
Ancien maire de la Commune fusionnée d’Arzfeld, il est membre du Parlement allemand depuis plus de quinze ans, dont treize passés en tant que membre de la commission des Transports et est donc considéré comme un expert dans ce domaine.
Son plus grand défi sera probablement de superviser l’utilisation d’une partie des 500 milliards d’euros consacrés par Berlin à la rénovation des infrastructures vieillisantes du pays, telles que les ponts et les chemins de fer.
Ministre de la Santé : Nina Warken
Experte juridique, Nina Warken siège au Bundestag depuis 2013, avec une brève interruption entre 2017 et 2018. Elle a fait partie de la commission parlementaire chargée de la surveillance de la pandémie de Covid-19 en 2021, mais son expérience limitée en matière de politique de santé a fait de sa nomination une surprise.
Karsten Wildberger à la Numérisation
Karsten Wildberger est l’actuel directeur général de MediaMarkt, une multinationale allemande de vente d’appareils électroniques, et sa nomination a également surpris beaucoup de monde. Cependant, en tant qu’ancien consultant chez Boston Consulting Group et ayant occupé des postes de direction chez T-Mobile et Vodafone, il est considéré par le futur chancelier comme la personne idéale pour rationaliser tous les aspects du secteur numérique en Allemagne.
Ministre de la Recherche et de l’Espace : Dorothee Bär
Dorothee Bär était secrétaire d’État à la Numérisation sous Angela Merkel. Élue pour la première fois députée en 2002, elle a rapidement gravi les échelons de la CSU et a été fortement impliquée dans la négociation du nouvel accord de coalition.
Alois Rainer à l’Agriculture
Alois Rainer, boucher de formation habituellement très discret, a été proposé par le leader de la CSU, Markus Söder. Il a fait de l’agriculture l’un des thèmes clés de la campagne électorale en Bavière. Cependant, son seul contact direct avec la politique agricole remonte à la période où il était membre titulaire, puis suppléant, de la commission de l’Alimentation et de l’Agriculture du Bundestag entre 2013 et 2021.
Ministre de l’Éducation : Karin Prien
Depuis 2017, elle était ministre de l’Éducation du Land du Schleswig-Holstein, un poste qu’elle va désormais occuper au niveau fédéral.