Affaire Dr Zekri : « Jamais je n’aurais imaginé qu’un médecin puisse faire des choses pareilles… » Julie a-t-elle vraiment été opérée par le chirurgien ?

Julie (prénom modifié) ne pensait pas qu’une banale opération destinée à améliorer sa respiration bouleverserait sa vie. Depuis son passage au bloc en 2018, cette entrepreneuse toulousaine de 36 ans souffre de troubles persistants : perte d’odorat, fatigue chronique et obstruction nasale aggravée.

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C’est en lisant un article de presse, il y a quelques semaines, qu’elle découvre avec stupeur que le Dr Zekri, l’ORL qui l’avait opérée, est mis en cause dans une affaire judiciaire. Le praticien est poursuivi pour avoir simulé des interventions chirurgicales. « J’avais une confiance totale dans le corps médical, jamais je n’aurais imaginé qu’un médecin puisse faire des choses pareilles », déclare la jeune femme, encore sidérée. L’enquête a été confiée à un juge d’instruction en mai 2024.

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Depuis l’enfance, la femme d’affaires de 36 ans affronte des pathologies ORL à répétition : rhinites, rhinopharyngites, sinusites… Sur les conseils de sa dermatologue, elle consulte le Dr Zekri pour ses difficultés respiratoires. Ce dernier lui propose une turbinectomie au laser, censée réduire la taille des cornets nasaux et ainsi faciliter le passage de l’air. Rassurée par le caractère léger de l’intervention, Julie accepte.

Mais le jour de l’opération, à la clinique La Croix du Sud à Quint-Fonsegrives, rien ne se passe comme prévu. Initialement informée qu’une anesthésie locale serait pratiquée, la patiente est avertie au dernier moment qu’une anesthésie générale est finalement nécessaire. « Quand je suis arrivée au bloc, le Dr Zekri m’a dit que ce n’était pas possible de faire l’intervention sous anesthésie locale à cause de ma cloison trop déviée. Il devait procéder à une septoplastie (*). J’ai accepté, bien que totalement prise de court », témoigne-t-elle.

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Les suites opératoires sont difficiles : nausées, épuisement, mais surtout une perte d’odorat qui ne reviendra jamais. Quelques mois plus tard, un scanner révèle que sa cloison nasale reste aussi déviée qu’avant. Un autre examen, six ans après l’opération, confirme l’absence de changement.

La plaignante n’est pas la seule dans ce cas. D’autres patients suivis par le même ORL présentent des examens similaires, sans trace d’intervention. Le septum nasal apparaît intact, comme si aucun acte chirurgical n’avait été réalisé.

Accompagnée de Me Stella Bisseuil, avocate qui représente huit autres plaignants, la cheffe d’entreprise a décidé de porter plainte à son tour contre le médecin.

Une défense peu crédible

Aujourd’hui âgé de 73 ans, le Dr Zekri qui a toujours nié avoir simulé des opérations, avance une hypothèse étonnante pour expliquer l’absence de modification anatomique sur les scanners : la « mémoire des tissus ». Selon lui, les structures internes du nez auraient pu retrouver leur forme initiale après l’opération, comme si les tissus avaient « oublié » avoir été modifiés.

Cette théorie, rarement admise dans le monde médical, est loin de convaincre les experts. Les examens post-opératoires ne montrant aucun signe de modification anatomique fragilisent fortement cette ligne de défense.