72e miracle de Lourdes : « J’avais deux dossiers de plusieurs kilos », le médecin du Sanctuaire raconte un dossier qui a marqué tout son mandat


l’essentiel
Seize ans après son pèlerinage, Antonietta Raco voit sa guérison proclamée miraculeuse par l’Église italienne. Le médecin du Sanctuaire, Alessandro de Franciscis raconte un dossier qu’il a suivi pendant plus de 15 ans.

Mercredi, le Sanctuaire a officiellement annoncé le 72e miracle de Lourdes : la guérison d’Antonietta Raco, une Italienne de 67 ans atteinte de sclérose latérale primitive, une forme grave, après un pèlerinage réalisé en 2009.

Lors de ce pèlerinage et de son passage aux piscines, elle ressent un profond bien-être et retrouve la capacité de marcher. De retour chez elle, des examens médicaux confirment la disparition complète et inexpliquée de ses symptômes.

Et c’est donc 16 ans plus tard que cette guérison inexpliquée est proclamée « miraculeuse » par l’évêque du diocèse de Tursi-Lagonegro, d’où est originaire Antonietta Raco, dans la région Basilicate, au sud de l’Italie. Ce 72e miracle de Lourdes est également le cinquième reconnu lors du mandat du médecin, lui aussi Italien, du Sanctuaire, le docteur Alessandro de Franciscis. Tout un symbole : le pèlerinage à l’origine de ce miracle a eu lieu l’année de sa prise de fonction, et sa reconnaissance intervient alors que ce dernier cherche un successeur pour passer la main.

« Pour moi, c’est comme un polar »

« Nous avons commencé à suivre Antonietta Raco en 2010, quand madame nous a annoncé, au Bureau des Constatations Médicales, qu’elle avait guéri. Nous l’avons suivie pendant quinze ans, jusqu’en novembre dernier. Pour moi, c’est comme un polar, une enquête à chaque fois. On cherche la vérité », raconte le docteur de Franciscis, alors en déplacement en Italie, dans le diocèse Tursi-Lagonegro.

Une recherche de la vérité qu’il est essentiel de mener puisque, bien que ce soit rare, il est toujours possible que des gens « simulent » ou qu’ils se sentent mieux de manière passagère, avant une rechute. Une enquête où l’on cherche d’abord à expliquer ce qui paraît inexplicable. « Le miracle n’existe pas en médecine. Mais on sait que des maladies, notamment neurologiques, peuvent disparaître sans que l’on puisse l’expliquer », Alessandro de Franciscis.

Pendant des années, il a organisé des conférences, partagé ce dossier médical sous couvert de l’anonymat, envoyé Antonietta voir d’éminents spécialistes italiens, à Rome ou à Milan. « Ce cas a été suivi par des dizaines et des dizaines de médecins sans que l’on puisse trouver une explication », assure-t-il.

Proclamation du miracle

Sans explication, et une fois assuré que la guérison n’est pas temporaire, ici plusieurs années, le dossier est analysé en collaboration avec le Sanctuaire et l’Église, et notamment Mgr Micas, évêque de Tarbes-Lourdes.

« Dans le cas de madame Raco, j’avais deux dossiers de plusieurs kilos tellement j’avais de documents et d’analyses. Et après avoir approuvé la guérison comme miraculeuse, c’est l’évêque de Tarbes qui prend le relais et qui communique à l’évêque du diocèse de la malade le résultat de nos recherches », détaille Alessandro de Franciscis.

Une fois ce long processus achevé, c’est à l’évêque italien de décider ou non de proclamer le miracle, il est le seul à pouvoir le faire. Ce qui fut le cas dans le dossier d’Antonietta Raco. « C’est une immense joie. Cela montre que le Sanctuaire vit toujours. Et je peux vous assurer qu’elle va très bien. Elle était là lors de la messe où cela a été annoncé officiellement, toute souriante, bien habillée et avec de belles chaussures à talons », conclut le médecin du Sanctuaire. La nouvelle n’a pas manqué de faire le tour d’Italie, le pays étant très attaché à la foi catholique et au Sanctuaire de Lourdes.



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