Alfred Dreyfus promu général à titre posthume : le Parlement vote un acte de réparation

Cédric Balcon-Hermand
07.11.2025

Alfred Dreyfus promu général à titre posthume : un acte de réparation historique

Mise à jour le 2025-11-06 19:42:00 : Le Parlement français a élevé Alfred Dreyfus au rang de général de brigade à titre posthume, marquant un geste symbolique de réparation.

Le Parlement français a définitivement adopté, jeudi, une loi élevant Alfred Dreyfus au grade de général de brigade à titre posthume. Ce texte de “réparation” a été porté au Sénat par le chef du groupe socialiste Patrick Kanner et signé par Gabriel Attal, alors Premier ministre.

“La Nation française élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade”, indique la loi, votée dans les mêmes termes à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Alfred Dreyfus
© Musée d’Art et d’Histoire du judaisme

“Ce texte permet à la République de reconnaître son erreur, de reconnaître qu’un homme a été humilié”, a expliqué Patrick Kanner, cité par l’AFP.

Cette décision s’inscrit dans la continuité des gestes de reconnaissance engagés ces dernières années. En juillet dernier, Emmanuel Macron avait instauré une journée nationale de commémoration chaque 12 juillet, date de l’innocence officielle de Dreyfus en 1906.

En 1894, le capitaine Dreyfus est condamné pour trahison et envoyé au bagne sur l’île du Diable, en Guyane. Il est victime d’un antisémitisme d’État, nourri par les préjugés de la fin du XIXe siècle.

Après plus de dix ans de combat judiciaire, il est innocenté par la Cour de cassation en 1906 et réintégré dans l’armée. Mais une injustice demeure : il n’est alors promu que chef d’escadron, sans que ses années d’emprisonnement soient comptées pour son avancement.

“C’était une double peine, en plus de ses conditions de détention atroces”, a rappelé à l’AFP Michel Dreyfus, son arrière-petit-fils.

Alfred Dreyfus en juin 1899
© Musée de Bretagne

Si la proposition de loi a été adoptée sans difficulté, certaines réserves ont émergé à droite et au centre.

Le sénateur LR Cédric Perrin s’est dit “profondément gêné” par une initiative qui permettrait à certains partis “de s’acheter une virginité de façade en matière d’antisémitisme”.

Le socialiste Rachid Temal, rapporteur du texte, a répondu qu’il s’agissait au contraire de “réparer une erreur manifeste” commise par le Parlement en 1906.

Dreyfus à la sortie du procès de Rennes
© AFP

Les descendants d’Alfred Dreyfus ont salué ce vote historique. “C’est une reconnaissance de la valeur du soldat qu’il était”, a confié Michel Dreyfus à l’AFP.

Sa cousine Anne-Cécile Lévy parle d’un “hommage vertueux, nécessaire mais probablement pas suffisant”, et souhaite que le nom d’Alfred Dreyfus puisse un jour entrer au Panthéon.

Avant sa réhabilitation, Alfred Dreyfus a connu un second procès historique à Rennes, durant l’été 1899. Après l’annulation de sa première condamnation, la Cour de cassation choisit la capitale bretonne pour accueillir cette nouvelle audience.

La ville devient soudainement le centre de toutes les attentions.

Des journalistes affluent du monde entier, des ingénieurs installent de nouvelles lignes téléphoniques au bureau de poste, et les grandes figures politiques et intellectuelles de l’époque, comme Jean Jaurès, se pressent dans les rues rennaises.

Le procès se déroule dans la salle des fêtes du grand lycée de Rennes, aujourd’hui lycée Émile Zola, face à la prison militaire où Dreyfus est détenu. Chaque matin, il traverse la rue sous haute surveillance, observé par une foule de curieux massée derrière les barrières.

L’atmosphère est électrique. Un des avocats de Dreyfus, Fernand Labori, est victime d’une tentative d’assassinat près du tribunal. Les débats se prolongent plus d’un mois, du 7 août au 9 septembre 1899, dans une ville entièrement mobilisée. Les dreyfusards et les opposants s’affrontent jusque dans les cafés, notamment au Grand Café de la Paix, où journalistes et militaires se croisent chaque soir.

Le jour du verdict, près de 3 000 télégrammes sont envoyés pour annoncer au monde entier la décision : Dreyfus est de nouveau condamné, à dix ans de prison, mais avec circonstances atténuantes. Dix jours plus tard, sous la pression internationale, le président Émile Loubet le gracie.

Un siècle plus tard, Rennes entretient toujours le souvenir de cet épisode. La ville organise régulièrement visites guidées, expositions et conférences autour du procès.

Ce qu’il faut savoir

  • Le fait : Alfred Dreyfus est élevé au rang de général à titre posthume.
  • Qui est concerné : Les descendants d’Alfred Dreyfus et la société française.
  • Quand : Loi adoptée le 6 novembre 2025.
  • Où : France.

Sources

Source : France 3 Régions

Source : Musée d’Art et d’Histoire du judaisme

Source : Musée de Bretagne

Source : AFP

Visuel d’illustration — Source : france3-regions.franceinfo.fr

Source d’origine : Voir la publication initiale

Date : 2025-11-06 19:42:00 — Site : france3-regions.franceinfo.fr


Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets

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Publié le : 2025-11-06 19:42:00 — Slug : alfred-dreyfus-eleve-au-rang-de-general-a-titre-posthume-un-geste-de-reparation-vote-par-le-parlement

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