
Coup dur pour le secteur du cognac. La maison Rémy Martin, filiale du groupe Rémy Cointreau, a décidé de placer plusieurs centaines de salariés au chômage partiel une semaine par mois jusqu’en juin. Une mesure inédite parmi les trois grandes maisons françaises de cognac, motivée par les sanctions commerciales imposées par la Chine et la menace de hausses tarifaires aux Etats-Unis, les deux principaux marchés du secteur. la filière affirme perdre près de 50 millions d’euros par mois depuis l’entrée en vigueur de ces mesures.
L’embouteillage est à l’arrêt sur le site de Merpins (Charente), où « les deux tiers des quelque 390 salariés sont concernés », confirme David Charrier, délégué syndical Force ouvrière (FO). Selon lui, les employés subiront une baisse de salaire de 7 %. La mesure pourrait être prolongée au-delà de juin « si la situation venait à perdurer », alerte-t-il, tout en exprimant son inquiétude pour les intérimaires, déjà fragilisés.
80 % du chiffre d’affaires en Chine et aux Etats-Unis
« Ça fait trente ans que je suis chez Rémy Martin. J’ai connu des périodes difficiles, mais jamais une crise qui touche nos deux plus gros marchés en même temps », déplore David Charrier. A elle seule, Rémy Martin réalise environ 80 % de son chiffre d’affaires entre la Chine et les Etats-Unis. A l’échelle de la filière, ces deux pays absorbent 63 % des exportations, dans un secteur où 98 % des ventes sont destinées à l’export, pour un total de 3,35 milliards d’euros.
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Dans ce contexte tendu, le directeur général de Rémy Cointreau, Eric Vallat, a quitté ses fonctions la semaine dernière, après cinq années à la tête du groupe. Fin mars, le gouvernement français a réussi à négocier un sursis de trois mois avant l’entrée en vigueur définitive des droits de douane supplémentaires en Chine. Un répit fragile pour une industrie sous haute tension, qui emploie plus de 72.000 personnes dans l’Hexagone.